Algérie : quand le service public relativise l’emprisonnement de Boualem Sansal
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L'incarcération de l'écrivain Boualem Sansal en Algérie pour ses positions critiques envers le régime marque un nouveau chapitre dans la répression des voix dissidentes. Mais en France, le traitement médiatique de cette affaire sur le service public interroge. Dans l’émission C politique, diffusée sur France 5, une déclaration du politologue d’origine algérienne Nedjib Sidi Moussa illustre la pénétration d’une certaine propagande algérienne anti-Sansal en France : « Il se trouve que Boualem Sansal, depuis quelques années, alimente un discours hostile à l’égard des immigrés, des musulmans et reprend tous les thèmes d’Éric Zemmour », lance-t-il, avant de s’adresser à l’animateur : « Vous auriez pu prendre l’extrait d’un entretien qu’il a donné à Frontières, média d’extrême droite, c’est tout de même choquant. » Cette rhétorique du « oui, mais » s'est rapidement propagée sur le plateau, instaurant une hiérarchie perverse entre la gravité d'un emprisonnement politique et la liberté de parole d'un intellectuel.
Voilà comment on a parlé de Boualem Sansal à 20h10 sur le service public
Quelle honte de contribuer au financement de ça pic.twitter.com/Tgcu32kPWG— Destination Télé (@DestinationTele) November 24, 2024
La mécanique du discrédit médiatique
Une dérive inquiétante où la légitimité d'un combat pour la liberté se trouve conditionnée non pas à la justesse de la cause mais à la conformité idéologique de celui qui la porte. Ce glissement sémantique, sous couvert de nuance, participe de la banalisation de la répression intellectuelle à laquelle participe Nedjib Sidi Moussa, qui déclare, sans être remis en question : « Quand je vois que des militants des droits de l’homme, des artistes et des intellectuels du milieu parisien le présentent comme un homme des Lumières qui défend les grandes causes, je suis désolé, mais ils se trompent complètement », ose-t-il encore, avant de conclure : « Soit ils sont aveugles, soit ils sont complices. »
Sous couvert d'analyse, les invités participent à une entreprise de relativisation où les apparitions médiatiques d'un intellectuel deviennent plus condamnables que son incarcération pour délit d'opinion. En témoignent les propos de l’historien Sébastien Ledoux, qui renchérit : « Le discours de Boualem Sansal est plutôt situé à l’extrême droite. » Du côté de l'algérianiste officiel Benjamin Stora, lui aussi présent sur le plateau, on ne veut pas excuser son arrestation mais on tente d’excuser les faits : Boualem Sansal aurait contribué à « blesser le sentiment national (algérien) ».
Rachel Binhas, seule contre tous
Seule à apporter la contradiction, Rachel Binhas, journaliste à Marianne, s'indigne : « Dire qu’il est d’extrême droite, c’est une manière de l'ostraciser ou de justifier son sort. » Au-delà du cas Sansal, c'est tout le socle des valeurs universelles qui se trouve ébranlé par ce traitement médiatique partisan qui, sans se faire le relais direct de la propagande algérienne, instille l’idée que l'emprisonnement pour « trahison » de Boualem Sansal est assez légitime et mérité.
Cette évolution inquiétante témoigne d'une crise profonde dans le traitement de l'information, où l'engagement pour les libertés fondamentales se trouve parasité par des considérations idéologiques secondaires. Le paradoxe est saisissant : au moment même où un intellectuel paie de sa liberté son courage politique, les gardiens autoproclamés de la morale médiatique s'emploient à déconstruire sa légitimité, participant ainsi, consciemment ou non, à la justification de son emprisonnement.
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46 commentaires
Normal qu’il soit emprisonné ,car un Franco algérien qui dit du mal de l’Algérie , c’est inadmissible !! Mais si nous devions emprisonner tous les Franco Algériens disant du mal de la France il faudrait vite agrandir les prisons !! Comment peut on devenir aussi lâches !!!
Boualem Salal a la double nationalité Algérienne et Française. Quand il est en France il doit respecter les lois françaises. Quand il est en Algérie il doit se conformer à la loi algérienne. Il le savait parfaitement.
Je constate que la gauche, largement représentée dans les médias, continue d’entretenir cette guerre larvée entre l’Algérie et une grande partie de la France à travers ses citoyens , hors l’élite hors sol et déconnectée du peuple qui participe de cette trahison .
Boualem Sansal est une de ces voix capable de mettre fin à ce conflit qui dure depuis 1962 .
