Amputation des pensions de réversion : les propositions misérables de M. Delevoye
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On dirait que notre Président ne sait plus quoi inventer pour finir d'achever les classes moyennes.
Aujourd'hui, les retraites sont à peu près équilibrées, beaucoup grâce aux mesures prises par M. Sarkozy et un peu grâce à celles de M. Hollande. Pour combler le léger déficit qui persiste, il suffit de décider d’un petit report de l’âge de la retraite, d’une faible diminution du montant des pensions (mais c’est la voie la moins acceptable) ou d’une menue augmentation des cotisations.
Comme cette réforme a été bien faite et qu’elle fonctionne bien, pourquoi changer ce qui marche ? Mais M. Macron n’en a cure et veut instaurer la retraite à points prétendument plus juste (pourtant, avec la meilleure volonté possible, on ne voit pas pourquoi elle le serait). Ce bouleversement fera quelques heureux et beaucoup de perdants. Par exemple, le montant des pensions des enseignants pourrait passer de 3.000 euros à 2.000 euros, car il serait calculé sur l’ensemble de leur carrière et non plus sur les six derniers mois. Bien entendu, on peut voir les professeurs comme des privilégiés (comme le fait le pouvoir, qui méprise les classes moyennes) et applaudir à cette amputation, mais ils ne seront pas les seuls à être impactés et une grande partie des Français sera atteinte. En outre, en cas de déficit, il est question d'ajuster le système en baissant automatiquement le montant des prestations. On pourra percevoir 1.800 euros à 63 ans et n’en avoir plus que 1.500 euros trente ans plus tard, malgré l’inflation.
Une autre catégorie qui risque de beaucoup souffrir sera celle des veufs et des veuves. On a, d’abord, évoqué l'idée de supprimer carrément la réversion en arguant que de plus en plus de femmes travaillent et bénéficient d'une retraite. Mais le Premier ministre a fait machine arrière devant le tollé qu’il avait provoqué. Or, un puissant lobby veut supprimer les 36 milliards de pensions de réversion (11 % du montant total des retraites). Il est constitué de toutes les personnes jamais mariées (15 % des seniors de plus de 60 ans) qui aimeraient augmenter ainsi leurs propres pensions. De même les féministes enragées qui traquent les femmes au foyer et veulent les obliger à travailler sont sur la même longueur d’onde. Elles sont peu nombreuses, mais sont actives dans les médias. Et n’oublions pas qu’en 2016, en plein débat sur le revenu universel, des intellectuels et des économistes voulaient supprimer toutes les retraites et les remplacer par un minimum vieillesse. En versant 12.000 euros par an aux 20 millions de personnes de plus de 65 ans, soit un total de 240 milliards, on économiserait 116 milliards sur le montant total des retraites (soit 356 milliards d’euros) et on pourrait distribuer 200 euros par mois à chaque Français. Ce lobby est toujours actif dans les hautes sphères de l’État et a un grand nombre de partisans.
On n’ira pas jusque-là. Enfin, pas pour le moment. Mais M. Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites, propose qu’au décès d’une personne en couple, on additionne le montant des deux retraites et qu’on complète celle du survivant jusqu’à la moitié du total précédent. Ainsi, par exemple, si une femme touchait 1.000 euros et son mari 1.800 euros de pension, en cas de décès du mari, la veuve touchait jusqu’alors, et dans la majorité des cas, 1.900 euros (sa pension en propre de 1.000 euros et 50 % de la pension du conjoint décédé). Avec ce que propose Jean-Paul Delevoye, la veuve ne percevrait plus que 1.400 euros (50% du montant des deux pensions). Soit un vol qualifié au regard des cotisations versées tout au long de la vie active et, à bien y réfléchir, en contradiction avec le principe même édicté par Macron : "Un euro cotisé donne lieu aux mêmes droits pour tous."
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