Afghanistan : un immense doute dans la puissance des démocraties
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Contrairement à ce qui s’était passé en Irak et en Syrie, en Afghanistan, ce sont les islamistes qui l’emportent contre la première puissance du monde et la coalition la plus forte jamais réunie ! Si l’on voulait donner un second souffle au terrorisme islamiste, il n’y avait pas de meilleur moyen ! Une fois de plus, l’Occident, bien que ce nom convienne de moins en moins à la civilisation matérialiste et consumériste qu’il désigne, perd la face.
Encore faut-il préciser que la « victoire » au Levant contre l’État islamique n’a été obtenue qu’après une exécrable collusion avec les islamistes en Syrie, grâce au soutien de l’Iran et des Chiites qui lui sont naturellement liés, et avec l’action décisive de la Russie en appui fidèle au gouvernement de Damas. Certes, dans ce cas, les intérêts pétroliers étaient dominants alors qu’ils sont nuls en Afghanistan, mais était-il nécessaire de renverser Saddam Hussein en Irak, complètement étranger au terrorisme islamiste, pour offrir ce pays à l’axe chiite ? Au-delà du renfort apporté aux causes islamistes chiite ou sunnite, c’est surtout un immense doute dans la parole et la volonté américaines, dans la puissance des démocraties, qui est soulevé par ce fiasco ! Depuis la guerre de Corée terminée par un lamentable match nul en 1953 qui a laissé la moitié du pays aux mains de l’agresseur, une tyrannie impitoyable et dangereuse pour le monde, les Américains ont pris l’habitude de lâcher leurs alliés, c’est-à-dire d’abandonner ceux qui leur avaient fait confiance, à la vengeance de leurs ennemis. Auparavant, déjà, ils avaient permis aux communistes de Mao de vaincre les nationalistes chinois de Tchang Kaï-chek. Les Chinois de Taïwan où le maréchal s’était réfugié ont du souci à se faire. Pékin réclame leur retour au sein de la Chine dirigée par le Parti communiste avec un rare machiavélisme. Chacun, en préfigurant la chute de Kaboul, se remémore celle de Saïgon et le calamiteux effondrement de l’armée sud-vietnamienne. La formation, l’armement fournis par les États-Unis sont-ils donc faibles à ce point, et la confiance dans l’engagement américain doit-elle être nulle ? La débandade à Mossoul préfigure celle qui se produit dans la plupart des capitales provinciales afghanes tombées sans combat.
La géopolitique est un domaine difficile, tant il dépend d’intentions secrètes et de doubles jeux. On peut imaginer que les stratèges, qui peuplent les cabinets sans avoir jamais risqué leur peau sur le terrain, ont des arrière-pensées. Peut-être certains pensent-ils qu’un émirat islamiste au sud de la Russie et de ses alliés musulmans d’Asie centrale n’est pas une si mauvaise chose pour Washington qui a souvent cultivé une étonnante sympathie pour les musulmans les plus rétrogrades, en ex-Yougoslavie et ailleurs ? Peut-être le Pakistan, ce vieil allié paradoxal de « l’Ouest » est-il en passe de s’assurer enfin sa profondeur stratégique ? Il a toujours été plus facile de fomenter des coups d’État auxquels le peuple ne s’opposait pas que de pousser celui-ci à se révolter. Le marxisme, hier, l’islamisme aujourd’hui suscitent des révolutions. L’idéal du libéralisme consumériste en est manifestement incapable. Ce n’est pas avec les armes que les Hongrois ont conquis leur liberté en 1956, mais en 1989, parce que l’occupant s’était lui-même épuisé !
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