Affaire Yanis : la Justice coupable d’un « laxisme systémique »

Victime d’un agresseur sexuel libéré trop tôt, Yanis s’est suicidé à 17 ans. Sa famille accuse.
Yanis
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Ce 2 avril, Yanis n’aura pas eu 18 ans. Le 30 mars, le jeune homme se donnait la mort après avoir appris par hasard la remise en liberté de son agresseur. L’homme encourait jusqu’à 14 ans de réclusion criminelle pour des faits d’agression sexuelle commis lorsque Yanis était âgé de 12 ans. En octobre 2023, il avait été condamné à 5 ans de prison, pour en sortir au bout de moins de 2 ans et demi et revenir s’installer à trois kilomètres du domicile familial de Yanis. Aujourd’hui, sa famille, révoltée, interpelle le ministre de la Justice pour alerter sur ce qu’elle considère être des manquements institutionnels.

L’abandon judiciaire des victimes

« On savait qu’avec notre système judiciaire et carcéral, il allait sortir avant » : si Yanis et sa famille n’attendaient pas plus de fermeté de la part de la Justice, c’est d’avoir été mis devant le fait accompli, sans qu’on les prévienne disent-ils, qui aura coûté la vie au jeune garçon de 17 ans. « Yanis avait peur de sortir, peur de croiser son regard », témoignait son père, au micro de M6. « Comment la Justice peut-elle laisser tomber un gamin », s’était-il aussi indigné auprès du Dauphiné libéré. C’est pourquoi ils demandent, aujourd’hui, que « soit inscrite dans la loi » l’obligation de prévenir les victimes en cas de mise en liberté des agresseurs avant la fin de la peine prononcée lors de la condamnation.

Selon l’Institut pour la justice contacté par BV, l’histoire de Yanis s’inscrit dans une « tendance judiciaire à considérer les délinquants sexuels comme moins dangereux que ceux condamnés pour des violences "classiques" ». La dernière étude publiée par l’Institut met en lumière ce que son directeur, Pierre-Marie Sève, qualifie de « laxisme systémique envers les auteurs d’agressions sexuelles ». Dans les cas d’agressions sexuelles commises sur mineurs avec circonstances aggravantes, 83,2 % des condamnations prononcées incluent une peine de prison. Mais parmi celles-ci, seuls 38,5 % donnent lieu à une incarcération ferme. Et lorsque cette dernière est décidée, la durée moyenne de la peine prononcée est de 26,3 mois, soit à peine plus de deux ans, alors que la peine maximale encourue est de dix ans. Dans les faits, les condamnés n’exécutent qu’une infime partie de leur peine : seulement 16,3 % de la durée d’emprisonnement ferme inférieure à un an sont effectivement purgées.

Le laxisme judiciaire coupable ?

Au-delà du laxisme sur la durée des peines, Pierre-Marie Sève pointe aussi la légèreté des conditions de détention des délinquants sexuels. Il cite la prison de Mauzac, en Dordogne, conçue dans les années 1980 par un architecte spécialiste des villages de vacances. Ce centre, sans caméras, sas ni serrures électriques, accueille pourtant des criminels sexuels condamnés à de longues peines. « Dans de telles conditions, a-t-on vraiment l’occasion de réfléchir au mal qu’on a fait ? », s’interroge-t-il.

Face à ce qu’elle considère comme une protection des agresseurs et un abandon des victimes, l’association Carl prend la parole. Yanis s’était rapproché de cette structure, qui l’avait encouragé à confier son agression à ses parents. Fondée par Steffy Alexandrian, elle-même victime d’inceste de la part de son père, l’association est née après la mort de Carl, son frère, qui s’était donné la mort lorsque leur père, qu’il accusait lui aussi de viols, n’a pas été condamné. Face à la mort de Yanis, la fondatrice dénonce une « indifférence du système » qui a été, selon elle, « celle de trop ». Celle que Yanis aura payée de sa vie.

Vos commentaires

20 commentaires

  1. QUE FONT TOUS LES PARENTS ??? tous sans exceptions devraient être SOLIDAIRES et dans la rue pour hurler de rage contre la mise en danger de leurs enfants , la disparition de la justice et demander le rétablissement immédiat de la peine capitale pour tous les prédateurs sexuels …et sans oublier que les juges qui sont a l’origine du manque de sanctions appropriées soient lourdement condamnés eux aussi et destitués a vie

  2. Mais où diable est passé, dans ce cas comme dans bien d’autres circonstances, le « principe de précaution » pourtant écrit dans la constitution ? Cette ânerie, qui n’existe que chez nous, a beau être une ânerie, tant qu’elle existe, il faudrait peut être que ceux qui l’ont adoptée dans l’enthousiasme en assument l’application. Qu’attendent les familles victimes en particulier du laxisme de notre justice gauchiste, pour attaquer sur ce point ?

  3. Il faut remercier une fois de plus R. BADINTER, celui qui a abolit la peine capitale en 1981. Autrefois, les assassins et les violeurs subissaient la même sentence, la peine capitale. Et depuis cette date, l’insécurité s’est installée dans notre pays, ce sont les honnêtes gens qui sont condamnés à la subir puisque les assassins et les violeurs sont libérés au lieu d’être enfermés à vie.

  4. Vous osez encore appeler les actes de la justice comme étant « Laxiste » ! il y a d’autres mots pour qualifier cette autre immondice Républicaine juste après le monde politique, bien que les deux soient du même niveau. Mais n’est-ce pas la particularité de toutes les Républiques à travers le monde qui n’ont que démocratie pour le porte feuille d’une minorité et le pire pour les autres.

  5. Beaucoup de juges, comme de politiciens (qui font les lois) qui ont leur progéniture bien au chaud, à l’abri et parfois protégés par la police, ne se soucient guère de la sécurité des enfants du peuple. C’est malheureux mais …. c’est dans l’ordre des choses, hélas.

  6. Victime aussi d’une agression, j’ai connu cette peur de sortir de chez moi. L’agresseur bien connu des services mais laissé en liberté par la juge. Il a donc fallu que j’organise ma liberté surveillée, comme sans un pays sans justice. Les policiers n’ont pas failli et je comprends leur découragement. On n’a pas le droit de posséder un léopard ni de le laisser en liberté, cependant les juges ont le droit de libérer des gens plus dangereux.

  7. Le juge des libertés qui a libéré le violeur , est coupable de non assistance à personne en danger . Qui va rendre les juges responsables de leurs décisions et de leurs actes , comme c’est le cas dans toutes les autres professions ?

  8. Combien de victimes par la faute des élus et de la justice . Combien de familles détruites parce que dans ce pays ce sont les victimes qui sont punies . Honte à ceux qui ne sont même pas capables de protéger nos enfants .

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