Air France perd la tête et s’allie à Airbnb

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L’État stratège est de retour, à en croire LREM. Un État qui est encore actionnaire majoritaire d’Air France avec plus de 17 % du capital et trois administrateurs sur quinze. Pourtant, ce même État est peu regardant quant aux décisions prises par une société qui porte encore le nom de « France » et qui a oublié son devoir d’éthique et de morale. Ainsi, Air France, par le biais de sa filiale Joon, a cru bon d'établir un partenariat avec Airbnb. Le groupe américain est très bien implanté en France depuis plusieurs années et a fait de Paris sa capitale mondiale en termes de recettes. Les impôts, eux, sont payés en Irlande…

Alors qu’Airbnb génère des millions chaque année en France, seuls 2 % de son chiffre d’affaires passent entre les fourches caudines de l’administration fiscale. Le reste est envoyé directement à Dublin, où le dumping fiscal fait aujourd’hui grincer les dents de toute l’Europe. L’Irlande et les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) voient arriver l’orage européen, et Bruno Le Maire assure que

la situation fiscale en France des plates-formes numériques comme Airbnb [est] “inacceptable” et [...] il est de notre droit aussi d’exiger de la part d’Airbnb et de toutes les plates-formes du numérique une juste contribution au Trésor public français.

Pourtant, une entreprise comme Air France juge opportun de se mettre en ménage avec Airbnb.

La direction d’Air France suivra-t-elle celle de la SNCF qui avait voulu, il y a quelques mois, surfer sur l’engouement d’Airbnb avant de renoncer à un partenariat indécent ? Les hôteliers regroupés autour du Groupement national des indépendants de l’hôtellerie restauration (GNI) et de l’Association pour un hébergement et un tourisme professionnel (AhTop) ont fait savoir dans une lettre adressée à Air France qu’ils attendaient des explications et une réponse du gouvernement français. Ils espèrent ainsi un "strict respect des règles sociales et fiscales françaises". Une demande légitime, mais qui n’est pas certaine d’être entendue…

Airbnb constitue un problème fiscal, mais aussi une menace pour les habitants des grandes villes qui voient le parc locatif se réduire dangereusement à cause de tous les appartements laissés à disposition des utilisateurs d’Airbnb. Paris et son maire, Anne Hidalgo, sont en première ligne dans ce combat essentiel et l’État serait bien inspiré d’arrêter les bisbilles pour lutter efficacement contre des acteurs économiques qui ne jouent pas franc-jeu.

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