Et nos médias télévisés vont chercher l’oiseau rare « politologue » qui va continuer à entretenir cette hostilité en fustigeant celui qui est emprisonné mais surtout pas le régime poltico militaire des oligarque du FLN qui le retient en otage . Toujours au pouvoir depuis 1962, ce qui est un record si on considère que les immigrés algériens qui viennent dans notre pays le feraient pour des raisons de persécution ou de grande pauvreté à l’intérieur de leur propre pays , ce qui aurait dû les chasser du pouvoir , depuis des lustres.
Il ne faut pas s’étonner que cette mafia d’oligarques gaziers et pétroliers qui ont peut-être fait un pacte avec les islamistes pour conserver le pouvoir instrumentalisent certains des nombreux algériens vivants en France et surtout ceux qui sont infiltrés dans les arcanes du pouvoir et des médias tout en sachant que dans nos médias à part pour ceux de Vincent Bolloré c’est le plus souvent » la voix de son maitre » qui domine .
Ce qui particulièrement frappant sur le « service » public, c’est cette faculté à nous sortir de nulle part des « experts » autoproclamés dont on écoute religieusement le prêche validé par la rédaction.
Voilà donc des personnes qui ne connaissent absolument rien sur l’histoire de l’ Algérie et qui préfète nt critiquer cet écrivain et c’est plus facile pour eux que de critiquer ce gouvernement algerien
voyez vous il y a 72 ans prenait fin la guerre d’Algérie et parmi les Français il y avait eu des passeurs de valises célèbres, à la solde du FLN. Maintenant il y a des irresponsables, des poltrons aveuglés par une idéologie au service de quelques individus. Finalement rien de change une majorité est attentistes et une minorité ose s’élever contre ces individus.
Il faudrait que les Français soient très fermes …Pas gagné !
Pas les Français ! Mais ceux qui font office de président et de ministre des affaires étrangères. Macron interdit à Israel d’exposer ses armes à Euro Satory, comme si ce pays était la Russie ou la Corée du Nord. Et je ne parle même pas du discours absolument écoeurant ou ce même Macron ose parler de barbarie en évoquant Israel, pays démocratique pogromisé qui se bat pour son existence. Quant à Jean-Noel Barreau, ce personnage est surtout totalement étranger aux affaires !
Nous sommes maintenant sous l’ere de la liberté de type rosbespierriste… pour notre bien, naturellement, et… plus de liberté.
On fait taire BS afin qu’il ne puisse communiquer ses idées.
Ici en Grande-Bretagne les britanniques s’élèvent sérieusement depuis a peine une dizaine d’années contre le monopole de la BBC* et des nombreux scandales qui ne cessent de la secouer.
De moins en moins de britanniques sont enclins à payer une redevance pour un service qu’ils ne peuvent plus et ne veulent plus « supporter » au sens proche comme au figuré.
* [British Broadcast Communist].
Aussi, à plus ou moins longue échéance, les jours de la BBC sont comptés…
C’est une évidence.
Même le pouvoir socialiste ; élu par les magouilles électorales et sa proportionnelle, elles-mêmes dénigrées ; vieux d’à peine quelques mois vacille…
Puissent les français se réveiller, et exiger la fin du service public de propagande payé par leurs deniers, et dans lequel ils ne se retrouvent plus…
Sauf les gauchistes évidemment.
Nous savons que sur « France-Hernotte-Télévision » être de bon sens équivaut à être d’extrême droite. Nous savons que Boualem Sansal est « raciste », car aimer la France, c’est être « raciste ».
Perso j’ai signalé à l’ARCOM … Ils feront rien, bien sûr, mais ça embêtera ces ronds de cuir d’avoir à plancher sur un signalement concernant le service public …
Et je suppose que l’Arcom, cette assemblée de « blancs », est encore à la piscine ? Il serait grand temps d’arrêter de subventionner les médias d’Etat et, du coup, on pourrait aussi supprimer l’arcom et faire des économies importantes tout en respectant le choix des citoyens quant aux médias qu’ils souhaitent regarder, écouter ou lire. La vraie démocratie en somme.
Pas de si pas de .mais il faut condamner cette atteinte à la liberté d’expression ! Vite une pétition ….
Youhou l’arcooom… ? Vous êtes là ? Ah non, sont trop occupés à traquer cnews…
Et je ne parle pas de « l’historien » Benjamin Stora qui est spécialiste de la guerre d’Algérie qu’il n’a pas connu et encore moins vécu puisqu’il est parti de ce pays à l’âge de … 11ans ! Ce qu’il a appris de la guerre d’Algérie c’est ce que lui ont gravé dans la crâne les propagandistes et les repentants « aplaventristes » et traitres français qui ont financé et armé le FLN pour qu’il arrive à ses funestes fins. Voilà les « grandes connaissances » algériennes du grand copain à Macron.
Le VRAI problème est tout à fait « simple » : il y a beaucoup de « stora » en FRANCE ! …