Alain Delon, un homme de droite, envers et contre tout

Capture d'écran © Périphérique 120
Capture d'écran © Périphérique 120

Être un homme de droite dans le monde de la culture est un défi. Assumer de l’être, encore davantage. Mais Alain Delon n’était pas une personnalité comme les autres. Acteur hors du commun, monument incontestable du cinéma, il était devenu l’icône d’une France qui disparaît. Le félin du cinéma français était de droite. Et fameusement de droite.

Soutien de Giscard d’Estaing et ami de Le Pen

Gaulliste convaincu, l’acteur a exprimé ses opinions politiques en 1981 en soutenant la candidature de Valéry Giscard d’Estaing. Il déclare, en évoquant la défaite du candidat UMP face à François Mitterrand : « Je ne me suis pas mouillé pour quelqu’un qui allait perdre, je me suis mouillé pour quelqu’un que j’aimais, c’est tout. » Cinq ans plus tard, en mai 1986, le ministre socialiste Jack Lang remet à l’acteur la Légion d’honneur à l’Élysée. Pour fêter sa décoration, Delon embrasse Jean-Marie Le Pen, son ami de longue date : ils ont partagé ensemble les horreurs de la guerre d’Indochine. Quoique ne partageant pas complètement la vision politique du fondateur du Front national, le comédien a toujours assumé cette amitié, bravant le cordon sanitaire qui entourait systématiquement quiconque se disait proche de « l’extrême droite » de Le Pen.

Dans une interview accordée à Paris Match, il déclarait, à propos de Le Pen : « On doit bien reconnaître au moins trois choses. Il est sympa. Il dit tout haut des choses que les autres osent à peine dire tout bas. Il parle différemment. » Il n’a jamais appelé à voter pour le Front national ni, plus tard, pour le Rassemblement national, marquant les différences entre ses idées et celles du parti à la flamme : « On a voulu me coller l’étiquette extrême droite parce que j’ai raconté que j’étais copain avec Le Pen depuis l’armée. Non, je suis de droite, point. » Pourtant, il reconnaissait la légitimité d’un parti soutenu par des milliers de voix et se félicitait de sa montée en puissance dans le paysage politique.

Des opinions tranchées, loin d’être conformistes

Outre son accointance avec l’une ou l’autre personnalité politique de droite, les positions personnelles de l’acteur, assumées devant les médias, trahissaient un penchant conservateur, à rebours des idéologies LGBT, woke, etc. Le féminisme ne déroge pas à la règle. Lui qui connaissait bien les icônes de son temps, légendes de classe et de féminité telles que Brigitte Bardot, Romy Schneider, Mireille Darc (pour ne citer qu’elles…), déclarait au Figaro, en 2013 : « De plus en plus de femmes sont devenues des hommes. Les femmes se sont battues pour avoir des droits, elles ont eu ce qu'elles voulaient, très bien… Mais pourquoi aller jusqu'à se comporter comme des hommes, pourquoi vouloir leur ressembler ? Je ne comprends pas. »

Une polémique n’allant pas sans une autre, Alain Delon, interrogé sur France 5 dans C à vous au sujet du mariage pour tous, jugeait cette union contre-nature, avant de se corriger, dans les colonne du JDD : « Je ne suis pas contre le mariage gay, je m’en fous : les gens font ce qu’ils veulent. » Mais il ajoutait : « Un enfant doit, selon moi, avoir un papa et une maman. » Pour parfaire le tableau, le protagoniste du Guépard se prononçait en faveur de la peine de mort. De quoi horrifier les « anti-droite ».

Les valeurs prônées par Alain Delon vont à rebours de l’époque qui l’a vu expirer son dernier souffle : « les valeurs nécessaires à la construction d'un homme jeune, d'un homme : le respect, la discipline, le courage », disait-il. Il était ce caillou dans la chaussure du monde de la culture : « Je dis ce que je pense, ça ne plaît pas toujours, dans ce milieu », disait-il. Jusqu'au bout, il aura assumé.

Raphaelle Claisse
Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

38 commentaires

  1. Paradoxal le mec ! Faire du cinéma sa vie et dire détester le « Virtuel »… Et pourtant si « commun ».

  2. Les dernières élections nous prouvent que d’être de droite ce n’est plus possible . La droite est obligatoirement associée à l’extrême droite quand on n’est pas d’accord avec cette gauche sectaire dont Macron fait partie . Après l’élection de 2017 Macron à voulu gouverner seul sans contre pouvoir et a laissé à l’abandon le régalien pour faire du social et du sociétal . Nous en sommes là prisonnier de nos votes et de nos convictions . Des personnes comme Alain Delon on réussit à se soustraire de cette ambiguïté par son charisme et sa compétence en tant qu’acteur mais les citoyens lambda que nous sommes n’auront que le bulletin de vote pour signifier notre opposition à cette gauche sectaire qui nous fait souffrir. jusqu’à quand notre liberté d’expression va t elle résister quand une partie de la justice et des médias sont juges et partie prenante ?

