Algérie : la France, une nation criminelle ?
Voici quinze jours qu’Alger et ses relais idéologiques multiplient les attaques contre Paris. Alors que, le 8 avril dernier, l’Algérie réitérait sa demande à la France de lui livrer ses cartes des sites d’essais nucléaires du Sahara – afin de dépolluer la zone –, l’agence de presse du gouvernement turc, Anadolu, commentait : « La colonisation française de l'Algérie a duré entre 1830 et 1962. Les autorités et historiens algériens affirment que cette période a été marquée par les meurtres de près de 5 millions de personnes, ainsi que des campagnes de déplacement et de pillage des richesses. » Quel rapport avec l’atome ?
Aucun. Le but est d’instiller, dans l’opinion, l’idée d’une nation criminelle. Et, ce samedi, Abdelmadjid Chikhi, conseiller aux « questions mémorielles » du président Tebboune, accuse encore la France coloniale d’avoir « éliminé les personnes qui lisaient et écrivaient » en Algérie et d’avoir propagé l’analphabétisme. Accusation voilée-dévoilée de génocide culturel après celle d’un génocide physique !
La propagande tiers-mondiste a inoculé dans l’esprit de nos élites de pouvoir les bacilles de culpabilité et de repentance pour ce prétendu comportement génocidaire des bâtisseurs coloniaux. Le candidat Macron, par une sorte de trahison spirituelle, semblait l’admettre sans détour en allant se soumettre aux injonctions d’Alger, lorsqu’il déclarait là-bas, le 15 février 2017, que la colonisation était un « crime contre l’humanité », « une vraie barbarie » qui nécessitait « nos excuses ».
Cinq millions de personnes assassinées, rapporte Anadolu. Génocide « partiel » ? Que dit l’historien honnête ? Jacques Frémeaux évalue les morts de la conquête à 400.000. En y ajoutant les milliers de victimes des grandes famines, dont celle de 1868, liées à la destruction des modes de production ancestraux, on arriverait, peut-être, à un million de morts vers 1870. Bouleversement tragique dû au choc des cultures et population réduite d’un tiers. Mais sans volonté directe d’anéantissement. Si l’on peut estimer la population indigène à 3 millions, en 1830, et à 10 millions, en 1962, avec une augmentation de 233 %, le génocide n’y est pas.
Et la « guerre d’indépendance » ? Elle aurait fait, selon Charles-Robert Ageron, dans les 250.000 victimes algériennes ; 2,5 à 3 % de la population totale. Trop. Mais on est loin des 63 % des juifs d’Europe disparus dans les camps nazis. En cumulant les conflits sur le temps long des 132 ans de présence française, sans tenir compte des victimes des famines précitées, on pourrait atteindre le chiffre approximatif – intégrant les massacre intracommunautaires – de 700.000 victimes, si l’addition avait un sens. Ce calcul n’est pas fondé. Mais le pouvoir algérien y a tout intérêt. Et même à l’amplifier jusqu’au chiffre symbolique des 5 millions de la Shoah !
Début avril, le ministre du Travail, El Hachemi Djaâboub, se lançait devant le Conseil de la nation dans une diatribe sur l’ennemi « éternel » et torpillait la venue de Jean Castex à Alger. Les déclarations agressives et pseudo-historiques du conseiller « mémoriel » du président Tebboune vont dans le même sens : désigner à la jeunesse inculte le bouc émissaire français massacreur, pillard, pollueur et génocidaire reste le dernier argument cohésif pour espérer ressouder dans « l’arabité » et l’islam une « nation » orpheline de la France qui ne croit plus en ses dirigeants corrompus.
« L’Allemagne paiera », disaient les Français, en 1919. « La France paiera », pensent toujours les « autorités » d’Alger qui épousent voluptueusement la thèse antifrançaise régénérée, pour leur seul bénéfice, par le candidat Macron. Les kleptocrates d’Alger méprisent nos dirigeants pétris de repentance. Ils ont raison. L’apaisement serait leur fin. L’instrumentalisation du passé et la dénonciation de l'« ennemi éternel » leur permet de durer. Et d’alimenter la haine.
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