[ANIMAUX] Nos chardonnerets victimes du trafic à destination du Maghreb

Les oiseaux d’Europe ne sont pas mis en danger seulement par les éoliennes chères à Marine Tondelier. Objets d’un trafic clandestin pour sa beauté et la qualité de son chant, le chardonneret élégant est une espèce menacée… car très désirée au Maghreb, expliquait, il y a peu, La Dépêche.
Un oiseau d’exception
Élégant, il l’est, le chardonneret, avec son masque rouge et des marques jaunes sur les ailes. Son nom est lié au chardon, dont il apprécie les graines. Les peintres se le sont appropriés comme symbole de la Passion : le chardon renvoie à la couronne d’épines, le rouge au sacrifice. Saint Jean-Baptiste en tend un à l’Enfant Jésus dans un tableau de Raphaël.
Le chardonneret élégant a le plumage ; le ramage, aussi. Gros comme un moineau, il est le petit phœnix des hôtes de nos bois, au point qu’au Maghreb et au Proche-Orient, on organise des concours de chant entre chardonnerets. « Il existe des chardonnerets qui ont gagné des concours dont le prix s'estime à plusieurs milliers de dirhams », explique un connaisseur. Un vrai conte des Mille et Une Nuits ! Le piaf mélomane peut même imiter des chants d’autres oiseaux de son entourage.
Le braconnage et ses ravages
Son aire est vaste : Europe entière, Afrique du Nord, Ouest asiatique. Ça n’est pas un gage de survie. Bien que protégée, l’espèce voit ses effectifs chuter. En 2016, le comité français de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) note que sa population avait diminué de 40 % en une décennie. Le chardonneret élégant est inscrit sur la liste des espèces vulnérables. En cause, dit l'UICN, « le net recul des jachères et des chaumes hivernaux », mais aussi « le braconnage, avec probablement des milliers d'oiseaux capturés chaque année ».
Une grande part des chardonnerets, sinon tous, partent direction Afrique du Nord. Là, mêmes causes, même effets, où la raréfaction de l’animal exacerbe le trafic. « L'espèce très convoitée au Maroc et en Algérie fait l'objet d'un trafic transfrontalier qui hypothèque ses chances de se maintenir dans les écosystèmes du royaume », écrit le média marocain L’Opinion. Les contrôles s’intensifient au Maroc, où la capture, la détention, la vente de chardonnerets sont désormais passibles de lourdes amendes.
Un chardonneret peut atteindre 1.000 euros
Si le concours de chant entre chardonnerets, à l’ombre des moucharabiehs, est charmant et poétique comme un conte oriental, la réalité du trafic est plus sordide. Les oiseaux sont capturés avec des pièges à glu, passés au dissolvant pour dissoudre la colle, puis voyagent en loucedé, donc avec un taux de mortalité élevé, jusqu’aux marchés parallèles.
Plus discret que le trafic de drogue, le trafic de chardonnerets rapporte beaucoup : « entre 150 et 450 euros [par oiseau], en fonction de la beauté du plumage et du chant », expliquent des enquêteurs. Le patron de l’Office français de la biodiversité (OFB) de l’Hérault donne une fourchette plus large : « 50 à plus de 1.000 euros, selon son chant et son plumage ». « C’est un trafic moins connu, mais malheureusement aussi rentable que la drogue », déplore-t-il.
L’OFB et les douanes font ce qu’ils peuvent
Effectuées par les efforts conjoints de l’OFB et des douanes, les prises sont régulières mais n’enrayent pas le trafic. En 2023, un homme arrêté et condamné à Montpellier, une filière démantelée en région parisienne. Une autre en mars 2024, à Marseille. En janvier 2025, un braconnier était jugé à Clermont-Ferrand, au moment où un Algérien en situation irrégulière était condamné du côté de Marseille - une plaque tournante du trafic, comme le signalait un reportage de TF1…
Les pays sans frontière comme est la France, c’est sympa, mais on a l’impression que les réseaux mafieux n’ont qu’à venir se servir. Les fils de cuivre arrachés et dérobés, les outils des artisans volés, l’abattage de parcelles forestières à l’insu des propriétaires pour revendre le bois… sont des dommages devenus courants sur tout le territoire. Moins médiatique, d’apparence anodine, le kidnapping de nos chardonnerets élégants devrait alerter patriotes et écolos.

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27 commentaires
Oh, les miens je me les garde; et ils reviennent de plus en plus nombreux chaque année depuis 2016 : Nous avons planté des artichauds au potager ; ils aiment bien, et doivent se donner le mot ? Sinon, nous avons plein de chaumes, roselières, terrains vagues, bosquets de bouleaux, peupliers et aulnes au bord de la rivière en contrebas..
On laisse entrer sur notre territoire voleurs et trafiquants qui viennent de partout pour saigner les français, dans tous les sens du terme d’ailleurs. Mais on a heureusement un état de droit exemplaire où impartialité rime avec efficacité
On est dépouillés dans tous les sens du terme, même de nos innocentes beautés naturelles..J’ai connu une magnifique Provence en 1956/57, et un pays basque encore sauvage avant les effets de mode grégaires d’après 68..
Qu’en pensent les khmers verts , les Pol Pot de l’enfumage .
Merveilleuse Nature….mais déplorable » nature humaine » redoutable prédateur !
Merci pour cet article aussi instructif qu’attristant !
Ils savent, ils sentent : Chez nous, plein d’animaux dits « sauvage », qui viennent jusque sur la terrasse voir la gueule de notre museau de « pas méchants »..
Les oiseaux sont braconnés pour le Maroc ? On n’entendra pas Tondelier alors…..
Les verts sont-ils contents: les gofast ne rentrent plus à vide.