Après le quartier de la Négresse, faut-il débaptiser d’autres lieux ?

Faudra-t-il débaptiser en Occitanie Nègrepelisse ou encore Nazelles-Négron en Touraine ?
Capture d'écran
Capture d'écran

L’événement aura fait la une des médias : le 6 février dernier, le tribunal administratif de Bordeaux a ordonné que le quartier de la Négresse, à Biarritz, soit débaptisé. Une décision qui passe mal, auprès des habitants qui se disent attachés à ce nom associé depuis un siècle et demi au quartier.
Difficile, en effet, d’éradiquer ces toponymes souvent plusieurs fois centenaires et qui font partie de l’Histoire locale. Et si les lieux ont officiellement été débaptisés par les autorités publiques, ils restent vivaces dans la bouche des habitants et même sur Internet.
C’est le cas du club de tennis d’Aulnay-sous-Bois, devenu en janvier 2022 le Tennis Club Loisir Nonneville pour remplacer un nom jugé raciste. Le club continue pourtant d’exister sur Internet sous son ancienne appellation, le Tennis Club de la Négresse, sur la plate-forme de calcul d’itinéraire Mappy et, jusqu’à il y a quelques jours, sur le site de la Fédération française de Tennis.

À Biarritz, le maire résiste

À Biarritz, après l’affaire du quartier de la Négresse, le maire a annoncé saisir le Conseil d’État pour contester la décision du tribunal. Les « Biarrots sont attachés à ce nom de quartier », explique-t-il au Figaro, « ils sont choqués de cette lecture et ne comprennent pas qu’une association extérieure à la ville vienne imposer sa décision », achève l’édile, qui pointe l’association bordelaise « Partage de mémoire », à l’origine de ce changement de nom.
« Même sans panneaux indicateurs, "La Négresse" restera "La Négresse" dans le cœur des Biarrots, et nous l’appellerons toujours ainsi », a posté, sur X, Annick Billot, candidate locale pour les élections législatives puis européennes sur la liste Reconquête.
Un changement mal reçu, donc, par les habitants, d’autant plus que le nom du quarter, considéré comme « raciste et sexiste » par« »Partage de mémoir« », ne désignerait pas, à l’origine, une femme noire, mais viendrait d’une contraction des termes « lane gresse », signifiant landes d’argiles, selon plusieurs chercheurs. Dans la région, plusieurs lieux-dits portent ce nom. Aux dires de ces chercheurs, l’hypothèse largement répandue selon laquelle le quartier de la Négresse devrait son nom à une femme noire qui y aurait tenu une auberge n’est qu’une légende.
Il faut rappeler, en effet, que le terme « nègre » vient du latin niger, qui désigne la couleur noire et qui a donné son nom à de nombreuses villes, communes et lieux-dits français, souvent bien éloignés des ports de commerce et de traite.

Jusqu’où s’arrêtera la censure ?

Après Biarritz, faudra-t-il donc débaptiser, en Occitanie, les communes de Nègrepelisse et La Roque-Nègre ou encore celle de Nazelles-Négron, en Touraine ? Et que dire des multiples lieux-dits comme Combe-Nègre, Nègre Vergne, Les Nègres ou encore Puech Nègre ? Doit-on aller jusqu’à débaptiser Montilly-sur-Noireau, en Normandie ? Signalons, au passage, que la commune voisine de Condé-sur-Noireau, du nom de la rivière qui la traverse, s’est discrètement transformée en Condé-en-Normandie, au gré d’un regroupement de communes. Dans ces circonstances, difficile de dire si l’île de Noirmoutier pourrait être lavée de tous soupçons.
Faudra-t-il, aussi, s’attaquer aux établissements portant un nom qui rappellerait, de près ou de loin, une couleur de peau ? Devra-t-on rebaptiser le prestigieux hôtel Negresco de Nice ?
À Paris, en 2017, la mairie de Paris avait décidé d’enlever l’enseigne publicitaire d’un ancien magasin de café, « Au Nègre joyeux », qui ornait encore la façade.
Débaptiser une commune ou un établissement en raison du caractère raciste ou supposé comme tel de son nom n’est donc pas une première. La seule question est de savoir où cette censure s’arrêtera.

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Le Maire de Biarritz a raison : l’inculture historique woke aboutit à la démolition de coutumes, de pratiques anciennes que l’on n’a pas à condamner.
    La censure s’arrêtera quand la volonté commune – maire, adjoints, population – fera la sourde oreille à ces stupidités.
    La Négresse restera la Négresse à Biarritz, je souscris sans réserve.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

La France est championne… des demandes d’asile
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois