Alcool, drogue : comment on achète la paix sociale dans les prisons françaises

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Ce lundi 6 mai, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiait un rapport sur les consommations de drogues en prison, le premier du genre. Sans surprise, il montre que le tabac, la drogue et l’alcool circulent facilement dans les centres pénitentiaires.

Concernant le tabac, rien de choquant. Sa consommation n’est pas prohibée en prison. Les détenus peuvent cantiner pour se procurer des cigarettes. Il s’agit même d’une pratique très courante, puisque « près de 3 détenus sur 4 (73 %) déclarent fumer actuellement du tabac et 63 % fumer quotidiennement ».

La prison, une plaque tournante 

Concernant les drogues et l'alcool, c’est autre chose. En prison, ces produits sont interdits. Pourtant, « l’usage de cannabis est largement répandu » et « la moitié des détenus (49 %) déclarent avoir déjà consommé du cannabis au cours de sa détention ». L’OFDT constate également que « 39 % des détenus consomment du cannabis au moins une fois par mois, 34 % au moins une fois par semaine et 26 % de manière quotidienne ». Autrement dit, plus d’un quart des prisonniers fument un joint chaque jour. Pour ce qui est de la cocaïne, du crack, du MDMA ou de l’héroïne, « 14 % des détenus déclarent avoir consommé une de ces quatre substances au moins une fois au cours de leur détention ». Enfin, « 16 % des détenus déclarent avoir déjà consommé au moins une fois de l’alcool ». Comment est-ce possible ?

Pierre-Marie Sève, directeur de l’Institut pour la justice, contacté par BV, explique : « Il y a plusieurs manières de faire entrer [en prison ces substances] : les détenus en ramènent de leurs permissions, les proches qui entrent dans les parloirs peuvent en transmettre… ». Il ajoute : « Ce qui a le vent en poupe, ce sont les projections par-dessus les clôtures. » Une technique quasiment infaillible puisque « les agents pénitentiaires doivent demander l’intervention de la police lorsqu’ils constatent ce type d'infractions ». Le temps que les forces de l’ordre arrivent, les lanceurs sont déjà loin.

Un laxisme « nécessaire »

S’il est facile de se procurer de la drogue, il semble également aisé d’en consommer. « Le laxisme est en dehors et à l'intérieur des prisons », constate Pierre-Marie Sève. Un laxisme nécessaire, car il faut « tenir les prisons » malgré un manque criant de surveillants pénitentiaires. Pour le juriste, « les difficultés de recrutement sont une dimension importante de tous les problèmes de la prison ». Certaines maisons d’arrêt disposent de quatre agents lorsqu’il en faudrait vingt.

Résultat : faute de pouvoir maintenir l’ordre, les gardiens de prison « maintiennent le désordre ». « Les prisons sont tenues par les aménagements de peine potentiels, par la drogue, par l’alcool », par les consoles de jeux, par la télévision, le téléphone ou des activités diverses qui permettent aux détenus « de passer le temps ». Pierre-Marie Sève ironise : « Il y a un petit côté garderie. » Pourtant, les raisons pour lesquelles ces libertés sont offertes n’ont rien d'amusant. L’objectif est « de faire en sorte que ça ne parte pas en révolte », que les prisonniers ne se retournent pas contre leurs geôliers. On en est là !

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Voilà comment on fabrique un pays de dégénérés. « Gouverner, c’est prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte » Emile de Girardin – La politique universelle (1852 ) …
    De toute évidence il manque le courage et la volonté de nos gouvernants de prendre la seule solution possible pour arrêter la destruction réelle de notre pays : Changer la Constitution qui nous libèrerait des contraintes imposées par une Europe mal faite à l’origine et dans laquelle Mr Macron veut nous enfermer davantage.
    Victorine31

  2. Les solutions extrêmes n’ont jamais rien résolu dans le temps. Les deux problèmes qui gangrènent nos sociétés démocratiques tiennent en peu de mots: Le travail et sa rémunération. Donner à chacun un travail suffisamment bien rémunéré pour lui permettre de fonder une famille et… son corolaire matériel: une maison, une voiture, des vacances et quelques sorties. Saupoudrer d’un peu de social: la prise en charge des soins et l’assurance d’une retraite au montant décent. Et vous aurez résolu l’essentiel des maux qui gangrènent nos sociétés. Qui a envie d’être délinquant lorsqu’il occupe un emploi lui permettant de vivre convenablement et de disposer d’un filet social tout au long de sa vie? Posez-vous les bonnes questions! Les inégalités sont devenues si criantes et médiatisées, que les perdant deviennent enragés, et prêts à tout casser pour avoir leur part. Seules les nations évoluées (Suisse, Norvège, Finlande etc.) connaissent la paix sociale, car elles font passer la personne avant le libéralisme économique.

    • Ce que vous décrivez a déjà existé sous le nom D’URSS dirigée par de gentils socialo-marxistes qui voyaient la vraie vie comme vous. On voit le résultat ça n’a jamais fonctionné et c’est même la nomenclatura soviétique qui est mafieuse…Quand aux pays que vous citez, la paix sociale est obtenue grâce à l’autorité de la police et de la justice et non avec vos rêves communistes.

  3. Et si comme dans certains pays de l’UE, on faisait contribuer les prisonniers aux frais qu’ils imposent aux contribuables, cela permettrait de mieux rémunérer les pénitentiaires et de construire quelques logements supplémentaires pour ces convives dont on se priverait sans regret. Quant au coût des étrangers incarcérés, la partie qu’ils ne prendraient pas en charge devrait émarger au budget d’aides aux pays étrangers, puisque l’État renonce de fait à les expulser donc à aider les pays concernés à ne pas avoir à les subir. .

