Apprentissage des mineurs non accompagnés : la régularisation rampante

mna

Après avoir visité, cette semaine, les centres de rétention administrative de Bordeaux, Paris et Calais, Edwige Diaz, députée RN et rapporteur de la loi Immigration, a confié à BV sa surprise de voir que beaucoup de migrants arguaient, contre leur expulsion, d'apprentissages menés en France. En marge de l'embauche des clandestins dans les métiers « en tension » et de la régularisation massive qu'associations et institutions désirent, il est intéressant de se pencher sur la place des mineurs non accompagnés (MNA) dans nos filières d'apprentissage.

Même clandestins, les mineurs non accompagnés (MNA) ne sont pas considérés comme étant en situation irrégulière, en raison de leur âge, et sont pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE). Un migrant a donc tout intérêt à se prétendre mineur : cela lui permet de gagner du temps jusqu’à ses 18 ans, moment où il deviendra irrégulier et donc, en théorie, expulsable. Les associations d’accueil anticipent ce risque en plaçant les MNA en apprentissage. Cela se fait sans difficulté puisque « l’autorisation de travail est accordée de droit aux mineurs isolés étrangers qui sont pris en charge par l’aide sociale à l’enfance ».

Prenons l’exemple du Pas-de-Calais, et particulièrement de Saint-Omer. L’association France terre d’asile y gère un centre d’accueil depuis 2012. « Chaque année, entre cinq et douze jeunes trouvent un apprentissage. » Les MNA sont placés au CFA agricole, chez des maraîchers trop heureux de « retrouver de la main-d’œuvre grâce à de jeunes migrants », ou dans un restaurant de Saint-Omer.

Edwige Diaz nous explique qu'elle a eu en main des documents prouvant que la mairie de Saint-Omer a, elle aussi, employé des MNA jusqu’en 2022, par exemple pour l’entretien des espaces verts. Il est probable qu’elle en emploie encore. Le cabinet du maire, François Decoster, n’a pas donné suite à notre demande de renseignements : sujet gênant ?

Faux réfugiés mais apprentis « modèles »

Pourtant, répétons-le, cela n’a rien d’illégal. Mais pourquoi favoriser des mineurs supposés, entrés illégalement et dont bien peu répondent à la définition du réfugié ? Il n’est que de lire les journaux. Garan, malien : « Depuis tout petit, je rêvais de venir en France. » Delwar, bengladais : « Des problèmes familiaux l’ont poussé à l’exil. » Non loin de Saint-Omer, l’usine Elanplast a embauché deux mineurs en apprentissage : Lassana « a quitté la Guinée dans l'espoir de mener une vie meilleure » et Ibrahima « fuyait des problèmes familiaux, au Mali ». On est loin de l’image du migrant fuyant les persécutions ou les catastrophes climatiques, et tout à fait en dehors de la définition officielle du « réfugié ».

De mémoire de patron, on n’a jamais vu des apprentis si compétents, de bonne volonté, intelligents, motivés, etc. Au point que la directrice de restaurant mentionné supra se sert directement chez France terre d’asile : « Maintenant, quand on a besoin d’apprentis, on passe directement par France terre d’asile car on est très satisfaits, c’est important de leur donner une chance dans ce contexte-là. » Mieux vaut être MNA que « de souche » ?

Cynisme associatif

La doxa migratoire veut que les migrants majeurs qui débarquent en Europe soient tous plus ou moins ingénieurs, chirurgiens, pianistes (et spécialistes de Victor Hugo, selon Yann Moix). Les MNA auront un autre destin. En 2021, la directrice de France terre d’asile, Mathilde Moutiez, expliquait : « Quand les jeunes arrivent, on travaille avec eux sur leur projet professionnel, certains rêvent de devenir footballeur, médecin. Notre rôle, c’est de les remettre dans une certaine réalité. »

Quel cynisme ! Cette professionnelle de l’accueil à tout crin n’est pas là pour aider les mineurs dans un projet personnel mais pour diriger cette main-d'œuvre bon marché vers les fameux « métiers en tension », qu’elle énumère : « le bâtiment, le maraîchage, la restauration ou l’industrie ». Les associations du genre France terre d’asile jouent sur deux tableaux. Ils sont les fourriers du patronat et jouent la carte de la régularisation d’un maximum de clandestins.

Des apprentis à foison

Nous avons pris l’exemple de Saint-Omer et de France terre d’asile, mais il en va de même partout en France. Il semble même qu’on se dirige vers une orientation systématique : le département du Finistère entend « prioriser » l’orientation vers l’apprentissage des MNA dont il a la charge, autrement dit aller au-delà des 40 % déjà présents dans cette filière en 2021. « Des partenariats ont déjà été noués avec des centres de formation des apprentis pour diriger les jeunes vers les filières sous tension », écrit Le Télégramme.

Alors que l’Assemblée nationale s’apprête à discuter le projet de loi Immigration, il faut dénoncer ce mécanisme qui permet de transformer des mineurs clandestins en adultes légalisés qui n’ont rien à faire en France… au nom de l’insertion professionnelle.

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

49 commentaires

  1. Quand est-ce qu’on comprendra dans notre pays que la venue sur un sol étranger nécessite d’avoir des papiers , de tous les pays que j’ai pu visiter ou fréquenter , même sur le sol européen , on m’a demandé mes papiers en bonne et due forme. Quant à la formation dans l’artisanat , laissez moi en sourire (crispé) ; des jeunes en situation irrégulière sont pris en charge à hauteur de 50 000€/an alors vont-ils se former voire travailler pour une peccadille !!!

  2. Le seul endroit où conduire un mineur étranger me semble être chez le consul de son pays le plus proche!

  3. Mon pays pour lequel j’ai toujours travaillé sans jamais touché un franc ou 1 euro d’aide, m’a trahi et maintenant, je le déteste ! Honnête, travailleur pour finalement voir ça…

  4. Et si on « refilait » nos mineurs qui ne veulent rien faire aux pays étrangers afin d’alléger nos impôts et nos rues. Allez un par pays en échange de celui qui rentre ; à charge du contribuable local.

  5. Je pensais que les Chances pour la France étaient des diplômés soucieux de venir redynamiser notre pays. Il faut bien avouer que leur apprendre un métier leur sera utile lorsqu’ils décideront de rentrer au pays pour s’y battre pour la démocratie, s’il le décident un jour bien entendu.

  6. Il aurait fallu que je passe par « ces organismes « .Nous avons eu les pires difficultés pour trouver un employeur pour mon fils ! Et quand on a réussi une seule réponse positive sur des dizaines de refus, c’est la médecine du travail qui a mis des interdits incroyables à mon fils porteur d’un handicap .L’entreprise refusait de le prendre. Moralité : il vaut mieux être un pseudo mineur isolé qu’un jeune français porteur d’un handicap
    .Heureusement que nous, ses parents nous nous sommes démenés .Aucune association n’est venue à notre aide .

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