Après la Corse, la Bretagne ? Ou la France à la découpe

drapeau breton

Il fallait un peu s’y attendre. Après que Gérald Darmanin, c’est-à-dire Emmanuel Macron, s'est engagé à lancer un processus de négociations qui pourrait conduire à l’autonomie de la Corse, il n’y avait aucune raison que d’autres revendications autonomistes ne se manifestent pas ici et là. Le Front de libération de la Bretagne-Armée révolutionnaire bretonne a ainsi envoyé, lundi, un communiqué à Ouest-France dans lequel il demande la tenue d’un référendum, non seulement sur le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, mais aussi sur l’autonomie ou l’indépendance de la Bretagne réunifiée.

Le FLB-ARB, qui était resté en sommeil depuis plusieurs années, réapparaît donc et menace d’opérer des actions violentes. On ne va pas refaire ici l’histoire du FLB, qui fit son apparition dans les années soixante et commit des dizaines d’attentats en Bretagne sur des édifices de l’État, allant même, en 1978, jusqu’à provoquer cet État français en déposant une bombe dans le château de Versailles. La Justice passa, des condamnations furent prononcées et, en 1981, François Mitterrand, dans sa grande générosité, amnistia les auteurs d’attentats encore emprisonnés.

Certes, on ne peut pas comparer les situations corse et bretonne, ne serait-ce que sur le plan politique. Autonomistes et indépendantistes bretons : combien d’élus dans les conseils municipaux, départementaux et régionaux ? Mais l’on peut se poser légitimement cette question : à qui le tour, ensuite ? Et ce, au nom du principe d’égalité : pourquoi eux, pourquoi pas nous ! Le Pays basque mais aussi, pourquoi pas, la Savoie. Après tout, Savoie et Haute-Savoie n’ont été rattachées à la France qu’en 1860. Et la Franche-Comté, et..., etc. Et, bien évidemment, nos collectivités d’outre-mer...

Qu’il y ait une aspiration à plus d’autonomie dans les décisions qui peuvent être prises là où elles peuvent l'être, on peut le comprendre et même le souhaiter, ne serait-ce que par pragmatisme. Mais le risque d’un démantèlement de la France par le bas n'est pas à écarter, sachant que, déjà, il existe, disséminés, ici et là, des « territoires perdus de la République », pour ne pas dire de la France. Sachant aussi que le démantèlement par le haut est déjà bien engagé, notamment avec un Emmanuel Macron qui aura à cœur, s’il est réélu, de finaliser son rêve d’une « souveraineté européenne ». Un État français qui se viderait par le haut et par le bas, ce serait finalement liquider l’héritage capétien chèrement conservé et transmis à travers les siècles, et ce, par tous les régimes qui se sont succédé. Et pour en arriver où ? À cette fameuse Europe des régions. « Il y a déjà eu l’Europe des régions ; ça s’appelait le Moyen Âge, ça s’appelait la féodalité », disait Georges Pompidou...

Du reste, le processus est déjà bien engagé. Lorsque l’on voit des régions qui se prennent pour des mini-États et entreprennent même des actions « à l’international ». Lorsque l’Union européenne favorise même cette autonomisation des régions, notamment à travers le versement de subventions (le fameux Fonds européen de développement régional - FEDER) que les présidents de régions vont solliciter à Bruxelles, comme de grands vassaux à leur suzerain, alors même que ces fonds, finalement, proviennent de la poche des Français ! Rappelons, en effet, que la contribution de la France à l’Union européenne est de 28 milliards d’euros en 2022, alors qu’elle était de moins de 22 milliards en 2016 (soit une augmentation de plus de 27 % en six ans !), que notre pays est le deuxième contributeur de l’Union derrière l’Allemagne. On ne pourra pas dire qu'Emmanuel Macron n'aura pas fait son maximum pour donner plus de souveraineté à l'Union européenne ! Avec notre argent... Ou comment creuser sa propre tombe.

Pour ce qui concerne la Bretagne, n’ayons crainte : il est peu probable que ce gouvernement engage un processus de négociation qui pourrait conduire vers un statut d'autonomie, d'autant qu'il n’est pas du style à plier sous la pression de la violence...

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Le délitement de l’unité nationale provient de l’anémie pernicieuse de l’État qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qu’aucun gouvernement n’a même pas tenté d’enrayer depuis 1968. C’est ce taureau qu’il faut commencer par prendre par les cornes.

  2. L’autonomie ou l’indépendance pour moi ça veut dire sans plus aucune aide ni allocation ni subvention…

  3. Il ne faut pas oublier qu’historiquement, le nazisme a favorisé la dissidence Bretonne. Et on a beaucoup d’autres régions dont le séparatisme est encore plus justifié : les Pays Basque, la Catalogne, le Comté de Nice Savoyard et l’Alsace. Et pourquoi pas revenir à la Guyenne et Calais, terres Anglaises et à la Normandie, conquête Danoise ?

