Aider Léa Salamé à s’identifier à nos figures féminines françaises, ou le parcours de la combattante !
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L’époque actuelle est à la calculette ! Aujourd’hui, tout se compte, se soupèse, s’évalue par comparaison, ne prend de valeur que par le nombre, n’existe que grâce aux quotas : 30 % de minorités pour pouvoir concourir à l’Oscar du meilleur film, 50 % de femmes sur les listes électorales, et l’égalité comme doxa transforme notre quotidien en recettes de cuisine savamment millimétrées.
Et vlan ! voilà que Léa Salamé remet les doigts dans la balance, mercredi 9 septembre, sur le plateau de « Quotidien », en affirmant que les Françaises avaient « très peu de figures d’identifications féminines ».
Et ce sont toutes mes certitudes féminines qui s’affolent : mais-comment-donc-me suis-je-construite-sans-identification-féminine-dans-l’histoire-de-France ? Et vous, mes sœurs de genre ? Serions-nous devenues des femmes, et pourquoi pas des « femmes puissantes », titre du livre de Léa Salamé et adjectif choisi qui nous remet un coup de pression, sans « chercher à se rendre par la pensée identique à une autre personne » (définition implacable du verbe « identifier » dans Le Petit Larousse). Car Léa Salamé persiste et signe avec son verbe haut et ses accents de certitude, où d’aucuns verront les signes d’une arrogance assumée : « La disparité est IMMENSE. Et oui, on a besoin de modèles féminins forts » (Twitter).
Comme un appel à l’aide. Heureusement, Léa Salamé nous donne un début d’espoir : nous ne sommes pas SEULES, Mesdames, puisque nous avons, dans l’Histoire, trois madones puisées directement dans le réservoir de la bien-pensance politico-correcte un tantinet gauchisante, les trois Simone : Simone Veil, Simone Weil, Simone de Beauvoir. Que n’y avons-nous pas pensé avant, plutôt que de nous imaginer grandir en nous rêvant Jeanne d’Arc, Mère Teresa, Sissi l’impératrice ou cette femme Marie qui, en donnant son « oui », engendra la chrétienté !
Car chez miss Léa, on a le modèle féminin choisi. Celui qui répond AUX critères. N’est pas égérie féminine qui veut. Elle les aime « puissantes », les femmes ; n’allez pas lui parler de cette mère de famille nombreuse qui gère au quotidien, et par des actes de rien, l’éducation et l’épanouissement de sa petite tribu avec charge d’âmes et charge mentale bien épaisse.
Ces sentinelles-ci, celles de l’invisible, n’existent pas dans son lexique, ni dans son livre, d’ailleurs.
Le rêve de la journaliste est d’interviewer Angela Merkel, femme de pouvoir qui ne s’est pas enquiquinée avec des enfants et… la chanteuse Angèle, parce qu’elle a fait son coming Août cet été en dévoilant son homosexualité et que « cela [l’]a profondément émue ».
Pour Léa Salamé, la puissance, ce n’est pas Zineb El Rhazoui, qui ose dénoncer, sous protection policière, les ravages de l’islamisme qui s’installe complaisamment en France, accompagné d’un retour au Moyen Âge de la condition féminine, mais « la dignité de Béatrice Dalle, une femme libre » (20 Minutes du 11 septembre). Et ivre de vulgarité - mais c’est un détail.
À contre-courant sur le mouvement #MeToo, Élisabeth Badinter a perdu sa place sur le podium des féministes car, selon Léa Salamé, « Élisabeth Badinter a peur des excès de cette révolution. Personnellement, je pense que la violence est nécessaire, qu’on ne fait pas une révolution en demandant poliment les choses parce qu’on ne les obtient pas » (toujours dans 20 Minutes). Messieurs, vous voilà prévenus.
« Mais les femmes toujours/Ne ressemblent qu’aux femmes/Et d’entre elles les connes/Ne ressemblent qu’aux connes/Et je ne suis pas bien sûr/Comme chante un certain/Qu’elles soient l’avenir de l’homme » (Jacques Brel).
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