Après avoir cassé le Bac, le candidat Macron veut supprimer le CAPES

professeur

La première grande idée disruptive du Président candidat vient d'être lâchée, par franceinfo, mardi : Macron II veut « dégraisser le mammouth » de l'Éducation nationale. Pour mettre en œuvre ce vieux slogan des années Allègre-Jospin, il frappera fort : supprimer le CAPES, le concours de recrutement des enseignants du second degré, et l'emploi à vie pour les enseignants.

Ce qui naguère aurait fait bondir la gauche et mis les enseignants dans la rue semble n'avoir pas remué grand monde. D'un strict point de vue politique, Emmanuel Macron perdra sans doute une fraction d'électeurs de gauche pour qui il a franchi là une ligne rouge. Le CAPES, au même titre que le Bac, font partie des totems de notre société. De même que le statut de fonctionnaire pour les enseignants. Mais Emmanuel Macron espère certainement récupérer les dernières miettes de l'électorat libéral de Pécresse.

Pas certain, non plus, que cette nouvelle disruption soit perçue très favorablement par l'opinion, parents et étudiants. Surtout après l'autre réforme d'Emmanuel Macron, celle du Bac, qui n'a donné satisfaction à personne et qui est devenue un casse-tête pour les lycéens et leurs familles, avec le choix des spécialités. Qui ne cesse aussi de montrer ses failles, puisque le ministre Blanquer vient d'être contraint de revoir sa copie de mathématiques.

Les arguments qui nous seront servis pour supprimer le CAPES sont connus. D'abord, il ne parvient pas à assurer un recrutement suffisant des enseignants, ce pour quoi il est fait. Croit-on qu'en supprimant en plus le statut de fonctionnaire - qui restait l'un des derniers attraits du métier pour beaucoup de familles et d'étudiants -, on parviendra à attirer davantage de candidats ? Ensuite, on nous vendra certainement le cliché du beau profil du contractuel dynamique et inventif contre le vieux prof sclérosé. Tout en évitant de regarder le niveau et les compétences réelles dudit contractuel.

Si l'on essaie de chercher la logique sérieuse qui pourrait guider un tel choix, on se dit qu'elle est économique : Emmanuel Macron, qui a un bilan catastrophique en matière de réduction du nombre de fonctionnaires et de dépenses publiques, pourrait, par cette mesure démagogique, redresser un peu les comptes.

Mais à quel prix ? D'abord, en matière d'éducation. Croit-on que le renoncement à un certain nombre d'exigences académiques en supprimant le CAPES permettra de redresser le niveau des élèves ? Frédéric Mas, dans son billet de Contrepoints, a immédiatement pointé l'arnaque : « La généralisation d’une telle mesure ne fera donc qu’accentuer le naufrage de l’instruction en France. »

Par ailleurs, ce projet de réforme du candidat Macron s'inscrit dans la droite ligne de la dénaturation déjà imposée au CAPES par la dernière réforme Blanquer-Vidal : l'épreuve dite professionnelle a été transformée en un entretien d'embauche, comme pour un contractuel.

En outre, le recours aux contractuels n'a jamais été aussi poussé que sous le quinquennat Macron : en cinq ans, la part des contractuels est passée de 14,5 % à 22 %, pour un total de 103.000, même si cette hausse est en partie due aux recrutements des AED (les surveillants) et des AESH (les accompagnants des élèves en situation de handicap). Désormais, dans nos établissements, il n'est pas rare de voir de 10 à 20 % de contractuels enseignants, même si, au niveau national ils ne sont « que » 10 %. Mais, en dix ans, ils sont passés de 19.000 à plus de 35.000, selon les statistiques officielles du ministère de l'Éducation nationale. Là encore, Frédéric Mas vise juste : « Le recours aux contractuels est expérimenté depuis quelques années. Il s’agit vraisemblablement de généraliser la manipulation. »

La solution, exigeante et de long terme, est pourtant bien connue : rendre à nouveau le métier attractif. Par les rémunérations, bien sûr. Par l'instauration de bourses de recrutement, comme cela s'est régulièrement fait durant la longue histoire de cette vénérable institution qu'est le CAPES (IPES dans les années 60, bourses dans les années 90). Mais aussi en dessinant des perspectives de carrière pour ces fonctionnaires, ensuite. Enfin, en redonnant toute leur place aux savoirs, à la passion d'apprendre et à l'excellence. Et l'on verra alors revenir de meilleurs étudiants et donc des candidats de bon niveau au CAPES. Le cercle vertueux. Tout un programme. Mais pas celui d'Emmanuel Macron.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

24 commentaires

  1. Bac et Capes sont hélas arrivés si bas, qu »on voit mal comment le niveau pourrait encore descendre quand on l’accorde en math à des postulants en dessous de la moyenne

  2. Jusqu’au bout, il ne renoncera pas à tout transgresser…
    Les conneries, il les accumule et c’est sans doute son point fort.
    Il est temps que « lemmerdeur national » quitte sa place.

