Après CNews et X, la gauche va-t-elle aussi boycotter Canal+ ?

Au nom de « ce qui se passe sur CNews », l'humoriste Malik Bentalha a annoncé qu'il tournait le dos à Canal+.
Capture d'écran
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Malik Bentalha claque la porte de Canal+. À l’occasion d’une interview accordée, le 11 décembre, au magazine GQ, l’humoriste a annoncé qu’il ne collaborerait plus avec la chaîne privée, propriété de Vincent Bolloré. « Je trouve qu’aller faire quelque chose avec ce groupe, c’est cautionner la vision de la société qu’ont ses dirigeants aujourd’hui », a-t-il déclaré, avant de développer : « Quand je vois tout ce qui se passe sur CNews et dans certaines émissions du groupe Canal, je ne peux plus faire le rigolo comme si de rien n’était. […] Je ne ferai plus rien avec Canal+. »

Conscient de la puissance économique du groupe mis en cause, l’acteur assume néanmoins les conséquences négatives que pourrait avoir son annonce en termes d’occasions professionnelles. « Je n’ai pas peur de ça », affirme-t-il. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que Malik Bentalha s’en prend à une chaîne du groupe Canal. Il y a quelques semaines, dans une interview pour le podcast Culture.Knock.Out (CKO), il avait dénoncé la situation des musulmans en France et pointé la responsabilité de certains médias. « Être musulman en France devient de plus en plus compliqué, affirmait-il. J’étais tombé sur CNews, il y avait un sujet sur les musulmans. Je zappe sur BFM, sujet sur les musulmans… Je ne peux pas ne pas me positionner. […] Il y a de plus en plus de racisme. »

De quel « sujet » s’agissait-il, exactement ? L’humoriste ne le dit pas. Y était-il question des « musulmans », comme il l’affirme, ou plutôt des islamistes ?

Un boycott de la liberté d’expression

Il est vrai que, contrairement à beaucoup d’autres chaînes, CNews traite les actualités liées à l’islamisme et dénonce les dangers de l’entrisme frériste. L’émission L’Heure des pros, notamment, donne la parole à certains intervenants et militants très engagés sur cette question. Un angle éditorial qui ne semble pas plaire à Malik Bentalha. En 2023, l’acteur, originaire du Gard, s’était mis en scène dans une vidéo devenue virale sur YouTube et les réseaux sociaux, où il parodiait l’émission de Pascal Praud. Il y moquait, entre autres, les chroniqueurs habituels de CNews, mais aussi l'imam Hassen Chalghoumi, très impopulaire au sein de la communauté musulmane depuis qu’il a exprimé ses sympathies pour l’État d’Israël et ses habitants.

Les mauvaises langues diront que Malik Bentalha crache dans la soupe en tournant le dos à Canal+. Elles rappelleront qu’il s’est fait connaître dans les rangs du Jamel Comedy Club, diffusé sur ladite chaîne, et qu’il a commencé sa carrière en apparaissant dans Pattaya ou Taxi 5, deux films produits, en grande partie, par le groupe Canal. Mais l’humoriste n’est sans doute pas le dernier à rompre avec un média de la sphère Bolloré pour des motifs idéologiques. En 2021, déjà, certains avaient reproché à Mouloud Achour de poursuivre ses activités sur Canal+ et Europe 1. « On me reproche parfois de travailler pour le groupe de Vincent Bolloré, mais tant que Clique continuera à donner la parole à ceux qui ne l’ont pas, et partout où l’on me laissera passer mon message, je continuerai », déclarait-il.

Une posture confortable

Si Mouloud Achour a résisté à la pression, d’autres célébrités, humoristes ou comédiens suivront, à coup sûr, l’exemple de Malik Bentalha et annonceront en grande pompe leur boycott de toutes les antennes du groupe Canal. C’est, d’ailleurs, une tendance lourde, à gauche, depuis quelque temps : la bien-pensance déserte les espaces qui ne lui sont pas entièrement acquis. On a ainsi vu Anne Hidalgo, Quotidien et Ouest-France quitter X, les Insoumis boycotter CNews et, maintenant, un humoriste claquer la porte de Canal+. En faisant ainsi, ces grands courageux font d’une pierre deux coups : ils font valoir leur vertu morale et évitent de se confronter au pluralisme. Pourquoi s’en priver ?

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

53 commentaires

  1. Je ne supporte plus les jérémiades de ceux qui déplorent la situation des musulmans en France, que dirait-ils si il leur était appliqués les mêmes traitements que ceux réservés aux Chrétiens « sur les terres d’Islam »?

  2. Il ne risque pas de nous manquer. Ça rappelle la réplique de J.M. Le Pen à qui un journaliste annonçait que Yannick Noah quitterait la France si il était élu : « cochon qui s’en dédit ! »

  3. Marre de ces pleureuses de GAUCHE…Ils n’ont qu’à aller sur FRANCE TV où ils ont leur rond de serviette… Bon débarras !

  4. il a été souvent invité chez Hanouna et maintenant il crache dans la soupe , boycottez ce mec qui est capable de vous planter dans le dos !

  5. Sachez une chose la nature a horreur du vide. Cet humoriste, s’il en est vraiment un, laissera place à quelqu’un d’autre qui sera d’accord de travailler avec Canal. L’on sait en termes de visibilité ce que peut apporter le groupe Bolloré. On va assister à un phénomène de grand remplacement. Les membres du show-business les plus marqués à gauche politiquement, à force de confondre militantisme et carrière professionnelle, de boycott en boycott vont faire émerger des artistes politiquement neutres qui leur feront de l’ombre. Mais faudra pas que ces gens viennent pleurer plus tard que ce qu’ils boycottent aujourd’hui les discriminera demain.

  6. Très bien. Ils vont vite comprendre qu’ils sont minoritaires et qu’en dehors du périphérique parisien, personne ne veut d’eux !

  7. Que ce brave « humoriste » se rassure !… Il peut partir très loin et dès qu’il aura quitté les frontières de la FRANCE , il sera « oublié » bien plus vite qu’il ne le croit ! …

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