Après les régionales, Macron dénie sa défaite, la droite travaille à la sienne

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« Régionales : Emmanuel Macron, la défaite en chantant », titre un article du Point de cette semaine, en référence à la claque électorale qu'il a reçue. Pour donner l'illusion d'un Président qui va de l'avant, il fait comme s'il ne s'était rien passé et continue son tour de France - une campagne présidentielle qui ne dit pas son nom. Il n'est pas le seul à chanter son refrain : tous les courants politiques tirent à leur avantage les leçons de ces élections, bien qu'il soit objectivement difficile d'affirmer qu'elles soient représentatives de l'opinion des Français.

Macron, qui a pris une déculottée, joue le fier-à-bras : « Même pas mal ! », s'écrie-t-il comme un enfant vantard. Son entourage semble plus inquiet, même s'il cherche à minimiser la déroute. Il faut voir comment, sur les plateaux de télévision, des députés s'efforcent de démontrer que la majorité n'a pas été désavouée. Ils doivent secrètement se demander s'ils ont une chance de retrouver leur siège dans un an et songer déjà à leur reconversion.

Le Point rappelle que, dix jours avant l'élection, un dîner discret a réuni à l'Élysée les pontes de la majorité. Le Président était convaincu d'être en position de dicter ses conditions aux Républicains et au PS, au soir du premier tour. François Bayrou aurait jeté un froid en lançant : « Je ne sais pas si la question du désistement va vraiment se poser dans les Hauts-de-France ! » Ce vieux routard de la politique est plus malin qu'il n'y paraît. Pour la fidélité à ses alliances, c'est une autre paire de manches : l'Histoire a montré que qu'elle n'était pas indéfectible.

Le PS se sent pousser des ailes avec la victoire des sortants : il va pouvoir quitter l'oubliette où il était reclus depuis sa défaite de 2017. Il se garde de préciser que sa victoire procède moins de son rayonnement que du travail de personnalités locales. Le parti reste profondément divisé. Manuel Valls n'avait pas tort quand il évoquait des « positions irréconciliables à gauche ». Lui-même ne sait plus s'il est français ou espagnol, changeant de nationalité au gré de ses intérêts.

Les Républicains, après dix ans d'opposition, se voient déjà de retour au pouvoir. Les prétendants de la droite ne manquent pas. La décision sera difficile à prendre, d'autant que Xavier Bertrand veut s'imposer et refuse de participer à toute forme de primaire. On peut s'attendre à des empoignades mortifères. Finiront-ils par porter leur choix sur le président réélu des Hauts-de-France, le plus Macron-compatible des candidats, dont le principal objectif est de battre le Rassemblement national ?

Tous se retrouvent pour souligner le recul de ce parti, les uns parce qu'il se serait trop dédiabolisé, d'autres parce qu'il ne le serait pas assez, d'autres encore parce qu'ils n'aiment pas Marine Le Pen. Allez vous y retrouver ! Force est pourtant de constater que, si les électeurs ne se sont pas beaucoup déplacés, cette désertion des urnes a touché tous les partis sans exception. D'aucuns lancent l'idée d'une candidature d'Éric Zemmour, qu'ils poussent à se présenter. Au lieu de travailler à l'union des droites, on participe, par calcul ou par naïveté, à sa division.

Vous l'aurez compris, la droite, celle qui défend les principes d'autorité et de souveraineté, qui refuse une immigration non maîtrisée et l'islamisation de la France, doit s'unir pour avoir une chance de l'emporter. Faute de quoi, chacun chantera son refrain dans son coin, mettra en route la machine à perdre et lancera une bouée de sauvetage à l'adversaire qu'il prétend combattre.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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