[ANIMAUX] L’abattage rituel, pierre d’achoppement… politique

Détail du "Triomphe de Job", par Guido Reni © Samuel Martin
Détail du "Triomphe de Job", par Guido Reni © Samuel Martin

Depuis le 24 juin, tout un chacun peut signaler les cas de maltraitance animale dont il a connaissance au 36 77, numéro mis en place par le Conseil national de la protection animale (CNPA). Pour la fête musulmane de l’aïd el-kébir, c’est trop tard. Le 36 77 aurait pu recevoir plus de 100.000 signalements pour autant de moutons égorgés sans étourdissement préalable.

Le sujet est devenu politique, il divise. Nous avions signalé les divergences qui existaient sur le sujet de l’abattage rituel au sein même des leaders de Reconquête, Marion Maréchal étant favorable à l’interdiction, Sarah Knafo défavorable. Jusqu’à maintenant, le RN avait été ferme : l’abattage rituel serait supprimé. Mais voilà que Sébastien Chenu affirme - sur Radio J, radio communautaire juive - que le RN ne touchera ni au halal ni au cacher.

Musulmans, Juifs et infidèles

Il est vrai que les rites sont proches. Entre shehita (occision, en hébreu) et dhabiha (abattage, en arabe), peu de différences. Le sacrificateur dit les prières à Yahvé ou Allah, tranche la gorge jusqu’aux vertèbres et laisse la bête se vider de son sang. Les Juifs ne peuvent manger halal, car chez les musulmans, il n’est pas procédé à l’examen complet de la bête post-mortem, examen requis chez les Juifs. En théorie, les musulmans peuvent manger cacher… à condition de faire leur propre invocation à Allah avant de manger. Mais l’avis des sages diffère sur ce point. La radicalisation des pratiques musulmanes mène à repousser le cacher.

Notons que les Juifs comme les musulmans, si pointilleux quant à la viande qu’ils mangent, le sont beaucoup moins pour le surplus de viande cacher et halal qui aboutit dans les assiettes des infidèles neutres ou laïcards... à leur insu. L’étiquetage des viandes est quasiment une biographie de la bête, mais le modus operandi de la mise à mort reste un mystère, comme une maladie honteuse. Même si, depuis saint Paul, les chrétiens ne se formalisent pas des questions alimentaires, comment peut-on priver le simple consommateur de cette information ?

Les animaux ou les urnes ?

L’interdiction de l’abattage rituel se justifie, en politique, par l’abolition de la souffrance animale. Mais condition animale et intérêts électoraux ne font pas bon ménage. L’extrême gauche se dit opposée à l’abattage rituel - mollement. On ne l’imagine pas l’interdire : elle se mettrait à dos son vivier électoral, les musulmans français qui mangent halal. Le RN pouvait s’y opposer franchement : les musulmans sont peu nombreux à voter pour lui, mais les Juifs se mettent à voter RN. Aussi, le parti de Bardella ne souhaite plus interdire le cacher, et impossible d’en séparer le halal. Compliqué.

D'autant que le spectre de la discrimination n’est jamais bien loin. Interdire le halal serait islamophobe. Interdire le cacher, antisémite. Sur ce point, c’est, depuis le 7 octobre, le seul trait d’union entre les deux religions. À propos de l’interdiction d’abattage rituel en Flandres et en Wallonie, validée par la CDEH, le grand rabbin Pinchas Goldschmidt jugeait la décision « discriminante à l’égard des Juifs mais aussi des musulmans de France et d’Europe ». La protection des animaux ne serait qu’un prétexte.

Bien-être animal: un précédent fâcheux

Les défenseurs de la cause animale ne s'en vantent pas mais... c’est bien au nom de la souffrance animale que l’Allemagne nazie avait interdit l’abattage rituel, en avril 1933. Certains y voient une loi antisémite déguisée, mais la protection des animaux n’était pas secondaire dans l’idéologie nazie qui instaura un certain nombres de lois portées par une vision progressiste de la relation hommes-animaux (anti-chasse, végétarisme, sensibilité animale). En comparaison, l’association L214 pourrait passer pour modérée dans sa défense de nos amis les bêtes et le Parti animaliste pour un succédané. Justement, L214 a donné ses consignes pour les législatives : il faut faire barrage au RN pour le bien des animaux, car « la question animale semble être abordée uniquement dans le programme du Nouveau Front populaire », précise l'association. Immigration musulmane massive et bien-être animal sont pourtant contradictoires. Mais veaux, vaches et moutons sont ici sacrifiés sur l’autel de... la politique.

