Après Covid-19 : comment en sortir ?
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L’activité est, bien sûr, le meilleur antidote à la faillite, mais elle n’est pas toujours possible. Quantité d’entreprises et d’administrations sont en état d’hibernation : le problème est de bien préparer le moment où la marmotte pourra enfin sortir de son terrier, c’est-à-dire où les entreprises en hibernation pourront recommencer à produire à un bon rythme. Pour cela, pas de mystère : il faut ouvrir intelligemment les vannes du crédit.
Je dis bien « intelligemment », car il ne s’agit pas de sauver tous les canards boiteux. Les entreprises sont mortelles, comme nous, et il ne faut pas chercher à sauver à coups de prêts garantis par l’État des entreprises qui avaient déjà un pied dans la tombe. En revanche, aucune entreprise saine, ayant un marché raisonnablement porteur, ne devrait périr faute d’argent pour relancer son activité. Nous allons avoir, de toute façon, un formidable gonflement de la dette publique : le tout est qu’il serve vraiment à redonner de l’air à des entreprises fondamentalement saines, mais au bord de l’asphyxie.
La question est : l’administration possède-t-elle les compétences requises pour effectuer ce travail de banquier et de business angel ? Il est probable qu’elle aura besoin de s’adjoindre des personnes qui connaissent bien le monde des affaires, au bon sens du terme. Une mobilisation des jeunes retraités ayant ce type d’expérience aurait certainement de bons effets. Simplement, il faut commencer tout de suite : que dans chaque préfecture, dans chaque conseil départemental ou conseil régional, dans chaque chambre de commerce, se mettent en place de petites équipes agiles, genre écureuils, pas brontosaures, pour préparer tout de suite l’oxygénation monétaire des entreprises ayant une constitution robuste, de façon que, le jour où il sera physiologiquement raisonnable de se remettre au boulot, on ne perde pas de temps. C’est une opération du type débarquement en Normandie : tout doit être préparé, mais avec un type de planification extrêmement souple, parce qu’on a beau avoir bien regardé du haut du ciel, on ne sait pas exactement quelle résistance on rencontrera derrière tel relief ou en traversant tel cours d’eau.
Qu’adviendra-t-il de la dette, évidemment excessive selon les critères ordinaires, émise pour remettre en route nos entreprises ? L’émettre ne sera pas difficile, la BCE semble avoir compris la situation et être disposée à ouvrir largement les vannes du crédit. Le problème sera de la résorber. Il existe, pour cela, deux techniques : l’inflation et la transformation en fonds propres. La seconde est la plus sympathique, mais je serais très étonné qu’elle suffise. Il faudra donc se résoudre à supporter, durant quelque temps (2 ou 3 ans ?), une hausse des prix comme nous en avons connu il y a plusieurs décennies, 10 % ou 15 % par an. Certes, nous avons perdu l’habitude de voir valser les étiquettes, mais il faudra bien résorber le pouvoir d’achat excédentaire correspondant à une augmentation massive des dettes et des liquidités nominales.
Cette inflation se combinera probablement avec un certain affaiblissement de l’euro, mais il est difficile d’être précis à ce sujet. Le dollar, la livre, le yen, perdront probablement eux aussi du pouvoir d’achat, ce qui devrait limiter la faiblesse de l’euro sur le marché des changes. Le problème est : quid du renminbi ? Je ne sais pas comment la Chine se comportera, c’est à mes yeux une inconnue majeure. Qui vivra verra – et, si l’on a l’audace d’autoriser une forte inflation de crédit, du moins y aura-t-il, pour voir, un bon nombre de nos entreprises.
NDLR : cet article fait suite à celui publié hier ici même.
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