  4. Il n’est pas possible de distribuer les milliards aux quatre coins du monde et de payer du personnel là où il en faudrait. Il y a vraiment un véritable financier à la tête de l’état.

  5. Et oui, comme dans les quartiers oubliés de notre République ? Dans ce pays on ménage les délinquants, les assassins, les racailles, et on punit, on spolié les gens honnêtes. D’ailleurs, attendront de voir à qui l’on proposera l’euthanasie dans la prochaine loi dont rêve notre président …

  6. Heureusement qu’on nous dit que la priorité est de préparer la réinsertion des détenus dans la vie active … Réinsertion dans les bandes de dealers et les salles de shoots, sans doute.

  7. C’est une spécialité française: acheter la paix sociale dans les prisons, dans les banlieues…. Elle achète, mais fait elle se vend, ou plutôt, elle se prostitue.

  8. A l’inverse au club méd , ceux qui le côtoient sont tenus de régler leurs dépenses , là ce sont les contribuables français qui paient toute cette lie de la société, et penser que certains trouvent que les prisons sont un enfer , entendre çà vous met les nerfs à vif !!! s’il faut désengorger nos prisons d’abord mettre une partie de ces délinquants au travail « forcé » , les jeunes enrôlés dans des bataillons disciplinaires de l’armée, mais surtout renvoyer tous ces étrangers qui peuplent ces lieux.

    • Bravo pour le travail forcé. Il parait qu’il y a des métiers en tension et au lieu de faire venir des immigrés (dont une partie alimentera les prisons, ce qui est un cercle vicieux), faisons bosser nos détenus. Comme il est dit dans les Tontons flingueurs : »les taches ménagères ne sont pas dépourvues d’une certaine noblesse, çà reste une base et après, on a moins la tête aux bêtises ! »

  9. Karting, salle de sport, sorties cinéma, visites de musées, alcool, drogue, femmes, lavés et nourris gratos etc… la belle vie de nos entôlés.

  10. Ce ne sont pas des prisons mais des hôtels 4 étoiles à la charge des contribuables . Et nos ainés paient très chers leur séjour en ehpads pour bien moins de luxe et de services . Honte à ces élus . Et surtout comparé aux prisons d’autres pays c’est intolérable . Il y a un état en Amérique ou les prisonniers doivent jardiner pour se nourrir , la seule chaine de télé est la chaine météo , pas de jeux , de sport ni autres loisirs . Il serait temps de traiter ces hommes comme ils le méritent , c’est à dire comme des criminels , en cherchant bien nous avons surement des endroits ou les envoyer pour un moindre coût .

  11. L’analyse est quand même quelque peu érronnée, non les surveillants ne « maintiennent pas le désordre », même s’ils sont bien obligés de fermer les yeux, car ce sont les dealers qui tiennent les taules, et en font des zones de non-droit et de commerce lucratif !
    Pour bien connaître ce sujet depuis les années 80, tout à commencé avec la suppression des parloirs avec séparation par qui vous savez, ce qui a permi les échanges avec les familles et les « mules » (famille au-dessus de tout soupçon), puis la généralisation des permissions de sortie avec les rentrées « chargée », et enfin pour certain, la corruption des personnels. Quand un directeur se fait trop insistant, juste une petite mutinerie et hop, muté avec la bénédiction de certaine autorité et de hiérarchie plus que « frileuse »! Aujourd’hui grace à la loi pénitentiaire de 2009 (merci aux élus nationaux qui ont permis sa mise en place), le personnel est « livré » à la bonne volonté des caïds et de cadres utopistes ! Je pourrais écrire une encyclopédie sur ce que j’ai vu et vécu, mais également ce que j’ai subi.

  12. 40 années de laxisme politique et de compromissions aboutissent à de pareils constats.
    Ce n’est pas avec une dette de 3000 Milliards que nous allons pouvoir avancer.
    Il faut un audit général de toutes les dépenses publiques.
    C’est la seule solution pour redonner des marges de maneouvre pour rendre attractif des métiers réellement en tension.

    La priorité pour l’avenir de la Nation est évidemment l’instauration immédiate de la préférence nationale, nous allons rééquilibrer le budget de 100 Milliards en le faisant, ce qui devrait nous ramener juste à l’équilibre (pas vraiment car le déficit annuel est de 166 Milliards, mais ce sera un vrai début)
    Chaque centime d’euros d’argent public doit être justifié !

    On va aussi trouver des gisements énormes en fermant des institutions inutiles et coûteuses, soyons en sûr !

    Il est grand temps de purger la Vème République qui est arrivée au bout de son Histoire.

  13. Pourtant le sevrage en lieu clôt a du bon.
    Quid des musulmans qui boivent de l’alcool…..

  14. Et oui, ce sont maintenant les geôliers qui ont peur des prisonniers. Et même dans les CRA. Pourquoi ? Parce que nous avons un garde des Sceaux qui avait organisé une grande journée de Fête dans une Prison lorsqu’il a pris le pouvoir. On est très loin des règles qui s’appliquent dans les prisons américaines et même africaines ou orientales.

    • Excatement.
      Il faut remettre la double peine automatique pour les délinquants étrangers.
      Et qu’ils fassent leur temps de taule dans leur pays d’origine

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