Arnaud Benedetti : « Le maintien ou non d’Élisabeth Borne n’est plus un enjeu »

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Pour le politologue Arnaud Benedetti, Élisabeth Borne est un Premier ministre sous tension, confronté à la « cornérisation » du gouvernement. L'abandon de la loi Immigration est révélatrice d'une période de grande incertitude du pouvoir... sauf sur les retraites. Il évoque « une crise démocratique ».

Marc Eynaud. Que retenez-vous de la feuille de route pour les cent prochains jours annoncée par Élisabeth Borne ?

Arnaud Benedetti. C’est une Première (sic) ministre sous tension car elle est prise en tenaille entre une opposition massivement opposée à sa réforme, des syndicats unis et mobilisés et un président de la République qui lui donne, depuis l’Élysée, une feuille de route extrêmement difficile à réaliser. Elle est confrontée à une équation parlementaire qui prend de plus en plus la forme d’une « cornérisation » du gouvernement. En effet, nous sommes face à un chef de la majorité qui, de fait, est quasiment sans majorité à l’Assemblée nationale. L’élément le plus important de ce mercredi est le fait qu’elle a annoncé que le texte de loi sur l’immigration ne serait pas examiné immédiatement par l’Assemblée nationale. C’est, d’une certaine façon, un échec. Le vrai sujet, pour elle, est de maintenir ce qui lui reste de majorité.

M. E. Faut-il y voir un signe de faiblesse ?

A. B. Nous sommes dans une période de très grande incertitude. Or, aujourd’hui, l’exécutif n’est ferme que sur une chose : sur le fait qu’il ne retirera pas sa loi sur les retraites adoptée et promulguée. Pour le reste, l’exécutif est soumis à la contrainte structurelle d’une opinion publique hostile et des syndicats qui sont dans une attitude de défiance vis-à-vis du président de la République et du gouvernement. De plus, on a un Parlement, à travers une Assemblée nationale, qui apparaît non pas comme indocile mais particulièrement instable et incertain. Nous sommes face à une Première (sic) ministre qui n’a pas réussi à élargir sa base de majorité. Sur le fait qu’on hésite autant sur le dossier de l’immigration, on nous a d’abord dit qu’il était reporté puis, ensuite, qu’on le saucissonnerait peut-être. Mais face à l'opposition du président du Sénat, on est revenu à une vision d’un projet de loi unique. On retire finalement ce texte de l’examen.

On voit donc bien qu’on est face à un exécutif ballotté qui n’arrive pas à maîtriser et reprendre le contrôle de la situation.

M. E. Élisabeth Borne est encore en poste. Quel avenir politique à Matignon lui voyez-vous ?

A. B. Cela dépend de plusieurs paramètres. Tout d’abord, les mobilisation sur le terrain vont-elles se poursuivre ? Les sorties des ministres sur le terrain seront-elles toujours plus difficiles ? L’opinion publique continuera-t-elle à soutenir massivement ces mobilisations ? La Première (sic) ministre réussira-t-elle à développer sa tactique ? Réussira-t-elle à obtenir des majorités d’opportunité sur les différents textes qu’elle présentera au Parlement ?Tous ces paramètres dicteront la durée de vie de Mme Borne à Matignon. Aujourd’hui, il n’y a pas que le problème du Premier ministre - c’est presque un épiphénomène. Le vrai sujet, aujourd’hui, est l'absence de majorité claire à l’Assemblée nationale et la défiance forte vis-à-vis du président de la République. Ces deux éléments traduisent ce que d’aucuns appellent une crise démocratique.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

4 commentaires

  1. La mise en retrait de cette loi sur l’immigration: tout simplement le joueur de pipeau n’y tient pas; elle l’obligerait à prendre position ; le  » en même temps » serait impossible.

  2. Il la pousse à la faute pour s’en débarrasser, mais elle s’accroche à son poste pour bénéficier des avantages à vie de sa fonction. C’est une vraie SOCIALISTE, pour qui le fric est son moteur. Comme beaucoup de nos politiciens. Elle avalera toutes les couleuvres jusqu’à s’en étouffer.

  3. Auteur politologue…? Ben désolé mais je ne suis ni l’un ni l’autre et j’aurais fait le même constat mais en 20 lignes

  4. Je parlerais plutôt d’une secrétaire générale que d’une 1ère Ministre puisque le Président Macron s’occupe de tout, aux ordres de l’UE en appliquant à la lettre ses directives. Pour économiser nôtre argent, celui des contribuables, et non pas le leur, qu’ils gaspillent sans compter, peut-être serait il bon de revoir la constitution en mettant fin soit à la fonction de Président, soit à la fonction de 1er Ministre.

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