  3. Le problème n’est pas dans la valeur d’un concours mais dans les sujets proposés et l’organisation. Prof de langue, j’ai obtenu 2 notes totalement contradictoire entre le sujet littérature (2/20) et civilisation(18/20) en année par alternance. Même si cela peut paraitre contradictoire. En effet Maitriser Shakespeare et la connaissance pratique de la langue fonction de la catégorie de niveau des spécialisations en fonction des filières des classes.

  4. Le niveau des candidats au professorat montera quand on aura réformé tout l’enseignement à partir du CP, selon les mesures préconisées par Eric Zemmour. Il faudrait déjà que Zemmour soit élu et attendre de nombreuses années !
    Macron ne sait que détruire tout ce qu’il touche.

  5. Affaissement voulu et programmé de la qualité de l’enseignement public, afin de fabriquer des gens qui sachent rester à leur place dans une société où les enfants de l’oligarchie n’auront plus à forcer pour devenir des premiers de cordée après de très chères études dans des etablissements privés et élitistes. Après tout, pas besoin de génies dans un pays privé de tous ses fleurons industriels et promis à la sous-traitance.

  6. Et s’il commençait par dégraisser le mamout de l’Elysée et autres institutions ? Plus de 800 salariés à l’Elysée au service d’1 seul Jupiter ? Pour quoi faire ? Une horde d’esclaves, porte parapluies, teneurs de portières, etc …. Idem dans les ministères, l’assemblée nationale, le Sénat, … Non, ce ne sont pas des enseignants, des infirmières ou des policiers qu’il faut supprimer, mais cette horde de larbins: toutes ces élites seraient elles handicapées pour bénéficier d’une telle assistance?

    • Et dire qu’on a décapité Louis XVI pour les mêmes reproches ! Et que l’on parle toujours du « palais de l’Elysée »…

  7. Casser ,ruiner ,se repentir emmerder ,sanctionner ,diviser les gens voilà un beau bilan .donc le capes ,le bac ,la sélection des élèves ..le petit chef s’en moque .qui le conseille à ce point ?

  8. Dans ce domaine comme dans d’autres, la Macronie n’a fait que détruire, c’est sa marque de fabrique! Si encore elle construisait quelque chose de correct à la place, mais non on continue à tirer vers le bas! Certes ce grand ministère a des rigidités, de l’inertie, un sureffectif, mais vouloir le diriger en pur gestionnaire est un grossière erreur. Pour redonner du lustre à la fonction d’enseignant, il faut remettre la discipline, le respect au centre de la salle de classe!

  9. Cher monsieur Sirgant le problème premier du Capes est à ce jour le faible niveau des candidats, quand on sait que des candidats sont admis à 6 de moyenne, ça pose des questions, les recalés sont les vacataires, plus grave, le niveau a aussi baissé à l’agrégation, c’est peu dire. C’est donc tout l’enseignement qui est à revoir.

    • Il semblerait que le Capes de Mathématiques n’a même pas pu atteindre son quota de candidats admis cette année. Il est vrai qu’on peut toujours ergoter en francais, en philo ou en anglais, mais qu’il n’y a qu’une seule réponse possible à un problème de maths. Les possibilités de maquiller le niveau sont donc moindres …

  10. Le CAPES était un concours difficile ,il y a quelques décennies avant toutes ces innovations déplorables qui ont nivelé l’éducation par le bas!
    Au siècle dernier ,le certificat d’étude n’ était réussi que par les candidats qui savaient lire et écrire sans fautes ,aujourd’hui certains bac plus infini n’ont même pas ces compétences!

  11. Je ne pense pas que les seuls problèmes soient le statut et les rémunérations.
    Il en faut du courage et une belle abnégation, à 22 ou 23 ans, pour entrer dans l’arène qu’est devenue une classe de ZEP – c’est paraît il
    pour un premier poste, ormateur – et tenter d’enseigner la matière pour laquelle vous avez tant travaillé à des mômes qui ne savent pas plus lire et écrire que dire bonjour merci et au revoir. Sans compter les parents qui vous attendent à la sortie pour vous expliquer les choses.

  12. Pas assez de candidats au Capes parce que le niveau des enseignants est de plus en plus bas et les bons changent de voie en raison des conditions difficiles d’exercer ce métier. Une fois de plus :Merci la gauche! Triste résultat et constat d’échec. Les enseignants de l’époque ont scié la branche sur laquelle ils étaient pourtant bien assis.

  13. Le problème ne vient pas de là. Il faut apprendre à écrire en suite sans fautessss puis a compter. Je suis affolé quand je vois les fautes des journalistes aussi. C’est leur métier d’ecrire On ne moque pas on peut railler mais on se moque de bordel ouvrez les dicos!!!!!

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