  4. Point de vue jacobin : accessoirement la France réduite à l’état de puzzle de provinces autonomes, un peu façon Länder allemands serait beaucoup plus faible au niveau international, il ne lui resterait plus alors qu’à se livrer au pouvoir supranational rêvé par notre bienveillant timonier.
    Entre le centralisme actuel et le fédéralisme débridé il doit bien y avoir une solution, il faudrait demander une étude à Mac K.

    • « la France réduite à l’état de puzzle de provinces autonomes, un peu façon Länder allemands serait beaucoup plus faible au niveau international ». Comme l’Allemagne, par exemple…

  5. La Bretagne aurait de bonnes raisons de demander plus d’autonomie. L’histoire bretonne pourrait justifier cette volonté. Que l’on commence par redonner aux bretons leurs langues, breton et gallo et cesser de casser les écoles Diwan et Dihun et l’enseignement du breton en secondaire. Que les Bretons aient une chaîne TV bretonnante comment partout en Europe pour les langues minoritaires. Sinon le combat breton pourrait reprendre et répondre à celui des Corses.

      • Et pourtant, façade maritime importante, première région agro alimentaire de France, technologie ( se souvenir de Pleumeur Bodou), tourisme …

  6. Attendons un peu mais s’il y des échauffourées en Bretagne …tout va devenir possible .

  7. Vous ne voyez pas une immense similitude ? Moi oui, et c’est leurs drapeaux qui se contentent de deux seules couleurs: le noir el le blanc…..foin de cette couleur qui symbolise le sang, même si ce n’est pas exactement le but !
    Par ailleurs, un régime « spécifique » c’est celui consenti à la Sicile et à la Sardaigne….qui sont, aussi, des îles, et puis aux Régions Friuli et Alto Adigio, aux particularités linguistiques prononcées…. bien sur cela se passe en Italie….

  8. Vous oubliez Occitans, Basques et Catalans français, Alsaciens, Savoyards.Le stupide système Jacobin transféré désormais à Bruxelles récolte ce qu’il a semé,ignorant les cultures régionales et imposant l’immigration qui menace tant l’identité française que les identités régionales. C’est un phénomène naturel d’autodéfense sociale et de proximité qui se produit. La France centralisée c’est à peine 300 ans quand les provinces ont bien plus et sont solides. Ce qui se passe aurait pu être évité.

  9. République une et indivisible ? J’ai connu un Général qui tenait déjà ce discours jusqu’au jour où il opéra la cessetion de 3 de ses Départements.

  10. Évidemment l’UE cherche ça : elle divise pour mieux reigner. En rétablissant des baronnies, l’Etat est moins puissant. Et l’UE beaucoup plus. Vous ne la connaissiez pas et pourtant vous n’imaginiez pas qu’à ce point, elle vous manque Ulla (vdL)…

  11. Darmanin , télégraphiste de Macron , a vite lâché du lest face aux émeutes en Corse , après les émeutes , donnant ainsi le signal que pour se faire entendre il suffit de descendre dans la rue et de casser du CRS. On peut discuter des améliorations du statut déjà particulier de la Corse , mais pas sous la contrainte. Autonomie ? mais laquelle , La Corse c’est la France , La Corse ce n’est pas Tahiti ou la Nouvelle Calédonie, territoires situés en outre mer .

    • Sinon c’est indépendance sans compensation financière et sans adhésion à l’UE pendant 30 ou 50 ans. Ils choisiront oui les autonomistes corses ? L’assistanat bien sûr. Le marché est assez simple.

    • La Corse vivant de son tourisme et de son agriculture extensive sans aucune perfusion continentale.
      je préfère aller en Grèce ils sont plus accueillants

  12. Raison de plus pour éjecter Macron de son trône au plus vite ; il est impératif d ‘ en finir avec cette idée absurde de « souveraineté européenne » qu ‘ il veut absolument imposer , surtout lorsque l ‘ on constate l ‘ énorme contribution des Français pour cette Union fantoche .

    • L’UE c’est la guerre, la situation actuelle en est la preuve ! Macron réélut préparez-vous à la mobilisation

  13. Qu’on rende déjà à la Bretagne la Loire Atlantique . On ne réclame pas l’indépendance: un fait jusqu’en 1532 , alors que la Corse n’a jamais été indépendante mais dépendait de Gênes . La Bretagne à 5 , c’est le programme de la majorité des Bretons et des Nantais .
    L aMayenne ira vers le Maine , la Vendée vers la Poitou …

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