Angela Merkel ne regrette rien, pas même la crise des migrants de 2015 

© Wikimedia Commons / Raimond Spekking
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700 pages de récit, de détails à n’en plus finir et d’autojustification. Ce 26 novembre, près de trois ans après son départ du pouvoir, Angela Merkel publie ses Mémoires, sous le titre Liberté (Freiheit), traduits dans une trentaine de pays. L’occasion, pour l’ancienne chancelière, de revenir sur son enfance, ses premiers pas en politique, son accession au pouvoir, ses seize années à la tête de la République fédérale d’Allemagne et une grande partie de ses décisions politiques. Mais alors que son bilan est sous le feu des critiques depuis son départ de la chancellerie en décembre 2021, Angela Merkel n’exprime dans ses Mémoires aucun regret. Pas même sur sa politique migratoire, aujourd’hui pourtant décriée, qu’elle continue de défendre.

Aucun regret exprimé pour Cologne 

« Lorsque je me réveillais ce matin-là, je ne me doutais pas encore que ce vendredi 4 septembre 2015 allait entrer dans l’Histoire européenne. » Dans un style chronologique, presque insipide, Angela Merkel finit par revenir sur « la décision » de ses années à la chancellerie : accueillir plus d’un million de réfugiés sur le sol allemand. Ne manquant pas d’égratigner Viktor Orbán, avec qui elle ne partage définitivement pas les mêmes vues sur l’immigration, l’ancienne chancelière allemande profite de ses Mémoires pour justifier cet accueil massif de migrants au nom d’une « situation humanitaire d’urgence ». Et à la lire, cette décision était réfléchie, pesée et limitée dans le temps. Jamais, en ouvrant les frontières de l’Allemagne en septembre 2015, Angela Merkel n’aurait, selon elle, envoyé des signaux qui auraient exprimé une volonté d’accueil exagérée et créé un appel d'air. « Si nous devons à présent commencer à présenter des excuses parce que nous montrons un visage aimable dans des situations d’urgence, alors, ce pays n’est pas le mien », déclarait-elle, en 2015.

Une conviction qui ne la quitte pas aujourd’hui, alors même qu’elle retrace dans ses Mémoires le récit d’attentats islamistes perpétrés en 2015 et 2016 et commis bien souvent par… des demandeurs d’asile. Mais l’ancienne chancelière allemande, près de dix ans après les faits, refuse encore d’établir un lien, même potentiel, entre immigration et islamisme ou immigration et insécurité. Elle écrit plutôt : « Les valeurs de notre démocratie et de notre État de droit se révéleront plus fortes que le terrorisme. » À cela s’ajoute la terrible nuit de la Saint-Sylvestre 2015-2016. À Cologne, Hambourg et dans d’autres villes du pays, près de 1.200 femmes ont été agressées. Leurs agresseurs : « des centaines de Nord-Africains ou d’Arabes âgés entre 18 et 35 ans ». Angela Merkel ne consacre qu’une dizaine de lignes à cette nuit tragique qui a choqué l'Europe entière, se contentant de commenter et de constater les faits. Là encore, elle n’exprime aucun regret, ne présente aucune excuse, n’assume aucune responsabilité.

Pire : elle continue de porter la même politique migratoire. À la fin de l’un de ses chapitres consacrés à la crise des réfugiés, elle présente même ses préconisations : « L’Europe doit toujours protéger ses frontières extérieures. [Mais] la prospérité et l’État de droit feront toujours de l’Allemagne et de l’Europe des lieux où l’on désire se rendre. Nous ne pouvons y faire face qu’en associant le combat contre les passeurs et la migration irrégulière à l’effort visant à créer des contingents d’immigration légale. » Ce à quoi elle ajoute : « Notre évolution démographique et le manque de main-d’œuvre rendent une migration légale indispensable. »

Un bilan dénoncé par les Allemands

Et elle profite même de l’occasion pour faire la leçon aux partis politiques. « Je suis convaincue que si les partis démocratiques croient parvenir à contenir la progression de l’AfD en continuant sans relâche à s’emparer de ses thèmes, […] ils échoueront. […] Cela vaut a fortiori pour la politique envers les réfugiés », écrit-elle.

Pourtant, les Allemands jugent aujourd’hui avec sévérité la politique migratoire d’Angela Merkel. Il faut dire, comme le souligne Marc Vanguard sur son compte X, que depuis 2015, l’Allemagne a accueilli 2,5 millions d’étrangers extra-européens sur son sol. Résultat : près d’un habitant sur six, en Allemagne, est aujourd’hui étranger. Associé à un manque d’intégration et une hausse de l’insécurité, la majorité des Allemands jugent, aujourd’hui, que la politique migratoire allemande a échoué (64 % jugent, ainsi, l’immigration comme un désavantage pour l’Allemagne). Même la CDU, parti d’Angela Merkel, souhaite désormais refouler les demandeurs d’asile à la frontière, le temps de l'instruction. Mais cela n’inspire toujours aucun regret à Mme Merkel…

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

26 commentaires

  1. aucun remord non plus sur son addiction au gaz russe, son renoncement au nucléaire, ou son manque d’interêt pour les nouvelles technologies et le numérique, secteurs dans lesquels, un fois n’est pas coutume, la france est devant l’allemagne. Par exemple 70% des français ont internet via la fibre optique, 20% en allemagne.

  2. La situation de son pays ou de l’europe, elle s’en moque et profite bien de sa retraite dorée. Elle a bien suivie
    la feuille de route reçue par les usa.

  3. Fille de Pasteur et biberonnée au scientisme religieux humaniste, Angela Merckel est une humanitariste utopique qui ne prend pas en compte la réalité humaine et géopolitique. Elle se prend pour le Messie.

  4. Angela Merkel fonctionne comme une religieuse intégriste , sa religion est une utopie politique , tout ce qu’elle à fait au service de son utopie politique est bien , impossible de s’excuser .
    Les formations scientifiques, contrairement à ce qu’on pourrait croire , protègent moins que les formations littéraires contre les religions et les utopies politiques .

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