[ANIMAUX] Le 4 octobre, même les écolos révèrent saint François d’Assise

Fresque de Giotto © Wikipedia
Fresque de Giotto © Wikipedia

La manie des « journées mondiales » est agaçante. Les abeilles ont la leur le 20 mai, les papillons le 1er juillet, les chats le 8 août, les éléphants le 12 août, les moustiques le 20 août, les chiens le 26 août, les rhinocéros le 22 septembre. Les chauves-souris, elles, ont leur « nuit internationale » (le dernier week-end d’août). La liste n’est pas exhaustive et il y faut y ajouter le 4 octobre, « Journée mondiale des animaux ».

Tout commence le 25 mars 1925, à Berlin, où Heinrich Zimmermann organise une journée contre la cruauté à l’égard des animaux. Ce Juif polonais est le directeur du magazine Mensch und Hund (L’Homme et le Chien), éditeur de Frère animal - Le livre des amoureux des animaux (1930), du Lexique des amoureux des chiens (1933). Il mourra en camp de concentration en 1942.

 

Entre-temps, l’idée d’une journée consacrée aux animaux a fait son chemin et la première Journée mondiale des animaux a lieu en 1931, le 4 octobre, fête de saint François d’Assise. Ce patronage va de soi. Son plus célèbre poème, le Cantique de frère soleil, est dans la droite ligne du psaume 148 qui appelait les astres et les éléments, la faune et la flore, les vieux et les jeunes, à louer Dieu.

Dans sa vie même, le Poverello prêche aux oiseaux. Il règle le problème de la cohabitation du loup et des populations avec huit cents ans d’avance (l’histoire du « loup de Gubbio »). Il évite de marcher sur les vers de terre pour ne pas les écraser. Il rachète à des bergers des moutons destinés à la boucherie. Par bien des aspects, son comportement pourrait être celui d’un militant écolo.

« Patron céleste » des écolos

C’est d’ailleurs sous la pression des mouvements écologistes, mais aussi pour leur donner un tuteur, qu’en 1979, le pape Jean-Paul II l’élève au rang de « patron céleste des tenants de l'écologie ». François d’Assise fait partie des saints qui « adoraient les choses de la nature comme un don merveilleux fait par Dieu au genre humain ». Il avait « une sensibilité particulière pour les toutes les œuvres du Créateur ».

Cette dimension spirituelle est résolument appuyée sur une transcendance. Nous sommes frères et sœurs en tant que créatures de Dieu. Mais l’Homme, tout animal qu’il est, garde la particularité d’être « à l’image de Dieu ». Or, cela définit exactement le crime du « spécisme » : « un ensemble d’idées défendues par les êtres humains afin de justifier et de perpétuer leur domination sur les animaux. […] Cette éthique animale idéologique d’Occident est fondée sur le judaïsme et l’Antiquité grecque, dont le christianisme est la synthèse. » Idée inadmissible pour les antispécistes comme pour les vegans.

Un exemple de compassion

Cependant, témoins du rayonnement de saint François d’Assise, bien des organisations animalistes lui rendent hommage. Contactée par BV, Anissa Putois, responsable communication et campagnes de PETA France, nous répond : « Saint François d’Assise était un exemple de compassion pour les animaux, qu’il appelait "nos frères et sœurs sous Dieu". » PETA a, d’ailleurs, nommé le pape François « personnalité de l’année » en 2015 suite à la publication de Laudato si' mais lui reproche de ne pas assez suivre l’exemple franciscain puisque, nous dit Anissa Putois, « l'Église catholique continue d'être très présente dans le monde de la corrida, entretenant un lien fort avec cette pratique barbare d'un autre temps ».

Quant à l’organisation officielle du 4 octobre, World Animal Day, elle répond à BV que le lien avec saint François d’Assise existe toujours et met en avant que « des bénédictions d'animaux dans les églises ont toujours lieu le 4 octobre dans le monde entier », dont le site en relaye quelques-unes. En effet, si elles peuvent avoir lieu à diverses dates, le 4 octobre reste un jour privilégié pour les organiser. La Journée mondiale des animaux garde un lien avec saint François d’Assise et on ne peut que se féliciter que ce patronage perdure.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Saint-François est évidemment mon saint de prédilection ! Amie inconditionnelle des animaux je suis effarée, peinée, par l’asservissement de l’humain sur les autres espèces. Les exemples abondent, sans oublier la corrida, il y a la vénerie souterraine, qui traque les petits animaux jusque dans leurs terriers, l’élevage industriel et ses cruautés innommables, la liste est non exhaustive… J’espère une prise de conscience de la jeunesse pour un avenir plus respectueux envers les animaux. D’autant que, si on ne prend comme exemple que l’élevage industriel, la santé humaine en est impactée : les animaux étant bourrés d’antibiotiques et autres médicaments. Leur grande promiscuité étant source de proliférations les éleveurs ne peuvent éviter de placer leurs animaux sous traitements intensifs… La viande est donc polluée à la source !

  2. Amoureux des animaux ( je viens de m’assurer hier de ne pas avoir écrasé l’araignée qui se cachait derrière la porte du cabanon de jardin) j’adore mon chat qui me le rend bien à me fixer des yeux,déambuler derrière moi, écouter ce que je lui raconte, ronronner dès qu’il me voit etc…mais pour autant, je ne supporte pas l’écologie politique et ses théories.
    Saint François est sans doute mon saint préféré, il faut dire que j’ai son nom dans mes prénoms et quand je sais éviter d’écraser un animal, si petit soit-il genre genre insecte qui court sur le trottoir, je le fais, et je constate qu’il m’a vu car il tente de m’esquiver. A propos, quand je sauve une musaraigne, une grenouille ou un moineau des dents de mon animal préféré, je le/la prends dans mes mains et quand, rendu à la nature, l’animal reste toujours quelques instants dans mes mains, tranquille….

  3. « Cette pratique barbare d’un autre temps » a été instituée pour canaliser les violences humaines . Je n’ai pas de goût pour la corrida mais peut-être que sa valeur pédagogique pourrait être reconnue : le rapport bénéfice-risque serait alors réévalué par les délinquants de toute sorte .
    Bonne fête à tous ceux qui partagent avec moi le patronage du saint d’Assise !

  4. Tous les amoureux des animaux ne sont pas des écolos, et heureusement. Brigitte Bardot n’a jamais sombré dans l’écologie ni la radicalisation et elle se bat VRAIMENT pour la cause animale.

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