Alexis Corbière accuse Jean-Michel Blanquer de parler « comme l’extrême droite » !
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Les séances des « questions au gouvernement » à l'Assemblée nationale ressemblent trop souvent à une cour de récréation ou à une piste de cirque, où les députés et les ministres font leur numéro. Ce fut encore le cas, le mardi 27 octobre : Alexis Corbière s'en est pris violemment à Jean-Michel Blanquer, lui intimant de « [cesser] de parler comme l'extrême droite ». Pour ne pas être en reste, le ministre de l'Éducation nationale de lui répondre : « Si, quand on est républicain, on est d'extrême droite, ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui, vous avez un problème avec la République. »
Il n'est pas certain que de tels échanges améliorent le crédit qu'on accorde à la gent politique.
Rappelez-vous ! La semaine dernière, Jean-Michel Blanquer déclarait, sur Europe 1, que « l'islamo-gauchisme fait des ravages » et « mène évidemment au pire ». Il dénonçait une forme « de complicité intellectuelle du terrorisme » et ciblait, notamment, La France insoumise et l'UNEF. Quelles que soient ses intentions, qu'il soit sincère ou veuille faire passer le gouvernement pour le fer de lance du combat contre l'islamisme, ce jugement ne s'éloigne pas de la vérité. Mais Alexis Corbière ne s'est pas défendu sur ce terrain.
Au lieu de contester le fond de cette accusation, il lui a reproché de porter « [des] mauvais coups contre l'école laïque » et, surtout, d'avoir gagné « une alliée de choix », précisant que « Madame Marion Maréchal-Le Pen s'est réjouie » de ses propos. L'ancienne élue du Vaucluse avait tweeté que Jean-Michel Blanquer reprenait « [son] analyse sur le danger des idéologies “intersectionnelles” de gauche à l'université ». Pour le député de La France insoumise, Marion Maréchal étant d'évidence un suppôt de l'extrême droite, le ministre l'est forcément aussi ! Raisonnement simpliste, malheureusement courant dans le débat politique.
Pour réfuter les points de vue qui leur déplaisent, les politiciens n'ont pas trouvé de meilleur moyen que de les taxer « d'extrême droite », estimant ainsi les déconsidérer aux yeux de l'opinion. Incapables de trouver des arguments rationnels pour combattre leurs adversaires, ils essaient de les disqualifier en les traitant de tous les noms : fachos, réactionnaires, extrémistes... leur panoplie est vaste pour arriver à leurs fins. Mais cette tactique n'est guère efficace et révèle plus leur impuissance que la justesse de leur jugement. Reprocher à Jean-Michel Blanquer de rejoindre la position de Marion Maréchal ne pourrait-il pas, au contraire, plaider en sa faveur ?
La réponse du ministre de l'Éducation, fût-elle plus élégante, pèche aussi par sa faiblesse : « Si, quand on est républicain, on est d'extrême droite, ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui, vous avez un problème avec la République. » Loin de reconnaître que des adversaires politiques peuvent avoir, dans certains domaines, des analyses communes, sans qu'ils en tirent obligatoirement les mêmes conclusions, il se met au niveau du député de La France insoumise en lui reprochant de ne pas être un vrai républicain : ce qui ne veut rien dire, tant ce mot est, de nos jours, galvaudé. Il eût été plus inspiré de démontrer les ambiguïtés manifestes, voire les accointances de La France insoumise à l'égard de l'islamisme, plutôt que d'employer une formule à l'emporte-pièce.
Cette anecdote est malheureusement significative du comportement de bien des politiciens qui tombent trop facilement dans ce travers. Faut-il s'étonner, dans ces conditions, qu'ils ne soient pas pris au sérieux ? Jusqu'à quand abuseront-ils de notre patience ? Les Français en ont assez du spectacle que donne la politique, qui ne sert pas la démocratie.
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