Albi et Besançon : justice a deux vitesses

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« Parc fermé : raison de fermeture, risque élevé de se faire poignarder. Protégeons nos familles de l’immigration », c’était le contenu de l’écriteau consultable par les passants, apposé sur l’entrée d’un parc à Albi pendant quelques minutes, le samedi 10 juin dernier. Une action menée par des militants du groupe identitaire local, Patria Albiges. Et la Justice n’a pas traîné puisque, une semaine plus tard, trois d’entre eux ont été interpellés et placés en garde à vue. Une célérité exemplaire qui interroge, d’autant que la Justice a refusé la levée du contrôle judiciaire des trois individus contraints de pointer régulièrement au commissariat au motif que « ce délit équivaut à une incitation à la violence, il ne peut être exclu que cette incitation puisse conduire à un passage à l’acte... », précise le président du tribunal, dans le jugement que nous nous sommes procurés.

Une décision que peine à comprendre leur avocat Maître Lambert : « Que des associations subventionnées jouent cette partition c’est une chose, mais que le tribunal fasse siens les arguments de cette association, c’est délirant », s’insurge l’avocat, qui y voit sans ambiguïté « une dimension politique » car, parmi les prévenus, se trouve Clément Cabrolier, fils du député Rassemblement national du Tarn. Cela, alors que ce 27 septembre, la procureur a demandé le renvoi de l’affaire tout en maintenant ce fameux contrôle judiciaire. « On parle d’une affiche et de bouts de ficelle », rappelle Maître Lambert.

Au même moment, une décision bien différente a été prise à Besançon. Pendant la manifestation, samedi dernier, « contre les violences policières », une militante y avait été aperçue tenant une pancarte « Un flic, une balle ». Quelques jours auparavant, les policiers du Doubs avaient été frappés par une double agression très violente à Sochaux. Or, ce mardi, le parquet de Besançon a classé sans suite l’enquête ouverte contre la jeune femme qui l’avait brandie. Le préfet du Doubs, Jean-François Colombet, dénonçant un « appel au meurtre de policiers », avait signalé, dès samedi, les faits au procureur de la République, après la manifestation qui a réuni 470 personnes à Besançon. « Le parquet […] doit être en mesure de démontrer la volonté […] d’appeler au meurtre de policiers », a précisé le procureur. « Or, la gardée à vue a déclaré que ce slogan n’était pas un appel au meurtre. Elle a dit avoir voulu signifier que les policiers étaient susceptibles de représenter un danger pour la société, ajoutant que les armes lui font peur et encore plus lorsqu’il y a une personne derrière. » Une décision surprenante, comparé à celle visant les identitaires d'Albi.

Deux décisions à quelques jours d’intervalle, deux décisions qui, a minima, interrogent sur l’interprétation du droit, voire qui illustrent, une fois de plus, ce terrible deux poids deux mesures dénoncé par de nombreuses personnalités. « La haine anti-flic a de beaux jours devant elle ! » a déploré le Syndicat des officiers et commissaires de police, sur X. De son côté, le magistrat Philippe Bilger écrit que « dans le contexte d’aujourd’hui, il n’aurait pas été abusif d’analyser cette injonction sommaire comme une incitation à tuer un policier ».

De quoi largement accréditer les accusations de politisation de la justice, déjà passablement fortifiées par la participation du Syndicat de la magistrature à ces manifestations. « Condamner cette pancarte revenait à avouer que les magistrats de ce syndicat cautionnent les appels au meurtre de policiers », croit savoir un avocat en vue. Le mobile est solide.

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Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Si cette chose que j’écris toujours entre guillemets la « justice » était vraiment juste ça se saurait, déjà, quand on voit la balance, les plateaux ne sont pas au même niveau, c’est un signe. La JUSTICE, doit être rendue au nom du peuple et prévue par le code pénal et non pas interprétée par des magistrats, pour partie vérolée par le syndicat de la magistrature et pour l’autre partie tétanisée par par ce même syndicat qui bien que minoritaire, fait la pluie et le beau temps au sein de cette institution, il gère les places, les mutations, les avancements et les « fatwas » contre les récalcitrants. Une seule solution, il n’y en a pas deux, c’est d’élire les juges par exemple en même temps que les maires, pour ne pas être aux urnes à tout bout de champs. Ces magistrats ÉLUS, seraient responsables devant leurs électeurs, de leurs décisions et seraient révocables et condamnables si nécessaire. Interdire ce syndicat ne servirait à rien, si nous laissons le vers dans le fruit qui provoque la pourriture.

  2. Ca sent le syndicat de la magistrature à plein nez, cette affaire…. depuis quand un juge a-t-il le droit d’agir sur une simple intuition personnelle (donc, orientée): « ce délit équivaut à une incitation à la violence, il ne peut être exclu que cette incitation puisse conduire à un passage à l’acte » ne s’appuie sur rien de tangible, et mérite la relaxe, tout au plus un rappel à la loi, et encore, sur quel prétexte?

  3. Et il faudrait croire à la justice de notre pays ?? Il faudrait surtout que les juges soient élus et pas nommés pour que la justice soit appliquée comme le désire le « bon » peuple !!

    • « Il faudrait surtout que les juges soient élus « … À voir l’acharnement contre Trump aux USA (où ils le sont), je crois que ça se discute !

  4. Les juges du tribunal d’Albi n’ont-ils pas fait partie des manifestants anti-police le 23 septembre ? Je pose la question !

  5. Avec le « Mur des cons », tout a été dit sur le manque d’impartialité, d’équité, de notre justice. Au fait quand un juge se trompe et envoie un innocent quelques mois en prison, est-il sanctionné, par sa hiérarchie? Car comme je l’ai constaté auprès d’amis, c’est une vie éclatée, la perte d’une famille, d’une entreprise et son honneur.. une vie brisée… Ce ne sont pas les quelques milliers d’euros donnés par l’État qui vont changer quoique ce soit.

  6. notre justice est une honte, il y a un sacré ménage à faire dans cette institution aux prochaines élections, pour remettre cette justice à sa place et être indépendante, ce qu’elle n’est plus !!

  7. Parler de Justice me paraît un non-sens : c’est l’expression d’une idéologie gauchiste dangereuse qui fait de la discrimination en toute impunité

  8. La gauche détruit tout ce qu’elle touche, l’Education, Écologie , Justice, avec toujours ce rêve d’un État bolchevique.

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