Après l’IEP de Grenoble, Sciences Po Toulouse se distingue dans le wokisme

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Pour insinuer une idéologie dans la société, rien de plus efficace que d'investir les lieux où se forment les futurs cadres. Les écoles de journalisme l'ont bien compris, où la bien-pensance se diffuse dans les esprits au point qu'elle devient naturelle et qu'on ne songe plus guère (sauf exception) à s'en écarter. Le wokisme ne pouvait pas ignorer ce mode d'influence. On apprend ainsi que Sciences Po Toulouse propose – ou plutôt impose, puisqu'ils sont obligatoires – des « modules de sensibilisation » pour chaque promotion.

L'intitulé même de ces modules révèle l'orientation de ces « enseignements », qui semblent s'apparenter à de la propagande plus qu'à de l'information. « Genre, violences et prévention des violences sexistes et sexuelles/Lutte contre les LGBTQIA+phobies » : voilà qui promet pour les étudiants quelques belles séances de prêt-à-penser ! Le reste est du même acabit, qu'il s'agisse du module « Société inclusive/Prévention du racisme » ou du module « Égalité de genre et prévention des violences sexistes et sexuelles/Prévention du racisme ». Pour couronner le tout, les étudiants sont invités à assister à une conférence sur « la puissance des corps », Féminisme contre racisme, à visiter une exposition organisée par l'association féministe Les Sans-Culottes et à s'inscrire aux représentations de Viva la Vulva, qui « lèvera le voile sur le sexe dit "féminin" en musique et avec humour ». On voit comment Sciences Po Toulouse rivalise avec l'IEP de Grenoble qui, l'an dernier, a défrayé la chronique. Non qu'il ne soit pas intéressant, d'un point de vue sociologique, d'étudier ces thèmes, mais on devine de quelle manière partisane ils sont abordés.

On ne peut qu'approuver la réaction de David Lisnard, maire de Cannes et président de l'Association des maires de France, en regrettant qu'ils ne soient pas plus nombreux à s'offusquer de ce programme. Il dénonce, dans un tweet, « le fléau du wokisme » qui « ne cesse d'infiltrer l'enseignement supérieur », ajoutant qu'« un réveil de l'esprit scientifique et de la liberté académique s'impose contre cette entreprise d'asservissement intellectuel ». Pas de quoi inquiéter les promoteurs de ces idéologies bien-pensantes, qui s'appuient précisément sur la liberté académique pour imposer leurs vues et, en totalitaristes qui s'ignorent, ne souffrent pas la moindre contradiction.

Sans doute tous les établissements d'enseignement supérieur ne cèdent-ils pas à la tentation « wokiste », mais il suffit de quelques militants, étudiants ou universitaires, d'autant plus déterminés qu'ils sont persuadés d'avoir raison, pour imposer leurs normes à la majorité. Gare à ceux qui tenteraient de s'y opposer ! Ils seraient aussitôt accusés de tous les maux et rapidement mis au placard : fascistes, racistes, machistes, réactionnaires, ringards... vous avez le choix : les épithètes ne manquent pas pour qualifier les réfractaires !

La responsabilité première de cette situation revient aux autorités qui, par lâcheté ou par complaisance, laissent faire. Il est regrettable que certains présidents d'université, quand ils ne sont pas acquis à la pensée unique, ne réagissent pas pour éviter d'être contestés. Quant aux autorités politiques, on souhaiterait bien qu'elles missent le holà, mais combien de Laurent Wauquiez pour donner de la voix ? Les ministres concernés se gardent bien d'intervenir. Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche dans le gouvernement Élisabeth Borne depuis le 20 mai 2022, ne tient guère à s'aventurer sur ce terrain glissant. Quant à Pap Ndiaye, ministre de l'Éducation nationale, on voit mal comment il pourrait renier les courants idéologiques dont il est devenu un spécialiste reconnu.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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