Armement : le couple franco-allemand se déchire, mais qui va garder les canons ?
Il faudrait quand même être sacrément gonflé pour continuer à appeler ça un couple. Ou alors ce serait un de ces couples horribles à regarder, du genre Michel Simon et Germaine Reuver dans La Poison, de Sacha Guitry (1951), un couple où l'un des deux met de la mort-aux-rats dans le verre de l'autre, qui est obligé de le poignarder pour survivre. Ou comme Gabin et Signoret dans Le Chat", de Pierre Granier-Deferre (1971), lorsque la haine du vieux couple se coagule autour de la présence anodine d'un petit félin.
C'est ce qui est en train d'arriver à la France et à l'Allemagne, comme le rappelle une tribune libre du Comité Vauban dans La Tribune. Depuis longtemps déjà, ces deux-là font chambre à part. Oh, bien sûr, ils se prennent la main en public de temps en temps, comme jadis Kohl et Mitterrand, mais le cœur n'y est plus. « En amour, on est toujours deux, disait Pierre Desproges : un qui s'emmerde et un qui est malheureux. » La France est malheureuse, l'Allemagne s'emmerde, on y est. Dernier coup de canif dans le contrat de ce mariage boiteux : l'Allemagne est en train de verrouiller le contrôle des exportations d'armement au niveau européen, de sorte que les pays de l'Union ne pourraient plus, à terme, vendre de l'armement qu'au sein de l'Union européenne ou de l'OTAN.
C'est tout d'abord extrêmement hypocrite de la part de l'Allemagne, qui a continué à exporter de l'armement dans des pays soumis à des régimes autoritaires (Égypte, Indonésie, Émirats arabes unis) ces dernières années, tout en signant et en faisant signer à ses partenaires des contrats de coalition destinés à empêcher le réarmement des pays jugés infréquentables. Avec une schizophrénie qui est l'autre nom de la duplicité, elle a interdit l'exportation de l'hélicoptère franco-allemand Tigre à la Turquie, pendant qu'elle vendait à ce même pays des chars Leopard... 100 % allemands. Sous le douteux prétexte de contrats à honorer à tout prix, les gouvernements successifs ont validé les décisions de leurs prédécesseurs, sans pour autant communiquer sur les chiffres faramineux de ces ventes.
Voici maintenant que l'Allemagne se prépare à faire interdire la vente d'armes, au sein de l'Union européenne, à d'autres pays que ceux de l'Union ou de l'OTAN. Le calendrier de cette décision ne doit rien au hasard : les industries de défense allemande se sont déjà alignées sur cet impératif hypothétique, puisque leurs nouveaux partenaires commerciaux privilégiés sont déjà européens ou otaniens. Par ailleurs, son fonds spécial de 100 milliards d'euros qui, aux yeux du monde, signe la fin de 80 ans de pacifisme idéologique s'appuie sur sa propre base militaro-industrielle. Un cercle vertueux, si on veut, qui place désormais l'Allemagne au carrefour d'un pragmatisme cynique et d'un idéalisme qui lui a déjà fait interdire le nucléaire et accueillir les migrants par millions.
La France, qui, historiquement, exporte tous azimuts sauf quand il s'agit de la Russie (parce que les Russes sont méchants : on se souvient de l'affaire des BPC et des Mistral russes), risque de voir l'Allemagne lui imposer, à l'échelle de l'Europe, une restriction à son droit souverain de faire des affaires. En parallèle, le droit allemand va, lui, s'assouplir pour les industries d'outre-Rhin. Un couple dans lequel l'un des deux fait autant de crasses à l'autre peut-il vraiment être considéré comme le moteur de l'Europe ? Pas sûr.
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36 commentaires
Les allemands ne peuvent pas supporter notre avance technologiques en matière d’armement, ainsi que la place de la France au conseil de sécurité de l’O.N.U, et, bien sur la possession de la force de dissuasion nucléaire.
Ils veulent construire le futur avion de combat avec la France à condition de transférer toute notre haute technologie, en même temps ils veulent bien du char futur à condition que ce soit eux qui le construise.
La défense européenne ils n’en veulent pas, avec notre arme nucléaire, ils n’en seraient pas maître.
Ils ont besoin d’avions, ils se précipitent chez les US pour se fournir.
Non vraiment nous n’avons rien à attendre de « ces partenaires ».