« Anti-musulmans » au lieu d’« islamophobe » ? Cette loi institue une police de la pensée pour tuer la liberté d’expression !
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La proposition de loi « visant à lutter contre la haine sur Internet », portée par une députée LREM, fait parler d'elle avant même son examen, qui doit commencer le 3 juillet. En cause, notamment, l'emploi du terme « islamophobe » dans l'énumération des épithètes qualifiant les idéologies haineuses. À la suite d'une polémique, il vient d'être remplacé par « anti-musulmans ». Mais cela ne change rien au risque que ce texte représente pour la liberté d'expression.
À l'origine de ce changement, les critiques d'organisations et de personnalités de gauche, qui défendent la laïcité. Elles estiment, en effet, non sans raison, que l'adjectif « islamophobe » est utilisé par les activistes islamistes pour faire taire toute critique à l'égard de la religion musulmane : son emploi est donc un mauvais signal adressé à tous ceux, y compris parmi les musulmans, qui luttent contre l'islamisme. Le rapporteur de la proposition de loi a préféré changer la formulation avant le débat à l'Assemblée. Cette loi « protégera les personnes contre les injures haineuses en raison de leur prétendue race ou de leur religion. Mais elle n’interdit aucunement le “blasphème” ou la critique de l’islam comme de toute autre religion ! », a-t-elle précisé.
Ces défenseurs de la laïcité ne font que reprendre – et c'est tant mieux ! – le point de vue exprimé par Éric Zemmour, dont ils sont loin de partager toutes les positions : « L'islamophobie n'existe pas », avait-il déclaré sur Paris Première. « Ce n'est pas un délit, c'est la volonté des minorités islamistes qui essayent de nous imposer ce délit d'islamophobie qui n'existe pas. » On ne se plaindra pas qu'une partie de la gauche dénonce les dérives islamistes. Le problème, c'est qu'elle semble se satisfaire de cette modification mineure, saluant la « réactivité » de la députée LREM.
Si la nouvelle formulation évite l'ambiguïté du terme « islamophobe », on ne voit pas en quoi elle est plus satisfaisante que la précédente. Le projet de loi est censé lutter contre la propagation, sur Internet, d'une « idéologie haineuse, qu’elle soit raciste, antisémite, anti-musulmans, homophobe ou sexiste ». Pourquoi citer expressément la religion musulmane ? D'autres religions, notamment le christianisme, font aussi l'objet d'attaques insupportables sans que cela gêne nos bien-pensants. L'idéologie haineuse ne se réduit malheureusement pas aux domaines évoqués.
Ce qu'on peut le plus reprocher à cette proposition de loi, c'est d'être, sous un objectif apparemment louable, liberticide. Où se situe la limite entre une critique justifiée et son interprétation comme une manifestation de haine ? La censure ne risque-t-elle pas d'enlever des contenus légitimes ? Quand on sait comment la bien-pensance cherche à diaboliser tous ceux qui s'écartent de la pensée unique, les traitant de réacs ou de fachos, on peut douter qu'une telle loi, fût-elle précise dans ses définitions, permette d'apprécier avec justesse toutes les situations.
Il existe déjà, pour sanctionner les abus, toute une panoplie de mesures. Au lieu d'inciter à mieux les appliquer, ce texte transfère aux grands opérateurs de plates-formes, comme Facebook, Twitter, YouTube, le soin de supprimer les contenus haineux qui leur seront signalés. Ne seront-ils pas tentés de faire du zèle par principe de précaution ? Comment ne pas y voir une nouvelle atteinte à la liberté d'expression ? Seule différence avec un régime totalitaire, notre État libéral déléguerait à des entreprises privées la responsabilité d'une police de la pensée.
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