Après le Covid-19, le Macron-21

Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a déclaré, au micro de Jean-Jacques Bourdin, le 21 octobre, sa volonté de reporter les élections départementales et régionales prévues en mars 2021. Il est pour le moins désinvolte, de la part du quatrième personnage de l’État, de révéler son intention profonde et, par la même occasion, celle de l’exécutif, puisqu’il est l’ami de M. Macron, lors d’une émission plus polémiste que politique, sur le report d’échéances électorales cruciales pour notre démocratie.
Le gouvernement a opté pour une absence de mesures restrictives sur les déplacements des vacances, l’issue en était prévisible : rappelons qu’au début de l’été, l’inquiétude de la population conduisait chacun à s’interroger : « Y a-t-il un risque de reprise de l’épidémie de Covid-19 à l’automne ? », question légitime après un confinement éprouvant. À cette question que me posaient de nombreux habitants, je répondais immuablement et à l’envi : « Comment serait-il possible que l’épidémie ne reparte pas ? » Et de démontrer que la transhumance des populations vers les lieux de vacances, durant l’été 2020, sans mesures de restriction aucune, ne pouvait que favoriser la transmission du virus entre vacanciers et aux populations sur les lieux de villégiature. Puis, enfin, avec les rentrées - scolaires, universitaires et autres - et les contacts multiples qu’elles engendraient, le développement de la contamination était assuré.
Cette inconséquence de la part de nos gouvernants se confirme, car ils viennent d’inciter les Français à partir en vacances de la Toussaint, sachant parfaitement qu’un nouveau mouvement de population des grandes villes vers les campagnes augmentera fortement le nombre de contaminations sur le territoire national.
Depuis juillet 2020, je crois avoir décrypté la manœuvre politicienne de M. Macron consistant à vouloir reporter les élections départementales et régionales. Si ces élections se déroulaient effectivement en mars 2021, M. Macron et sa République en marche ne gagneraient aucun département et aucune région. Leur faible enracinement local, conjugué au discrédit occasionné par leur gestion globale comme par leur gestion hasardeuse de l’épidémie de coronavirus, pourrait se payer chèrement dans les urnes, provoquer une influence négative sur la présidentielle et diminuer les chances du candidat Macron.
En effet, les élections départementales et régionales, qui sonnent habituellement comme une répétition générale en vue de l’élection présidentielle, verraient des présidents de région sortants (n’appartenant pas au giron macroniste) réélus, voire des candidats du Rassemblement national conquérir des exécutifs territoriaux et propulsés, de ce fait, sur le devant de la scène médiatique, au détriment d’Emmanuel Macron. Ainsi, dans les Hauts-de-France, les socialistes absents de l’assemblée régionale depuis 2015 accepteraient-ils de se sacrifier à nouveau pour barrer le RN ?
Toutes les tentatives de récupération de l’acte barbare perpétré contre Samuel Paty, à grand coups de discours solennels et de commémorations larmoyantes - qui peinent à masquer les trop nombreuses complaisances de la classe politique avec l’islam -, n’y feront rien. Ces élections seraient une déconvenue de plus pour le macronisme !
C’est pour cela que M. Macron souhaite reporter ces scrutins. Le report des élections départementales et régionales permettrait à M. Macron d’aborder plus sereinement l'élection présidentielle. En effet, vu l’absence de candidat crédible pour occuper l’espace politique du centre gauche et du centre droit (espace préempté par M. Macron) ou même pour battre Marine Le Pen au second tour, de nombreux politologues prévoient une réélection probable du Président sortant au scrutin de 2022. Cette réélection lui assurerait un succès quasi sûr aux législatives suivantes, tant il est vrai que, sous la Ve République, les Français ont régulièrement confirmé leur choix présidentiel aux législatives, lorsqu’elles suivent immédiatement l’élection du Président.
Dès lors, le macro-machiavélisme pourrait consister à imposer un nouvel acte de décentralisation visant à ressortir des cartons les propositions des anciens Présidents Sarkozy et Hollande, en les accommodant d’une nouvelle sauce macronienne. En effet, M. Sarkozy proposait de regrouper deux anciens cantons pour faire émerger un élu qui siégerait à la fois au département et à la région. La réforme consisterait à créer une nouvelle circonscription politique correspondant aux cantons actuels, avec élection au scrutin uninominal à deux tours, dans le cadre d’un nouveau mandat de « conseiller territorial », c’est-à-dire à la fois conseiller départemental et conseiller régional. Cela donnerait lieu à une seule élection, qui serait organisée en même temps que le scrutin législatif (le principe d’organiser deux élections distinctes en simultané a déjà fonctionné à plusieurs reprises, dans notre pays).
Ce conseiller territorial pourrait même être dénommé « député territorial », un peu à la manière des Länder allemands. La nation se doterait donc d’un élu national (le député investi du pouvoir législatif) et d’un élu local (le député territorial, chargé des dossiers locaux et de leur synchronisation entre département et région).
Avec l’élan politique de la présidentielle, M. Macron pourrait espérer conquérir au moins le tiers des départements et des régions et, bien sûr, trouver l’assise locale qui lui fait tant défaut. Le cynisme est bien de la partie. Les Français accepteront-ils de se laisser duper ? N’ont-ils pas déjà assez payé ?
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