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Même que j’estime que le halal et le cacher sont des labels de barbarie animale, je suis contre l’interdiction de l’abattage rituel. L’idéologie animaliste est une composante du wokisme, et il ne faut en aucun cas leur céder du terrain. Plutôt que d’interdire, j’estime qu’un système de bonus malus lié à la traite des animaux, de l’élevage au tuage, soit mis en place. Et je refuse d’employer le terme de bien-être animal, qui est une notion fourre-tout et un cheval de Troie vers l’acceptation de dérives délirantes (par exemple dans quelques années certains nous diront qu’un animal d’élevage doit être caressé tous les jours pour respecter le bien-être animal). Quant à la reculade du RN, on a bien compris que c’est pour éviter de froisser les français de confession juive, mais c’est très bien ainsi.

  2. Certes il y a le problème de la souffrance animale, puisque il faut que la bête meure en 15 à 20 mn pour être halal! Comme c’est très douloureux, la bête est stressée et, de fait, du liquide stomacal remonte et salit la viande. D’où les « épidémies » d’infections à Escherichia coli lors de la consommation de viande mal cuite (genre steak haché ).
    Ensuite : « Même si, depuis saint Paul, les chrétiens ne se formalisent pas des questions alimentaires, comment peut-on priver le simple consommateur de cette information ? », il faudrait ajouter que « si quelqu’un vous dit : « C’est de la viande offerte aux idoles », n’en mangez pas à cause de celui qui vous a informés et par motif de conscience. » (Corinthiens 1-10). Surtout si c’est « avec un sentiment de vénération pour la divinité « 

  3. On notera tout de même que les vidéos d’animaux abattus dans des conditions insoutenables ne concernent jamais des scènes d’abattages rituel dans des abattoirs agréés, qui sont très surveillés et bien moins douloureux pour les animaux que les séquences qui nous sont montrées!
    Les défenseurs des animaux se trompent de cible.
    Les mesures à prendre concernent d’abord les abattages clandestins et les dérives de certains abattoirs filmés par L214

  4. 80% et plus de la viande en France est halal et en plus ils encaissent une taxe sur chaque kilo pour construire des mosquées, tout cela avec l aval des politiques et des veaux qui ne le savent même pas ou qui trouvent ça très bien

  5. A minima, le consommateur devrait avoir le droit de savoir comment a été abattu l’animal dont il achète la viande. Au nom de la transparence et de la traçabilité. Tant que cette information restera cachée, je n’achète que du porc. Et tous les défenseurs sincères des animaux devraient faire de même : n’acheter que du porc ou se passer de viande.

  6. Le problème, même si la souffrance de l’animal est importante, le scandale sanitaire l’est tout autant.
    La contamination de la viande par l’E.Coli responsable des gastro enterites. Que le RN se mette en rapport avec le Dr de Peretti , vétérinaire, il aura tous renseignements utiles et la question sera réglée.
    Les juifs seront rassurés sur la qualité de la viande , leur casher sera préservé.
    Je n’arrête pas de signaler ce scandale sanitaire….pour rien ??

  7. Tous autant qu’ils sont imposent de la viande hallal dans la majorité des cantines sans demander l’avis des parents . Pareil dans les commerces , aucun étiquetage clair ne précise si c’est hallal ou pas . En tant que parents et consommateurs nous avons le droit de savoir et de choisir . Ce n’est pas aux musulmans de l’imposer dans ce pays aux racines chrétiennes . Nous attendons une décision claire et ferme pour les français qui refusent de manger cette viande .

    • Excatement.
      J’ai vécu aux emirats. La viande hallal venait d’Australie ou Pakistan.
      Évidemment, j’achetais australien.
      Sinon j’avais aussi la possibilité d’acheter du porc importé Évidemment.
      Qui venait d’Allemagne ou de France

    • Exactement, je ne suis pas foncièrement contre l’abattage rituel (encadré et normalisé) à condition que l’information soit claire au niveau de l’étiquetage de la viande. Je ne souhaite pas manger ce genre de viande et je ne veux pas qu’on me l’impose.

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