Angela Merkel : l’exemple que la droite française ne doit surtout pas suivre…
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Il faut que la prétendue « droite » française cesse d’avoir les yeux de Chimène pour la « droite » allemande. Certes, celle-ci semble avoir duré, ce dont la droite française s’est montrée incapable. Mais sur les quatre mandats de Mme Merkel comme chancelière, un seul - le second -, avec les libéraux, se situait vraiment à droite. Les trois autres rassemblaient les chrétiens-démocrates et les socio-démocrates.
Et tout le monde s’est aperçu que Mme Merkel préférait cette alliance à l’autre. C’est sans amertume qu’elle a finalement laissé la place à la gauche à laquelle s’adjoignait le parti libéral. Ces alliances assez peu compréhensibles en France reposent sur deux principes : la primauté de l’économie et la recherche du consensus pragmatique. La priorité de l’intérêt national est au cœur du consensus. Toutefois, la défense de la civilisation et de l’identité allemandes ne peuvent être privilégiée. Le poids très lourd du passé interdit de telles préoccupations. L’Allemagne mourra, mais comme une vieille dame riche qui léguera ses biens à sa gouvernante préférée venue d’ailleurs. Déjà, le patriotisme constitutionnel l’emporte sur le patriotisme tout court - sauf pour le football, bien sûr.
En 2009, l’UMP saluait la « belle victoire » d’Angela Merkel, reconduite à la chancellerie, estimant que « les citoyens allemands ont fait le choix de l’efficacité et de la cohérence ». Xavier Bertrand, alors secrétaire général, précisait : « Cette réélection est une très bonne nouvelle pour le couple franco-allemand. » Quatre ans plus tard, la « droite » française qui avait été chassée du pouvoir « se » félicitait à nouveau de la reconduction de Mme Merkel, cette fois pourtant alliée au PSD. Celle-ci avait démontré une habileté politique qui faisait envie et gagné la bataille des chiffres avec un chômage à 5,3 %, un excédent public de 0,2 % et un excédent commercial de 118 milliards. Elle avait redonné à l’Allemagne sa fierté dénuée d’arrogance, fondée sur le sérieux, la qualité des produits, la prudence internationale, aux antipodes d’un nationalisme frappé d’interdit. Le nain politique était redevenu calmement la première puissance européenne, celle qui donne le la à tout l’orchestre. Pendant ce temps, le premier violon français avec son solo discordant faisait rire dans les coulisses. Mutti incarnait ce que les Européens vieillissants réclament le plus : la protection. Sa durée et sa popularité étaient exceptionnelles.
Sa gestion de la crise des migrants, en 2015, vint dissiper le malentendu. Favorable à l’immigration, elle en ouvrit les vannes sans mesure sous la pression des images de réfugiés traversant la Méditerranée. Les violences des migrants rendirent les Allemands plus lucides. Mme Merkel est une politicienne habile qui s’adapte aux mouvements d’opinion. Ce n’est pas une femme politique qui a la dimension d’un grand homme d’État. Loin de redresser un pays qui s’est fourvoyé, Mme Merkel a reçu un bel héritage qu’elle n’a pas dilapidé. Mais lorsqu’une question difficile a surgi, elle a adopté trop rapidement la solution la plus conforme aux émotions qui parcouraient l’opinion publique… et aux intérêts électoraux de son parti, à court terme. Elle avait déjà tranché brutalement en ce sens après Fukushima, alors que ses chrétiens-démocrates perdaient leur bastion du Bade-Wurtemberg sous la pression des Verts. Dans un pays peu enclin à subir tremblements de terre et raz-de-marée, elle avait brusquement accéléré la sortie de la filière électronucléaire. Certes, l’accent avait été mis sur les énergies renouvelables, mais les conséquences les plus immédiates ont été le recours au charbon, au lignite, l’accroissement de la production de gaz à effet de serre (+2 % en 2012), l’augmentation du prix de l’électricité. La contradiction entre cette décision intempestive et les déclarations grandiloquentes sur le danger du réchauffement climatique disqualifie tout dirigeant politique.
La durée et la survie d’un parti au prix des idées qui le fondent ne sont pas un exemple à suivre : la droite française devrait s’inspirer de cette leçon.
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