Après l’Emmanuel à l’Élysée, les Manoa au restaurant : et vive la France !

manoa

La France est un pays formidable. En 2017, nous avons élu le plus jeune président de la République de notre Histoire ! 39 ans… et demi. L’âge de tous les possibles et du bonheur démocratique à portée de demain. Enfin !

Bon, d’accord, Viktor Orbán n’avait que 35 ans lorsqu’il devint Premier ministre, en 1998. Mais ne comparons pas ce qui fâche et n’est pas comparable. En 2017, l’Emmanuel avait facilement vaincu la bête immonde. Avec sa cohorte de vrais démocrates estampillés d’un côté « pas de vagues » et de l’autre « serrons la vis », il pouvait mettre en marche – ou en branle, c’est selon – le redressement du pays…

Quatre ans après, le gris ayant un peu teinté ses tempes juvéniles – signe évident de sagesse et d’un sens acquis de la gouvernance –, le constat est lumineux : la France va mieux. À preuve : alors qu’on préjuge, en haut lieu, que la recrudescence des variants belge, luxembourgeois ou monégasque du virus pékinois empoisonnera notre fin de sérénité estivale et que, pour parer à la catastrophe annoncée, notre gouvernement héroïque impose, depuis lundi, le passe sanitaire étendu à l’exécrable populo des « Gaulois réfractaires » qui ne mesure pas sa bienveillance, ni son abnégation, la société DOOVISION Santé, basée en Seine-et-Marne, vient de mettre au point le Manoa, une machine « made in France » qui vous désinfecte les mains, prend votre température et scanne votre QR code. Ouf !

Et Roland Danino, le PDG, mobile en main, est aux anges ; lui qui peine à fournir les demandes jusqu’au Maroc ou à Dubaï : « Ça n’arrête pas », dit-il, étonné : « Je suis là, dans mon petit coin, je travaille. Je ne m’attendais à pas autant de succès, en France comme à l’étranger. Des fois, je me réveille le matin, je me demande : "C’est vrai ou ce n’est pas vrai ?" » Eh oui, c’est vrai. Mais qu’est-ce que ce Schmilblick-là ?

Le Manoa est un boîtier de la taille d’une imprimante, posé sur un pied, qui sert tout bêtement à désinfecter les mains et les petits objets, tels télécommande, téléphone portable, etc., grâce à un rayonnement d’ultraviolets. C’est comme aux toilettes : vous glissez vos petites menottes dans la machine, et hop ! en deux secondes, terminée la contamination. Surtout, l’ami Manoa lit aussi votre QR Code : pas de fraude possible, au restaurant ou à la salle de sport !

Le PDG, pragmatique, attend, bien sûr, les dividendes de ce vrai progrès que le monde nous enviera sous peu. On n’a pas su faire des masques ni arrêter le variant tchétchène, mais on a fait le Manoa. Fierté légitime d’un homme qui semble bien connaître nos atavismes : « Ça évite le vigile devant l’entrée […] des incompréhensions, des accrochages et des conflits. Là, c’est la machine qui fait le travail », ajoute ce patron à la fois humaniste et bien compréhensif des détresses corporatistes : les restaurateurs pourront simplement la louer pour « éviter […] de piocher dans leur trésorerie » car « ils n’ont pas besoin de ça en ce moment », conclut ce bienfaiteur de l’humanité !

Bref, une belle victoire de l’ingénierie française contre les ravages du virus-pangolin et pour la paix sociale selon Emmanuel Macron. Enfin, ça, on verra en septembre.

 

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

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