  3. L’hommage à Alain Delon est unanime pour saluer l’immense acteur qu’il fut et son extraordinaire carrière cinématographique. La gauche culturelle ne l’a jamais aimé du fait de son sectarisme et son dogmatisme. Elle était surtout gêner du fait de son extraction populaire qu’il se soit toujours situé à droite alors que Belmondo un temps syndiqué à la CGT et surtout Gérard Philippe né dans une famille très aisé à Cannes affichait leurs sympathies de gauche, voir un compagnonnage avec Le PCF. La gauche wokiste et populiste d’aujourd’hui ne l’a que plus détester des lors qu’elle prétend interdire toute opinion sur les questions d’identités sexuelles, de mariage, de notion de famille. Alain Delon sur toutes ces questions partageait l’avis d’une grande majorité de Français, de ceux qui continuent d’incarner la France. Cette France qu’avait tant aimé Alain Delon.

  4. Évidemment être ami de Jean-Marie Le Pen devait en gratter plus d’un à gauche. Être stalinien dérange moins curieusement.

  5. « … Être un homme de droite dans le monde de la culture est un défi. »
    Non !
    En France, c’est un « délit » !

  6. Ras le bol de Delon , comme de tous les saltimbanques du sport et du spectacle. Delon fut un grand acteur, OK, mais en tant qu’individu il ne m’intéresse pas, et d’autant moins que sa vie fut marquée de fréquentations et actions plus que discutables. Delon sur un écran, oui, ailleurs, rien à cirer.

    • bah dites donc, si à chaque fois un personnage public est mis en avant du fait de son décès çà vous agace, vous devez être souvent énervé !
      On pense ce que l’on veut de Monsieur Delon, l’acteur, ou l’homme, et il ne me semble pas  » anormal » d’en parler vu sa carrière cinématographique quelques jours après son décès .
      Qu’avez vous dit alors suite au décès de Johnny Hallyday !!!

  7. J’admire les professionnels quel qu’ils soient, ce qu’il ma plais entre eux c’est ce qu’ils font pas ce qu’ils sont ce qui m’importe peut mais quant, comme des sportifs par exemple, donnent leur avis sur la société alors je les apprécie bien moins, chacun a sa place.

  8. Alain Delon était tout à fait logique dans ses déclarations, un homme normal , un vrai qui révèle la race des seigneurs comme il y en a très peu aujourd’hui. Un homme fidèle en amitié, franc du collier. Un jour lors d’une émission de Michel Polac , un journaliste lui avait posé une question inconvenante, déplaisante. Delon lui avait rétorqué  » monsieur vous êtes de ces personnes qui lorsqu’elles rentrent dans une maison vont tout de suite aux toilettes pour voir s’il y a de la merde au fond » . Nous sommes très nombreux à être en deuil de ce magnifique très grand acteur . Qu’ il repose en paix et condoléances à sa famille.

  9. Un acteur remarquable, un homme respectable, qui avait le courage de ses idées, fidèle en amitié, du bon sens.

  10. Un homme bien , un excellent acteur qui a gagné sa vie par son travail sans voler les contribuables parce que les bons films rapportent sans subventions .

  11. DELON un homme de droite ! un homme normal ! A cause et grâce à son enfance difficile il est devenu cet homme là et surtout sa beauté naturelle sans laquelle il n’eût pu faire une telle carrière car le cinéma montre, de préférence de quoi plaire au public pour rentabiliser le film, normal c’est du business; il a eu cette chance d’avoir un visage magnifique mais son regard n’a jamais changé, trop marqué par ses douleurs d’enfant et de jeunesse, puis par la voracité des requins du cinéma. Quelques casseroles quand même, comme tout le monde, humains nous ne sommes que perfectibles. Tu aimais les chiens, alors rien à ajouter fais leur un gros câlin !

    • Nous ne sommes que perfectibles… je n’aurais pas mieux dit ! Et puis quelqu’un qui aime les animaux ne peut pas être foncièrement mauvais ! Lui c’était les chiens, moi c’est les chats (et les oiseaux, parce qu’ils ont bien du mal à survivre, et ce n’est pas incompatible) !

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