Algérie : quand le service public relativise l’emprisonnement de Boualem Sansal

Capture d'écran X
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L'incarcération de l'écrivain Boualem Sansal en Algérie pour ses positions critiques envers le régime marque un nouveau chapitre dans la répression des voix dissidentes. Mais en France, le traitement médiatique de cette affaire sur le service public interroge. Dans l’émission C politique, diffusée sur France 5, une déclaration du politologue d’origine algérienne Nedjib Sidi Moussa illustre la pénétration d’une certaine propagande algérienne anti-Sansal en France : « Il se trouve que Boualem Sansal, depuis quelques années, alimente un discours hostile à l’égard des immigrés, des musulmans et reprend tous les thèmes d’Éric Zemmour », lance-t-il, avant de s’adresser à l’animateur : « Vous auriez pu prendre l’extrait d’un entretien qu’il a donné à Frontières, média d’extrême droite, c’est tout de même choquant. » Cette rhétorique du « oui, mais » s'est rapidement propagée sur le plateau, instaurant une hiérarchie perverse entre la gravité d'un emprisonnement politique et la liberté de parole d'un intellectuel. 

La mécanique du discrédit médiatique

Une dérive inquiétante où la légitimité d'un combat pour la liberté se trouve conditionnée non pas à la justesse de la cause mais à la conformité idéologique de celui qui la porte. Ce glissement sémantique, sous couvert de nuance, participe de la banalisation de la répression intellectuelle à laquelle participe Nedjib Sidi Moussa, qui déclare, sans être remis en question : « Quand je vois que des militants des droits de l’homme, des artistes et des intellectuels du milieu parisien le présentent comme un homme des Lumières qui défend les grandes causes, je suis désolé, mais ils se trompent complètement », ose-t-il encore, avant de conclure : « Soit ils sont aveugles, soit ils sont complices. »

Sous couvert d'analyse, les invités participent à une entreprise de relativisation où les apparitions médiatiques d'un intellectuel deviennent plus condamnables que son incarcération pour délit d'opinion. En témoignent les propos de l’historien Sébastien Ledoux, qui renchérit : « Le discours de Boualem Sansal est plutôt situé à l’extrême droite. » Du côté de l'algérianiste officiel Benjamin Stora, lui aussi présent sur le plateau, on ne veut pas excuser son arrestation mais on tente d’excuser les faits : Boualem Sansal aurait contribué à « blesser le sentiment national (algérien) ».

Rachel Binhas, seule contre tous

Seule à apporter la contradiction, Rachel Binhas, journaliste à Marianne, s'indigne : « Dire qu’il est d’extrême droite, c’est une manière de l'ostraciser ou de justifier son sort. » Au-delà du cas Sansal, c'est tout le socle des valeurs universelles qui se trouve ébranlé par ce traitement médiatique partisan qui, sans se faire le relais direct de la propagande algérienne, instille l’idée que l'emprisonnement pour « trahison » de Boualem Sansal est assez légitime et mérité.

Cette évolution inquiétante témoigne d'une crise profonde dans le traitement de l'information, où l'engagement pour les libertés fondamentales se trouve parasité par des considérations idéologiques secondaires. Le paradoxe est saisissant : au moment même où un intellectuel paie de sa liberté son courage politique, les gardiens autoproclamés de la morale médiatique s'emploient à déconstruire sa légitimité, participant ainsi, consciemment ou non, à la justification de son emprisonnement.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 27/11/2024 à 22:53.

Vos commentaires

46 commentaires

  1. Nedjeb Sidi Moussa ! Voilà un bon professeur pour « éduquer » nos petites têtes de moins en moins blondes !! Ce monsieur a une immense chance de pouvoir dire et enseigner ce qu’il pense de mauvais pour ce pays qui lui a tout donné. C’est infect, innommable ingratitude, mais c’est la France, hélas !!!

  2. Cette déclaration d’un politologue de compétences relatives montre bien qu’en France tout le monde a sa chance d’une quelconque réussite ce qui montre bien le problème d’influenceurs prisonniers de leur origine, phénomène encore une fois due a l’immigration.

