[ANIMAUX] Corée du Sud : les poussettes c’est d’abord pour les chiens

Capture d'écran © KNN NEWS
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En visite à Djakarta, le pape François s’est félicité de la démographie indonésienne : « Dans votre pays, les gens font trois, quatre ou cinq enfants, c’est un exemple pour chaque pays, alors que certains préfèrent n’avoir qu’un chat ou un petit chien. » Il avait déjà fait ce reproche aux Occidentaux de préférer les animaux de compagnie à la compagnie des enfants. Peut-être le Vatican a-t-il tellement culpabilisé l’homme blanc que celui-ci a de moins en moins envie de se reproduire ?

En réalité, le taux de fertilité des Indonésiennes est passé en soixante ans de 5,5 à 2,2. D’autres pays d’Asie chutent eux aussi. La Corée du Sud, par exemple: l’indice de fécondité est à 0,8, très loin derrière la France (1,8). Du coup, pour la deuxième année, il se vend en Corée du Sud davantage de poussettes pour chiens que de poussettes pour bébé.

Un landau à 24.000 dollars pour Youki ou Médor

Capture d'écran du site PetFriends.

Les ventes explosent sur les sites marchands coréens. Des sites généralistes comme Gmarket, ou spécialisés comme PetFriends ont vu leur vente de poussettes quadrupler depuis 2019. L’offre est variée, de 50 dollars pour un modèle basique à près de 24.000 dollars pour un landau princier vendu par Gmarket. Toutes options. Finition en cuir, toile protégeant le chien des UV, équipé d’une moustiquaire, d’amortisseurs pour ne pas malmener l'animal, d’une nacelle détachable en mode cosy ou siège auto! Et cette rolls est bien entendu facile à plier.

Cet anthropomorphisme poussé jusqu’à la singerie laisse rêveur. Il n’est satisfaisant ni humainement, ni « caninement ». Un vétérinaire coréen rappelle que l’utilisation d’une poussette est concevable pour la promenade des chiens vieux et handicapés. Mais des chiens en bonne santé ? Autant dire que c’est de la maltraitance, et d’un point de vue sensoriel (truffe et pattes), et d’un point de vue socialisation. Une infantilisation des plus déplorables, alors que la promenade, en gambadant sans laisse, la truffe au ras du sol, est pour la plupart des chiens leur moment préféré de la journée.

Le cas présidentiel

Selon les mots du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, la crise démographique représente une « urgence nationale ». Problème: Yoon Suk Yeol et son épouse Kim Keon Hee n’ont eux-mêmes pas d’enfants, mais, qu’ils élèvent dans la résidence présidentielle, huit chiens et cinq chats. Parmi eux, deux chiens de berger d’Asie centrale offerts en juin dernier par le président turkmène. Rustiques molossoïdes descendant d’un mâtin tibétain croisé avec un chien de berger autochtone, sont-ils promenés en landau ? « Y’en a qu’ont essayé… »

Pour le moment, tout ce qu’a réussir à obtenir le couple présidentiel est l’adoption, non d’un enfant mais d’un projet de loi interdisant le commerce et la consommation de viande de chien d’ici à 2027. Un virage historique dans un pays où le chien faisait partie intégrante des livres de cuisine. Que des chiens échappent à la casserole, avec joie; mais qu’ils soient trimballés en poussette ne saurait être vu comme un progrès de leur condition.

Du côté de Pyongyang

En Corée du Nord, on n’en est pas aux poussettes ni à l’interdiction du chien au menu. D’une part parce qu’en 2020 posséder un chien a été décrié par Kim Jong-un comme « une tendance corrompue de l'idéologie bourgeoise ». D’autre part parce que le communisme ne nourrissant pas son homme, les chiens ont alors été confisqués à leurs propriétaires, les plus comestibles envoyés aux restaurants - et les fourrures transformées en vêtements. Côté démographie, le taux de la Corée du Nord est semblable à celui de la France (1,8), et pour le coup ce n’est ni la faute au capitalisme de l’homme blanc, ni à l’amour des chiens.

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

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