Alexandre Goodarzy : « Les Syriens vivent le Bataclan tous les jours mais ils ont eu mal pour ce qui s’est passé en France »
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Un prêtre arménien et son père ont été assassinés, le lundi 11 novembre, dans le nord-est de la Syrie. Ce double assassinat a été revendiqué par Daech.
Au micro de Boulevard Voltaire, explications d'Alexandre Goodarzy, présent sur place en Syrie, qui fait également un point sur la situation géopolitique.
Le père Bedoyan, un prêtre arménien, a été assassiné avec son père, visiblement par un groupe issu de l’État islamique. J’imagine que l’émotion est grande chez vous.
Je le connais depuis à peu près trois ans. Je ne vais pas dire que je le connaissais personnellement, mais on s’était rencontré à Qamichli. Je venais solliciter les prêtres pour savoir s’ils avaient besoin d’aide. Régulièrement, les prêtres ne manquent pas de sauter sur l’occasion, mais lui était assez discret. Il ne m’a jamais demandé quoi que ce soit. Un peu plus tard, il est revenu vers moi pour demander à SOS Chrétiens d'Orient de l’aider dans un travail concernant la jeunesse.
C’est un ancien de Don Bosco, un Salésien. Par conséquent, il est très axé sur la jeunesse. Il voulait qu’on l’aide à amener les jeunes Arméniens à voyager en Arménie, la terre mère.
C’était vraiment un moyen de faire rayonner le christianisme dans la jeunesse arménienne. Les générations précédentes n’étaient pas très croyantes. Avec cette jeunesse, il y a un renouveau. Il était vraiment en train de faire le lien entre la Syrie et l’Arménie. C’est aussi pour cela que SOS s’est développé là-bas.
Ce double assassinat nous rappelle que le terrorisme est encore présent en Syrie et que la guerre n’est pas terminée. Qu’observez-vous sur le terrain ?
L’offensive turque qui a eu lieu le 9 octobre est la prise d’un territoire syrien de 120 kilomètres long et de 30 kilomètres de profondeur. Cela représente énormément de déplacés. Les Turcs et les Syriens ne sont pas en confrontation directe. Le but est de faire plier les Kurdes. Les Kurdes n’ont rendu les armes que sur la frontière. En revanche, dans les terres, ils ne l’ont pas fait. Ils n’ont pas vraiment accepté l’accord.
Nous sommes le 13 novembre 2019. Il y a quatre ans, les attentats terroristes frappaient la France. Une commémoration est-elle prévue chez vous ?
Oui, bien sûr. On pense particulièrement aux victimes du terrorisme. Les Syriens vivent le Bataclan tous les jours. Je ne vais pas vous dire qu’ils se recueillent pour ce qui s’est passé chez nous, mais lorsque c’est arrivé, certains avaient les larmes aux yeux. Cela leur faisait presque plus mal de savoir ce qu’il se passait dans notre pays que ce qu’il leur arrive au quotidien.
Je ne pense pas qu’ils se souviennent de la date, mais nous, à SOS, nous nous en souvenons. Nous ne manquons pas de prier pour l’âme de tous ces pauvres gens, leur famille et tous ceux qui sont encore meurtris. Nous les remettons vraiment au centre de nos prières.
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