Après le match : donc, tout va très bien…

finale CAN

Ouf ! La presse de ce matin nous offre l’image d’un pays que les nuages quittent. L’enquête de l’Assemblée nationale a conclu que les repas fastueux de son ancien président étaient bien professionnels, et non réservés aux amis. Il est vrai qu’il est assez rare que l’on confie une enquête aux complices objectifs d’une faute, à une institution, en l’occurrence qui a organisé ces banquets, et qui est aujourd’hui présidée par un ami politique de M. de Rugy, dont l’intégrité ne fait pas le moindre doute… puisqu’il a été élu en raison de sa soumission particulière au président de la République par l’assemblée de godillots propulsés à l’aveugle au palais Bourbon par les Français en 2017. Sauf miracle, il serait paradoxal qu’on puisse voir très clair dans cette purée de caviar. « Caviarder » était le mot qui désignait les opérations de censure de la police tsariste contre les écrits des opposants. On ne sait pourquoi il convient à merveille pour le brouillage de cette affaire. Le but de l’opération est louable sur un plan humain : faire apparaître l’accusé comme une victime, brisée par de méchants journalistes qui passent leur temps à jeter la suspicion sur le pays, alors qu’il est si profitable d’utiliser sa plume ou son micro pour tresser des louanges au génie qui nous fait l’honneur de nous gouverner.

« Nous » ? Évidemment, c’est ce « nous » qui fait problème. La victoire de l’Algérie dans une compétition africaine a fait déferler la foule dans « nos » centres-villes. Contrairement au 14 juillet, il n’y aurait eu que peu d’incidents, au plus quelques bêtises. Que nos rues et nos places soient abandonnées à la liesse suscitée par un événement sans le moindre rapport avec notre pays, au détriment des résidents qui y vivent ou veulent y circuler, témoigne de la générosité séculaire de la France, dont chacun a appris qu’elle n’était elle-même qu’en pensant aux autres. Si les mots « préférence nationale » sont une abomination, ceux de « préférence étrangère » ne se disent pas, il se vivent, et tout en se réclamant de l’universalité laïque, ils pourraient même aujourd’hui revendiquer leur origine chrétienne et espérer la bénédiction du pape François. Le soir de la fête nationale, malgré les pillages de magasins aux abords de l’Arc de Triomphe, il n’y a pas eu plus d’interpellations que l’an dernier, et par discrétion, pour ne pas gâcher la fête ni donner de mauvaises idées, le ministre de l’Intérieur n’a pas voulu communiquer le nombre des voitures incendiées. Vendredi soir, une quinzaine d’interpellés en région parisienne, tandis qu’à Lyon, la police reculait pour laisser place aux débordements… de joie. Seuls de mauvais esprits proches de l’extrême droite pourraient comparer ces chiffres avec ceux de la répression contre les gilets jaunes et les nombreuses comparutions immédiates qui en ont découlé. Ici, aucune. La France, terre d’accueil, a choisi d’être ouverte à ses nouveaux habitants et d’être ferme avec ses vieux râleurs. Jack Lang (tout un symbole) avait offert le parvis de l’Institut du monde arabe (qu’il préside) à la retransmission sur écran géant des matchs de la CAN. La République possède plus d’un de ces fromages qui permettent des retraites dorées mais actives aux vieux serviteurs de l’État et leur donnent la possibilité de démontrer, une fois encore, leur altruisme dans l’emploi de l’argent public.

Après tout, si l’on pavoise lors d’une victoire de l’équipe de France, composée de Français récents, partiels ou épisodiques, n’est-il pas légitime que des Algériens ou des Franco-Algériens fêtent le succès d’une formation à 100 % algérienne ? Les commentaires des supporters sont révélateurs : l’Algérie est mon deuxième pays… Je n’ai pas choisi de naître en France… La France n’est plus une nation, c’est un territoire ouvert au monde, où vivent des individus qui se passionnent pour les jeux du cirque et qui trouvent dans les fêtes communautaires la satisfaction de leur besoin de vie collective : fête du foot ou Gay Pride… La France est mûre pour la mondialisation et elle a, pour ça, le Président qui convient. Qu’elle perde son identité et son existence a aussi peu d’importance que la mort de Vincent Lambert pour celui qui croit au progrès !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 16:34.
Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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