Algérie : quand le service public relativise l’emprisonnement de Boualem Sansal
![Nedjib Sidi Moussa Capture d'écran X](https://media.bvoltaire.fr/file/Bvoltaire/2024/11/IL20241125164351-capture-decran-364-929x522.png)
L'incarcération de l'écrivain Boualem Sansal en Algérie pour ses positions critiques envers le régime marque un nouveau chapitre dans la répression des voix dissidentes. Mais en France, le traitement médiatique de cette affaire sur le service public interroge. Dans l’émission C politique, diffusée sur France 5, une déclaration du politologue d’origine algérienne Nedjib Sidi Moussa illustre la pénétration d’une certaine propagande algérienne anti-Sansal en France : « Il se trouve que Boualem Sansal, depuis quelques années, alimente un discours hostile à l’égard des immigrés, des musulmans et reprend tous les thèmes d’Éric Zemmour », lance-t-il, avant de s’adresser à l’animateur : « Vous auriez pu prendre l’extrait d’un entretien qu’il a donné à Frontières, média d’extrême droite, c’est tout de même choquant. » Cette rhétorique du « oui, mais » s'est rapidement propagée sur le plateau, instaurant une hiérarchie perverse entre la gravité d'un emprisonnement politique et la liberté de parole d'un intellectuel.
Voilà comment on a parlé de Boualem Sansal à 20h10 sur le service public
Quelle honte de contribuer au financement de ça pic.twitter.com/Tgcu32kPWG— Destination Télé (@DestinationTele) November 24, 2024
La mécanique du discrédit médiatique
Une dérive inquiétante où la légitimité d'un combat pour la liberté se trouve conditionnée non pas à la justesse de la cause mais à la conformité idéologique de celui qui la porte. Ce glissement sémantique, sous couvert de nuance, participe de la banalisation de la répression intellectuelle à laquelle participe Nedjib Sidi Moussa, qui déclare, sans être remis en question : « Quand je vois que des militants des droits de l’homme, des artistes et des intellectuels du milieu parisien le présentent comme un homme des Lumières qui défend les grandes causes, je suis désolé, mais ils se trompent complètement », ose-t-il encore, avant de conclure : « Soit ils sont aveugles, soit ils sont complices. »
Sous couvert d'analyse, les invités participent à une entreprise de relativisation où les apparitions médiatiques d'un intellectuel deviennent plus condamnables que son incarcération pour délit d'opinion. En témoignent les propos de l’historien Sébastien Ledoux, qui renchérit : « Le discours de Boualem Sansal est plutôt situé à l’extrême droite. » Du côté de l'algérianiste officiel Benjamin Stora, lui aussi présent sur le plateau, on ne veut pas excuser son arrestation mais on tente d’excuser les faits : Boualem Sansal aurait contribué à « blesser le sentiment national (algérien) ».
Rachel Binhas, seule contre tous
Seule à apporter la contradiction, Rachel Binhas, journaliste à Marianne, s'indigne : « Dire qu’il est d’extrême droite, c’est une manière de l'ostraciser ou de justifier son sort. » Au-delà du cas Sansal, c'est tout le socle des valeurs universelles qui se trouve ébranlé par ce traitement médiatique partisan qui, sans se faire le relais direct de la propagande algérienne, instille l’idée que l'emprisonnement pour « trahison » de Boualem Sansal est assez légitime et mérité.
Cette évolution inquiétante témoigne d'une crise profonde dans le traitement de l'information, où l'engagement pour les libertés fondamentales se trouve parasité par des considérations idéologiques secondaires. Le paradoxe est saisissant : au moment même où un intellectuel paie de sa liberté son courage politique, les gardiens autoproclamés de la morale médiatique s'emploient à déconstruire sa légitimité, participant ainsi, consciemment ou non, à la justification de son emprisonnement.
![Picture of Julien Tellier](https://media.bvoltaire.fr/file/Bvoltaire/2024/04/IMG_2193-300x300.jpg)
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46 commentaires
Quand « l’historien » Benjamin Stora nous parle de l’Algérie toujours en défenseur, il y a lieu de relativiser et toujours de se méfier
Snegaroff : et un de plus ! Chapeau bas les démocrates !
Si l’on peut comprendre les propos de Nedjib Sidi Moussa qui n’a peut être pas envie de finir comme Boualem Sansal dans les geôles d’Algérie, tous les autres participants à l’exception de Rachel Binhas démontrent leur incompétence et leur aveuglement. Ils sont les idiots qui regardent le doigt quand le sage leur montre la Lune.
Ce professeur, tout comme l’historien qui pourrait être commandité par Macron pour raconter une histoire de l’Algérie écrite pour ne pas froisser leurs dirigeants, sont des personnages dangereux pour la jeunesse française, celle qui n’ont pas vécu la véritable histoire de la guerre d’Algérie. Le service public s’est encore distingué et l’ARCOM a botté en touche. un spectacle lamentable !!
cette génération de « LOBOTOMISés » est si facile à convaincre et embrigader et macron ne manque aucune occasion pour en rajouter 1couche de repentance .
Et que dit Roch-Olivier MESTRE , patron de l’Arcom ? Ah il n’a pas encore eu Jupiter au téléphone ?