[ANIMAUX] Porcelets affamés : quand l’art contemporain se fait tortionnaire

BV est en mesure d'affirmer, ce 6 mars, que les porcelets sont sains et saufs, mis à l'abri par des militants danois.
Le plasticien Marco Evaristti présentant les porcelets qu'il voulait affamer. © Capture d'écran TV2 Hyheder
Le plasticien Marco Evaristti présentant les porcelets qu'il voulait affamer. © Capture d'écran TV2 Hyheder

Trois porcelets enfermés sous des Caddie™, entourés de tableaux sanguinolents : l’« installation artistique » de Marco Evaristti dans les anciens abattoirs de Copenhague (Den Graa Koedby) était déjà en soi une maltraitance. Pire : le plasticien voulait les laisser mourir de faim afin de dénoncer la souffrance animale dans la filière porcine danoise. Vous avez dit « pervers »?

Deux alternatives à l’affamement étaient proposées. Soit l’abattage des porcelets par les visiteurs, à l’aide d’un pistolet adéquat, afin d’abréger leurs souffrances - ce détail sordide est mentionné par l’organisation World Animal Protection. Soit l’alimentation des animaux si Evaristti obtenait 22.000 membres sur un compte Instragam s'engageant à boycotter le porc d'élevage conventionnel. La perversité redoublée par le chantage.

Une exposition validée par l’administration vétérinaire

Le 28 février, jour de l’ouverture, l’association Anima International a signalé l'exposition aux autorités, puisqu’elle « viole plusieurs articles de la loi danoise sur la protection des animaux », explique à BV Mathias Madsen, responsable de campagne de la branche danoise d’Anima. L'administration vétérinaire et alimentaire danoise a pourtant autorisé l’exposition, et cela, malgré l’absence d’identification des porcelets ! Une légèreté qui interroge. La police débarque alors et adresse un « avertissement » à l’artiste.

Le lendemain, samedi 1er mars, « les porcelets ont été remis à des militants par l'assistant d’Evaristti », continue Mathias Madsen. Des militants de l’association animaliste OASA. Dans la foulée, Evaristti porte plainte pour vol. Les animaux sont tenus cachés par OASA, car si les autorités vétérinaires les retrouvent, ils seront euthanasiés, puisqu’ils n’ont pas d’identification. À moins qu’Evaristti n’indique d’où ils proviennent - ce que, blessé dans son orgueil créateur, il refuse de faire… Contacté par BV, Marco Evaristti n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Plasticien récidiviste

Anima International est d’accord avec « les critiques d’Evaristti sur la cruauté qui caractérise l’agriculture industrielle », explique Mathias Madsen à BV. Cependant, « nous pensons qu'il est absurde d'utiliser la maltraitance animale pour sensibiliser à la maltraitance animale ». D’autant, ajouterons-nous, qu’Evaristti est un récidiviste. En 2000, au musée Trapholt de Kolding, il avait exposé des poissons rouges vivants dans des mixeurs emplis d’eau, les visiteurs étant libres d’appuyer sur le bouton (c’est, décidément, une obsession). Deux poissons avaient été broyés.

Dans cette affaire de poissons, le directeur du musée Trapholt avait été relaxé. « Un technicien en électroménager et un expert vétérinaire sont venus expliquer à la barre que, vu leur vitesse, les lames du mixeur avaient instantanément tué les poissons », expliquait Libération, satisfait de l’expertise. Entre animaux et art contemporain, Libé a fait son choix. De même les activistes de L214 à propos des trois porcelets danois. L’association se borne à constater que « les cochons subissent tellement d'horreurs : il suffit de se rendre dans un élevage ou un abattoir pour s’en rendre compte » - avant de s’en prendre, non à Evaristti, mais aux supermarchés Leclerc. En somme, pas touche à l’art contemporain. Dans l’intersectionnalité des luttes, les animaux comptent pour du beurre.

Sadisme contemporain

Pourquoi l’art contemporain ferait-il l’économie du sadisme, lui qui peut tout se permettre sans en faire les frais ? En 2012, Damien Hirst - star incontestée du système « art contemporain » - avait fait une hécatombe de 9.000 papillons à la Tate, à Londres. La même année, Jan Fabre lançait des chats dans l’escalier de l'hôtel de ville d’Anvers. Face au tollé, Jan Fabre s’était dit victime de… l’extrême droite. En 2022, il a été condamné pour attentat à la pudeur et des violences ou humiliations sur des danseuses de sa troupe.

À Copenhague, l’affaire se termine bien pour les trois porcelets danois. Ce 6 mars, Mathias Madsen, d’Anima International, assure BV qu’ils sont « en sécurité et qu’ils arriveront bientôt dans un nouveau foyer permanent ».

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Quand la maladie mentale et le sadisme sont érigés en Art, moi je vous le dis braves gens, la fin d’une civilisation est proche.
    Pour ceux qui comprennent le galicien (langue parlée à St Jacques de Compostelle…) :
    « O demo co o vicio da cos cornos no cu »….. Que je ne traduirai pas sinon en castillan : « El demonio con el vicio da con los cuernos en el culo ».

    • Même si la traduction perd un peu au change, je vais quand même la donner :
      « Le diable, par vice, va jusqu’à se frapper le postérieur avec ses cornes »…… Dans l’affaire des porcelets, on eût
      de loin préféré le diable à ce triste Sire !

  2. Si ça ce n’est pas de la décadence on se demande jusqu’où on doit laisser les artistes sans talent se défouler dans la perversité. Et il y a une gauche snob pour défendre ça. Psychiatrique!

  3. A quand l’interdiction des anti-moustiques et anti-acariens qui tuent ces pauvres petites bêtes?…J’oublie,… les poux et les puces. Vive le retour de la peste et autres fléaux du Moyen-Age. Hi Hi…

  4. Cet enfoncement dans une inventivité et une créativité toujours plus grande dans l’abjection en matière de barbarie animale, est un des signes que la fin des temps est proche.

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