Affaire Mila : regardons la réalité en face
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Le parquet de Vienne a renoncé à la procédure contre Mila pour incitation à la haine envers un groupe, tandis que Mme Belloubet subissait à juste titre une avalanche de critiques à l’encontre de l’étonnante égalité qu’elle avait instaurée entre les menaces de mort portant évidemment atteinte à la liberté d’expression et les propos injurieux, qui auraient, selon elle, mis en péril la liberté de conscience. On peut donc se féliciter que Voltaire se soit réveillé pour réintroduire un peu de raison dans notre pays. Si l’on veut pointer, toutefois, la cause première de cette polémique, on se rend compte à quel point elle révèle la dérive suicidaire de notre société. Le problème se situe dans un signe « égal » dont on abuse jusqu’à l’absurde.
C’est une réaction de bon sens qui a restauré des distinctions dans cette polémique opposant une jeune « lesbienne » injuriant l’islam et des musulmans outragés et évidemment hostiles à « l’orientation sexuelle » de l’adolescente de seize ans.
On proclame l’égalité entre les « communautés » raciales, religieuses, sexuelles, en oubliant d’ailleurs que ces communautés n’ont aucune légitimité dans la République des citoyens, mais on voit bien que les groupes de pression à quoi elles correspondent n’ont pas du tout le même pouvoir, notamment en raison de leur présence plus ou moins forte dans la politique ou les médias. L’insulte envers l’islam provoque une levée de boucliers mais mal comprise et rejetée par la majorité de la population parce que, pour l’instant, les musulmans sont encore marginalisés dans la sphère des pouvoirs. En revanche, qu’on en soit scandalisé ou amusé, on constatera qu’il est plus difficile à Zemmour qu’à Mila de dire ce qu’il pense de l’islam, et que « l’homophobie » est mieux en cour que « l’islamophobie », plus facile à invoquer devant les tribunaux.
Une société civilisée repose sur des distinctions et des hiérarchies. Le progrès ne consiste pas dans leur nivellement, mais dans leur plus grande légitimité, intellectuelle et sociale. Sont-elles fondées rationnellement ? Correspondent-elles au bien commun ? Voilà les questions qu’il faudrait se poser. On pourrait ainsi considérer que l’injure, la critique, la discrimination envers une race ou un sexe sont infondées car elles touchent des individus qui subissent un déterminisme naturel dont ils ne sont nullement responsables, qui suppose des différences, non des inégalités, notamment au plan du droit. Mais ici, cette égalité devrait s’accompagner de réciprocité : le racisme anti-Blanc, les manifestations sexistes excluant les hommes devraient être également condamnés. Ce n’est pas le cas.
La religion, elle, appartient au domaine de la pensée. Des comparaisons peuvent donc s’établir, des jugements se formuler, des choix s’opérer. Toutefois, il faudrait tout faire pour que la violence des propos qui envahit les débats soit réfrénée, que la force d’un argument l’emporte sur la vulgarité de l’injure. Des rappeurs aux humoristes, c’est à qui sera le plus vulgaire, le plus ordurier, et cela conduit à la manière de s’exprimer de Mila. Il n’y a pas à s’en féliciter.
Où, dans ce tableau, placer les « orientations sexuelles », ces comportements privés, intimes même, qui peuvent d’ailleurs varier au cours d’une vie ? Évidemment, les militants exigent que l’orientation sexuelle soit reconnue comme « naturelle », innée en quelque sorte, alors que rien ne le prouve. Cela la placerait du côté de la race. Guy Hocquenghem avait réalisé un film engagé dans ce sens : La Race d’Ep. Mais si c’est un choix personnel que chacun doit assumer, alors le débat et la critique devraient être ouverts, ce qui est devenu impossible. Pourrais-je encore dire que l’existence de familles stables fondées sur le mariage entre un homme et une femme ayant trois enfants est, sinon un idéal, tout au moins ce qu’il y a de préférable pour notre pays ? Je n’en suis pas sûr…
Derrière le sursaut et la petite victoire de la liberté d’expression, on devine trop la confusion qui règne dans notre société. Celle-ci devrait connaître une profonde révolution, une révolution conservatrice, si elle veut survivre.
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