Antisémitisme : quand le journal Le Monde manipule l’information

Capture d'écran

Il peut arriver au Monde, qui se présente comme un « journal de référence », de participer à la désinformation de ses lecteurs. Non pas en propageant volontairement de fausses nouvelles, mais en manipulant les faits et les illustrations. Ainsi, commentant une tribune d'Édouard Philippe qui s'alarmait de la hausse des actes antisémites en France, il accompagne son article d'une photographie où l'on voit des graffitis représentant des symboles catholiques. Il aurait voulu insinuer dans les esprits que le christianisme, notamment le catholicisme, est responsable de l'antisémitisme qu'il ne s'y serait pas pris autrement.

Le Monde se garde bien de préciser la source de cette image, où des internautes ont reconnu des ouvriers recouvrant de feuilles d'or des tags antisémites sur la discutable « œuvre d'art » d'Anish Kapoor intitulée "Le Vagin de la Reine". Subsistent une croix, un poisson, un cœur vendéen – apparemment pour désigner le coupable. C'est, au mieux, un manque de professionnalisme, au pire, un choix délibéré pour absoudre l'antisémitisme islamique et s'en prendre aux chrétiens. Comme le rappelait récemment Éric Zemmour, "Sarah Halimi et Mireille Knoll [ont été] assassinées parce qu'elles étaient juives". Et ce n'était pas par des chrétiens !

Le Monde n'est pas le seul à pratiquer cette forme de désinformation. Vendredi soir, dans l'émission « Ça se dispute ! » sur CNews, Ivan Rioufol eut du mal à faire reconnaître par Laurent Joffrin, le directeur de Libération, que l'antisémitisme issu du fondamentalisme islamique est aujourd'hui bien plus dangereux que le prétendu antisémitisme d'extrême droite ou chrétien, qui ne se manifeste que dans des cercles très restreints. Comme si certains trouvaient un intérêt à épargner la religion musulmane pour mieux attaquer la religion catholique. Mais l'instrumentalisation des faits dépasse le milieu médiatique pour contaminer celui des politiciens.

La tribune d'Édouard Philippe, qui intervient dans le contexte de la polémique sur le maréchal Pétain et du parallèle effectué par le chef de l'État entre les années 30 et la situation politique actuelle, participe de la même imposture. "Chaque agression perpétrée contre un de nos concitoyens parce qu’il est juif résonne comme un nouveau bris de cristal", affirme-t-il, dans une allusion explicite aux exactions nazies du 9 novembre 1938, ajoutant que "nous sommes très loin d’en avoir fini avec l’antisémitisme". Il annonce que le gouvernement prépare, pour 2019, un renforcement de la lutte contre la « cyberhaine », mais aucune allusion à l'antisémitisme coranique.

Pourtant, force est de constater que, de nos jours, l'antisémitisme se développe surtout dans les banlieues où prédomine l'islam et que les personnes de confession ou d'origine juive sont contraintes de fuir ces quartiers. Mais il est tellement plus confortable de renoncer à dénoncer l'islamisation d'une partie de la France et, croit-on, politiquement plus opportun d'accuser d'antisémitisme tous les opposants qui déplaisent. Alors, on pratique à tour de bras l'amalgame, l'insinuation, tout en se prétendant objectif. On fait rimer ensemble cathos et fachos, qui seraient les promoteurs de l'antisémitisme. Jusqu'à l'ineffable Joffrin, qui met la Manif pour tous dans le même sac.

Ce n'est pas en révélant de telles marques d'incompétence et de partialité que ces falsificateurs de l'Histoire, ces manipulateurs de l'information prouveront leur honnêteté intellectuelle dans la recherche de la vérité. À commencer par le premier d'entre eux, Emmanuel Macron. En entendant son discours, ce dimanche matin, on pouvait se demander s'il commémorait le 11 Novembre ou s'il commençait sa campagne pour les élections européennes.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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