Anniversaire : Michel de L’Hospital, un conciliateur au service de la France

Michel_de_l'Hospital_statue,_Louis-Pierre_Deseine,_Palais_Bourbon,_Paris,_2016

Chaque jour, les débats à l'Assemblée nationale trahissent la division profonde de la France et la perte du souci de la patrie. Pourtant, les députés ont sous les yeux, devant les colonnes du palais Bourbon, un exemple de concorde et de dévouement au pays. Qui est donc cette statue de vieil homme dont le regard fixe éternellement les passants ? Sa longue tenue, son épaisse barbe, sa main adroite tenant une belle plume nous renvoient l’image d’un être sage et respectable. En y regardant de plus près, un nom est inscrit sur le socle : Michel de L’Hospital, qui mourut le 13 mars 1573, il y a tout juste 450 ans, après une existence passée au service de la France et de son souverain. Sa vie pourrait inspirer nos dirigeants actuels, comme Emmanuel Macron ou Élisabeth Borne, dans la manière d’établir une véritable justice et une paix civile dont a si fortement besoin la France.

Né vers 1507 en Auvergne, Michel de L’Hospital gravit les échelons des cours et parlements de justice jusqu’à devenir, en 1560, chancelier de France, lors de l’avènement du jeune roi Charles IX (1550-1574). Ce dernier était alors trop inexpérimenté pour faire face à la situation catastrophique de la France, déchirée entre les camps protestant et catholique s’apprêtant à déclencher le premier des huit conflits connus comme les guerres de Religion.

Partisans de la paix et de la conciliation, Michel de L’Hospital s’efforça de faire vivre une cohabitation pacifique entre huguenots et catholiques à l’image de sa propre famille. En effet, fervent fidèle à la religion des rois de France, il ne s’opposa pas à la conversion de son épouse, Marie Morin. Ainsi, il parvint, en janvier 1562, à faire promulguer l’édit de tolérance de Saint-Germain, permettant aux protestants, en échange de la restitution des églises et chapelles qu’ils occupaient, de pratiquer leur foi.

Alors que certains huguenots refusent d’accepter certains termes de l’accord, le duc François de Guise (1519-1563), chef du parti catholique, perpétra en représailles le meurtre de nombreux protestants réunis lors d’un prêche. Ce massacre connu comme celui de Wassy appela une réponse vengeresse de la part de la Réforme, déclenchant ainsi la première guerre de religion. L’édit promulgué par Michel de L’Hospital qui aurait dû pacifier la France ne servit malheureusement qu’à embraser les feux d’un conflit qui consuma le royaume pendant trente ans.

Grand réformateur, les travaux du chancelier ne tournèrent pas seulement autour de la question du conflit religieux. En 1566, par la rédaction de l’ordonnance de Moulins, Michel de L’Hospital chercha aussi à renforcer le pouvoir royal tourmenté par l’inexpérience de son trop jeune monarque. Profitant de l’affaiblissement du pouvoir de la Couronne, le Parlement de Paris tenta d’obtenir un rôle politique de plus en plus important en s’opposant à la monarchie par le refus d’enregistrer les ordonnances et édits décidés par le roi. Mais les nouvelles dispositions prises par Michel de L’Hospital bloquèrent cette dérive.

Non content de travailler à l’affaiblissement de ses adversaires, Charles IX vit aussi son pouvoir et son autorité renforcés par la promulgation de l’édit de Moulins qui inscrivait l’inaliénabilité du domaine royal comme loi fondamentale du royaume : le souverain ne peut plus se séparer, de son fait ou par l’intervention d’un tiers, d’une quelconque partie de ses terres devenues non la propriété du roi mais celle de la Couronne.

Après plus de dix longues années passées au service de son roi, après avoir essayé, maintes fois, d’établir la paix entre catholiques et protestants, sans choisir d’autre camp que celui de la France, Michel de L’Hospital démissionna de sa charge et se retira non loin d’Étampes, dans le château de Belesbat, propriété de sa dernière fille survivante, Madeleine. C’est dans une église portant le même prénom, Sainte-Madeleine de Champmotteux, que l’ancien chancelier de France fut inhumé après son décès, le 13 mars 1573. Symbole d’une monarchie désormais abolie, sa silhouette veille encore devant l'un de nos plus grands édifices républicains, incarnant le modèle d’un véritable serviteur de la France, transcendant les régimes et les idées politiques dans une volonté toute dirigée vers le bien commun.

Une vie à méditer par nos députés.

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Depuis 4 présidents, les élus ne servent plus la France, ils se servent en gérant tant bien que mal les échéances électorales. Alors maintenant, au lieu de se lamenter, on va voter même s’il fait beau.

  2. Tant que le peuple se complaira dans son inculture et n’aura aucune envie de s’élever vers les valeurs que nos ancêtres même de milieux modestes possédaient, il sera impossible, par le système de représentation nationale actuel, à la France d’être dirigé par de vrais serviteurs.

  3. « fervent fidèle à la religion des rois de France » : eh oui, la France est d’origine chrétienne (la France, je ne parle pas de la Gaule, mais du pays de Clovis, roi des francs)

  4. Qu’attendent les Boyard-Obono-Panot & Co à faire disparaître cette statue incompatible avec leur répuubliiique et leur notoire inculture ?

  5. M. de l’H. a préparé le règne excellent d’Henri IV (un des rares bons rois de France)

  6. Comment voulez-vous que certains députés puissent comprendre que l’ASSEMBLÉE NATIONALE est une institution qui se respecte n’ayant aucune formation de notre HISTOIRE de FRANCE. Des incultes élus députés par des ânes.

  7. Je me souviens d’avoir entendu parler de Michel de L;Hospital en cours d’histoire à l’école primaire puis ensuite au collège dans les années soixante; je crains hélas qu’il ne soit plus évoqué à l’école de Pap N’Diaye !

  8. Nos élus ne sont hélàs plus des serviteurs de la france mais les esclaves de l’UE et autres pays . Qui parmi les nombreux candidats seraient capable de redonner à la France son indépendance et sa souveraineté , en qui les français peuvent encore avoir confiance parmi tous ceux qui prétendent au trône .

    • Votre formule est, hélas, très juste. – Je ne vois qu’un homme politique capable de remettre la France à l’endroit, par sa fidélité à ses valeurs fondamentales et par son programme, clair, solidaire et pertinent ; Florian Philippot (et Les Patriotes). Ne croyez-vous pas ?

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