« Arrêté kebab » à Pau : et si, pour les municipales, on mettait enfin les pieds dans le kebab de nos centres-villes ?

kebab

Les infos kebab que je vous rapporte ne proviennent ni de Béziers ni de Benoît Hamon, mais de Pau, la bonne ville du bon roi Henri, dirigée par François Bayrou, parrain d'Emmanuel Macron. Pau, une ville historiquement socialiste, désormais macroniste. À la présidentielle de 2017, Emmanuel Macron faisait 30 % au premier tour, 78 % au second. Et aux dernière européennes ? 27 % pour LREM, 15,5 % pour EELV et seulement 14 % pour le RN (ce qui est tout de même historique). Une sociologie et des résultats en phase avec Paris, Deauville et les grandes métropoles, à quelques nuances près, notamment la tradition de gauche (Mélenchon y arriva second en 2017, avec 21 %, et le PS y a fait encore 10 %).

Et pourtant, dans ce bonheur bourgeois rose-vert des centre-villes à l'immobilier inaccessible, sous le soleil du Sud-Ouest, quelque chose cloche. On apprend, ce samedi, que la mairie de Pau a publié un arrêté instaurant une sorte de couvre-feu, d'obligation de fermeture nocturne pour les « épiceries de nuit et commerces de restauration nocturne », qui devront baisser le rideau de minuit à 6 heures en semaine et de 1 h à 6 heures du jeudi au samedi. Le journal Sud-Ouest, en titrant « Un arrêté kebab pour limiter les nuisances », est sorti de sa bien-pensance habituelle et a mis les pieds dans le plat, loin des périphrases « bayrouesques ». Oui, ce sont bien les kebabs, leur clientèle, leurs habitudes et leurs habitués, et peut-être aussi leurs trafics annexes qui, comme le rapporte le quotidien, empoisonnent la vie de « nombre de riverains » qui « se plaignent des incivilités, nuisances sonores et autres nuisances olfactives, générées par les commerces nocturnes ».

La municipalité Bayrou reconnaît ce que nous, habitants des petites villes de la France périphérique, pouvons tous constater dans nos centres-villes à la fois désertifiés, abandonnés, mais « kebabisés ».

Mais à Pau, c'est la France macroniste qui est visiblement dérangée, et c'est peut-être tant mieux : cette France commence à subir les nuisances qui gâchent son petit confort bourgeois. Ce n'est qu'un début.

Les prochaines municipales doivent être l'occasion d'une réflexion sereine mais ferme sur les centres-villes que nous voulons : est-il normal que ce type de commerces se multiplient alors que le reste des commerces est à l'abandon ? Nos parvis et nos églises restaurés l'ont-ils été pour assister à cette prolifération du kebab ? Le patrimoine, c'est aussi cela : des traditions commerciales, culinaires, urbaines. Et le kebab n'en fait pas partie. La civilisation, la culture, cela commence là : au café, en terrasse, sur nos places et nos boulevards. Nous avons inventé des labels pour produire, consommer français : viandes, volailles, fruits, textiles, etc. Il nous faut la même démarche pour la gestion de nos villes et nos villages.

Plus que jamais, le « label » pour les municipales MVMF « Ma ville - Ma France » doit s'imposer, attirer et motiver des candidats et des équipes, en ces temps où les vieilles étiquettes sont démonétisées, pour inscrire dans leur « programme commun » cette revitalisation des centres-villes, mais en mettant franchement les pieds dans le kebab, et pas seulement pour en « limiter les nuisances », comme le timide François Bayrou qui est en train de se cogner à la réalité.

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