Allemagne : 2.000 islamistes manifestent pour la charia

Capture d'écran YT
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À Hambourg, le visage de l’islamisme nouvelle génération a un nom : celui de Joe Boateng, 25 ans. Leader du mouvement islamiste « Muslim Interaktiv » – proche du mouvement islamiste Hizb ut-Tahrir (Parti islamique de la Libération), interdit en Allemagne, qui prône la restauration d’un « État islamique » –, ce dernier s’est illustré samedi 12 octobre à l’occasion d’un rassemblement de 2.000 personnes pour « arrêter le génocide contre nos frères et sœurs ouïghours ». En réalité, l’événement était surtout prétexte à soutenir la Palestine et dénoncer le gouvernement israélien, malgré l’interdiction de « tout symbolisme et toute approbation ou glorification des attaques contre Israël » – y compris brûler des drapeaux israéliens, remettre en question le droit d’Israël à exister, exiger un califat en Allemagne et manifester en tenue d'apparence militaire.

La droite allemande s’insurge, la gauche dénonce l’extrême droite

Contacté par BV, le député européen de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) Daniel Caspary dit ne pas comprendre « que cela soit autorisé sous cette forme ». « Je me réfère au gouvernement fédéral qui est malheureusement resté largement inactif sur cette question », déplore mollement celui qui est également président de la délégation CDU/CSU au sein du Parti populaire européen (PPE) et président de la délégation pour les relations avec Israël au Parlement européen. Du côté de l’AFD (Alternative für Deutschland), l’indignation se fait plus franche. Interrogé par BV, le député européen René Aust, coprésident du groupe L’Europe des nations souveraines (ENS), dénonce « le grand danger de l'extrémisme religieux largement ignoré par les partis établis qui ne veulent pas faire face aux conséquences fatales de leur propre politique. » À l’échelle locale, la droite hambourgeoise est, elle aussi, outrée qu’un tel rassemblement ait eu droit de cité. « Ça suffit ! Je ne veux plus voir de telles images dans nos rues » s'est indigné Dennis Thering, président de la CDU hambourgeoise.

Les images de centaines d’islamistes rassemblés dans les rues d’une des villes les plus importantes d’Allemagne devraient créer la même indignation à gauche, mais il n’en est rien. Dans un communiqué de presse transmis à BV par un élu socialiste local, Dirk Kienscherf, président du Parti social-démocrate de Hambourg – qui tient la mairie –, ose mettre sur le même plan « les manifestations d'islamistes difficilement supportables » et « les défilés d'extrémistes de droite », estimant que « la liberté de réunion est solidement ancrée dans la Loi fondamentale [allemande] ». Il excuse ainsi le pire extrémisme religieux. « Donner sans cesse l'impression que l'on peut suspendre l'État de droit est extrêmement dangereux pour notre démocratie, car les revendications populistes ne profitent qu'aux extrémistes », conclut l’élu de gauche.

Pas une première, à Hambourg

La manifestation du 14 octobre n’était pas une première. En avril dernier, le même groupe « Muslim Interaktiv » s’était rassemblé pour réclamer la mise en place d’un califat en Allemagne, provoquant une pluie de réactions, dont celle du ministre de l’Intérieur allemand Nancy Faeser, qui déclarait : « Ceux qui souhaitent un califat ne sont pas au bon endroit en Allemagne ». Pour autant, rien n’a changé et l’organisation existe toujours.

Actif depuis 2020, « Muslim Interaktiv » reprend les thématiques du Parti islamique de la Libération, dénonçant l’« assimilation forcée » et la « diffamation de l’islam », notamment en France. En octobre 2020, après l'assassinat de Samuel Paty, plusieurs centaines de ses membres avaient manifesté près de l’ambassade de France à Berlin, accusant la France de « génocide algérien » et d’« exploitation au Mali ». Le groupe avait déjà attiré l'attention en protestant contre une agression envers des femmes musulmanes à Paris. Au vu d'un tel discours, profondément provocateur et vecteur du pire de l’islam politique, une question fondamentale se pose : pourquoi ces individus, prônant des idéologies contraires aux valeurs de nos démocraties, jouissent-ils encore du droit de manifester, voire d'exister légalement dans l'espace public, avec l’aval constant de l’extrême gauche ?

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Julien Tellier
Journaliste stagiaire à BV

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