  3. M.Sansal » reprend tous les thèmes d’Éric Zemmour » .Si les  » dits thèmes » sont l’amour du pays qui l’accueille,l’anti communautarisme,la régulation d’une immigration choisie,et une assimilation obligatoire..c’est bien pour cela que nous le défendons.. A l’inverse ce M Sidi Moussa et ses complices de France 5 devraient aller vivre en Algérie ,pays connu pour sa douceur de vivre et sa tolérance.. .

  4. « Soit ils sont aveugles, soit ils sont complices. » L’expression a l’avantage de pouvoir être réutilisée en de nombreuses circonstances et, le plus souvent, pour parler du camp du « bien » dont est manifestement issu Nedjib Sidi Moussa. Quand les voix des électeurs LFI servent à faire réélire Borne ou Darmanin, par exemple.

  5. Le mot service public est risible.
    Le nom de service public est risible.
    C’est le service de la minorité qui veut se maintenir par idéologie et surtout par intérêt vu les salaires qu’on nous oblige à leur donner.
    Vivement la dissolution de ces organismes de propagande qui nous coûtent un pognon de dingue.

  6. Derrière le masque de la démocratie, l’islamisme. A quel moment les français vont-ils réaliser que l’islamisme détruit leur société ?

  7. J’ai honte de ce service public de l’audiovisuel qui nous coûte plusieurs milliards par an.
    Vivement la privatisation, c’est possible, c’est souhaitable.
    Nous verrons, avec la censure de Barnier par le RN, si ce parti est vraiment prêt à s’opposer à la bien pensance qui ronge la France depuis tant d’années.
    1981 n’aurait jamais dû exister.

  8. Si condamner l’extrémisme arabo-islamique c’est être d’extrême droite,eh bien soyons fiers d’être d’extrême droite La France ne pourra continuer d’exister que par cette voie

  9. Le politologue d’origine algérienne Nedjib Sidi Moussa donnait un bel exemple de la haine maitrisée , rentrée , sur l’odieux visuel du sévice public , et un présentateur complice et mielleux pour parfaire cette caricature d’émission de propagande du politiquement correct et d’auto-flagellation jouissive pour les idiots utiles .

    • Si Sidi Moussa aime tant le régime totalitaire algérien peut-être qu’il devrait faire ses valises et y aller.

  10. Sans doute est-ce dû à une simple posture journalistique, qu’il soit ainsi accueilli bras ouvert, sur F5.
    Personne n’oserait une seule seconde, remettre en doute l’esprit de « neutralité bienveillante » qui règne sur les plateaux de TV5, n’est-ce pas ?

  11. On peut partager ou pas les positions de Nedjib Sidi Moussa, ce qui est mon cas, mais, c’est lui faire, il me semble, un mauvais procès que ces accusations.
    En effet à deux reprises il a bien précisé, qu’en dépit de ses désaccords avec les écrits de Boualem Sansal, l’emprisonnement de ce dernier en Algérie était inacceptable.

  12. Je ne regarde plus le service public de Télévision,car je tiens à ménager ma sante ,physique et mentale ..
    J’ai connu ,comme beaucoup de français, un service public digne de ce nom. .Ses missions: ‘informer,cultiver,distraire  » même si elles n’étaient pas parfaites ,avaient au moins le mérite des bonnes l’intention.
    Aujourd’hui ,l’information est tellement malhonnête, la culture souvent rébarbative lles distractions tellement vulgaires ,…que je risque l’infarctus en regardant les infos,ou les débats,et la dépression avec idées suicidaires devant les programmes culturels ou de divertissements. Savoir qu’en plus ,cette décadence est financée par nos impôts me donne des aigreurs d’estomac
    .Pour couronner le tout ,l’Arcom., si prompt à réagir aux moindre faux pas des autres chaînes tv doit être aussi dégouté que moi ,et ne regarde pas les programmes de France Télévision.

    • Je pense que vous avez raison à 100%. France 5 doit être la chaîne la plus politisée de tout le « service public ».
      Aucune émission n’y échappe pas même le divertissement comme « échappées belles » qui est aussi devenue une propagande de la bien-pensance.

  13. Nedjib Sidi Moussa devrait être journaliste sur le plateau TV de la chaîne nationale algérienne .
    Quand a stora , il fait honte a sa profession.
    Seul la journaliste , du magazine Marianne sauve l’honneur

Commentaires fermés.

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