[ANIMAUX] Loup y es-tu ? Le décompte de l’OFB ne satisfait pas les éleveurs

Alors que le loup vient d’être rétrogradé au rang d’« espèce protégée » (et non plus « strictement protégée »), le Groupe National Loup s’est réuni le 16 décembre pour faire le point. Fabienne Buccio, préfète coordonnatrice du Plan National d’Actions loup et activités d’élevage, a donné l’estimation officielle de la population lupine française : elle est stable, avec 1.013 individus. Le « plafond de destructions » pour 2025 est fixé à 192 loups - soit les 19 % autorisés.
Maillage, preuves génétiques: insuffisant!
Obtenu par l’Office Français de la Biodiversité (OFB), ce chiffre de 1.013 loup est contesté par les syndicats. Joint par BV, Christian Provent, le référent loup de la Coordination rurale, nous explique pourquoi la méthode est défectueuse. En ne prenant en compte que les expertises génétiques (excréments, urine, sang, poil), l’OFB ignore les prédations, les traces, les signalements sonores ou visuels (pièges photos, observation des éleveurs). De même, seule des mailles du territoire sont observées, là où il y a prédation. On peut donc voir des loups, les entendre, dans des endroits où finalement l’OFB conclura à l’absence de loup ! Une minoration d'ordre idéologique, pour légitimer le combat des associations pro-loups ?
La FNSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Fédération Nationale Ovine font la même analyse. L’estimation « ne reflète absolument pas la pression exercée par la prédation sur les éleveurs », dit leur communiqué. Prédation dont la préfecture a donné les chiffres: + 4,6 % en attaques, + 10,6 % en victimes. Les attaques augmenteraient là où le loup s’implante, baisseraient là où il est acclimaté. Cela a entraîné une protestation des présidents de département de la région Auvergne-Rhône-Alpes pour qui le chiffrage ne reflète pas la réalité des prédations. Ils demandent un décompte précis de la population des loups dans les Alpes et une augmentation des tirs autorisés.
De moins en moins de monde autour de la table
Pour le moment, celui qui a du plomb dans le flanc, c’est le Groupe National Loup. Les associations de défense de l’environnement l’ont quitté en septembre 2023, trouvant que le nombre de loups était majoré, et n’y sont pas revenues. (Contactée par BV, l’une d’elles, France Nature Environnement, n’a pas répondu à nos questions.) La réunion du 16 décembre a été boycottée par la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Fédération Nationale Ovine au motif que les chiffres avaient fuité quelques jours auparavant. Il manquait aussi le préfet référent, et les Chambres d’agriculture n’y étaient pas représentées non plus.
Christian Provent, lui, était présent: « Le dossier est trop important pour que la Coordination rurale boycotte ce genre de réunions. Nous déplorons l’absence des associations car les échanges ne peuvent avoir lieu, laissant la place à des batailles de communiqués. » Il nous rappelle la position de son syndicat: « Ce n’est pas une fin en soi de tuer des loups et ce n’est pas un avenir de laisser la prédation sur les troupeaux se développer. »
Avoir une vision continentale
Pour la Coordination rurale, la cohabitation des loups et des élevages est contre nature. Le non-sens est financier (la protection des troupeaux coûte des millions d’euros, financés à 80 % par l’État) mais aussi écologique: « C’est dans les zones de pastoralisme que les éco-systèmes et la biodiversité fonctionnent le mieux, analyse M. Provent, avec des mosaïques de paysages variés et ouverts où vivent un maximum d’espèces, que ce soit faune ou flore. Y amener le loup est désastreux. »
Question débattue et passionnée, Christian Provent le reconnaît. Et de nous préciser: « Nous sommes contre la cohabitation avec le loup, mais nous sommes pour une coexistence. » Des meutes ici, des troupeaux là. Avec une vision continentale qui dépasserait la vision franco-française des associations de l’environnement: les loups vivent très bien dans des territoires de l’Europe de l’Est où le pastoralisme est moins développé. Chacun chez soi… et les troupeaux seront bien gardés.

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2 commentaires
Il me semble que le loup était là avant l’Homme non ? Ce dernier détruit tout sur son passage, animaux, nature et même ses semblables !
OUI, je suis misanthrope…à force de les observer.
Le chiffre de 1.013 loups émane de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) , qui contrôle les agriculteurs , colt à la ceinture , style » On achève bien les chevaux » (Sydney Pollack, 1969) . Dès lors , un loup de + ou de – , …