Art contemporain : l’obsession du sexe dans l’Europe décadente

Capture d'écran YT
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Confirmation du retour de la Rome antique dans sa phase la plus décadente ; les bacchanales semblent à la mode. En témoigne, entre autres fantaisies, la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, avec un Philippe Katerine couleur de Schtroumpf offrant au public les replis de sa bedaine et sa zigounette bleue au milieu d’un compotier.

Dans la même veine, celle des hommages à Bacchus, le maire de Naples, ville d’Histoire s’il en est, vient d’inaugurer l’érection d’un phallus de 12 mètres de haut sur la piazza del Municipio. L’œuvre est signée Gaetano Pesce, un artiste italien mort à New York le 3 avril dernier. Paraît-il inspirée par Pulcinella, personnage de la commedia dell’arte, elle s’intitule Tu si' 'na cosa grande (« Tu es une grande chose »).

 

Exposée jusqu’au 19 décembre prochain, l’érection de Gaetano Pesce a coûté 180.000 euros, dont 160.000 financés par la région. Et l’on s’étonne que les Napolitains râlent…

Phallus, plug anal, scènes de sexe explicites…

Comme ont râlé les Parisiens, voilà dix ans, lorsqu’on a disposé un « plug anal » en guise de sapin de Noël, place Vendôme. Intitulée Tree, installée là dans le cadre de la programmation « Hors les murs » de la FIAC, l’œuvre de Paul McCarthy était une structure gonflable de 24 mètres de haut. Mais voilà que de mauvais plaisantins, peu sensibles à l’art contemporain, s’en vinrent la débrancher. Et tandis que le vigile était parti remettre en marche la soufflerie du machin, ils retirèrent les sangles qui le tenaient debout. Débandade de la chiffe molle, « les responsables ont alors choisi de dégonfler la structure […] Samedi matin, avant le remballage, le fier sextoy vert était tout raplapla », écrivait alors Libération, dénonçant « l’ire haineuse des coincés anti-art contemporain habituels, façon Manif pour tous ». Comme dirait Anne Hidalgo, rien que des « peine-à-jouir », ces Parisiens-là…

Pour la petite Histoire, racontée cette fois par Le Monde, Paul McCarthy n’était pas satisfait de l’emplacement. Il trouvait que l’échafaudage autour du « trophée guerrier de Napoléon » – la colonne Vendôme alors en restauration – nuisait à la compréhension de son œuvre. Cela empêchait de percevoir « l’humour féroce et les connotations sexuelles et scatologiques » qui font l’essence de son travail et qu’il voulait opposer au trophée napoléonien…

À quand, la révolte des chanteurs lyriques ?

Hélas, la pénétration de l’art « trouduculesque » ne se limite pas aux sextoys géants. Elle sévit aussi grandement sur les scènes de théâtre, et particulièrement d’opéra où les metteurs en scène donnent dans le sexe débridé.

Ainsi, un certain nombre de spectateurs ont quitté la salle au premier entracte d’une magnifique représentation du Couronnement de Poppée, en avril dernier, à Toulon. Chanteurs magnifiques, orchestre aussi mais, hélas, mise en scène déplorable de l’Américain Ted Huffman, sauf à aimer les pelotages incessants… Jusqu’au débraguettage ultime qui fit quitter la salle.

De même, l’écho est venu jusqu’à nous depuis le festival Opéra Bastide de Villefranche-de-Rouergue, où le metteur en scène, américain lui aussi, voulait absolument caser une scène de viol dans La Flûte enchantée de Mozart. Il aura fallu une menace de grève des chanteurs pour qu’il y renonce.

Une première : un opéra interdit aux moins de 18 ans

L’apothéose se joue actuellement à Stuttgart, où l’on donne l'opéra Sancta Susanna, de Paul Hindemith. Certes, le sujet se prête à la débauche, puisqu’il s’agit des fantasmes sexuels d’une nonne. Ben oui, pas d’un imam ou d’un mollah : on n’oserait pas. Notons qu’à sa création, en 1922, le chef refusa de diriger l’œuvre qui, « très rarement jouée », nous dit Diapason, « fait souvent polémique ». Elle est cependant à l’affiche de l’Opéra national de Lorraine.

Et, donc, se joue à Stuttgart où une vingtaine de spectateurs ont fait des malaises au point qu’il a fallu appeler les secouristes. Certes, avec les rajouts, l’œuvre dure trois heures sans entracte, mais la vénérable institution prévient : « Ici, la personne qui se produit n’incarne pas un personnage, c’est son corps lui-même qui est le médium ». Diapason cite quelques moments forts de ce spectacle interdit aux moins de 18 ans : « Une artiste enfonce une épée en forme de crucifix dans sa gorge, des femmes nues suspendues à des cordes et imitant la position du Christ en croix se voient déverser sur elles des flots de (faux) sang, un morceau de peau est découpé sur une artiste avant d’être mis à griller… »

Question : prévenues, que vont faire les âmes sensibles dans cette galère ? Elles en redemandent : il y a encore cinq représentations à venir. Toutes affichent complet !

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

6 commentaires

  1. « Hélas, la pénétration de l’art « trouduculesque » ne se limite pas aux sextoys géants. Elle sévit aussi grandement sur les scènes de théâtre, et particulièrement d’opéra » nous dit Marie Delarue.
    Y compris à l’Education Nationale pourrait-on rajouter !
    Car 2000 lycéens (de 14 à 17 ans) ont actuellement la tâche de choisir le prochain « Goncourt des lycéens » prix organisé par le ministère chargé de l’Éducation nationale en partenariat avec la Fnac et sous le haut patronage de l’Académie Goncourt.
    « L’objectif est de faire découvrir aux lycéens la littérature contemporaine et de susciter l’envie de lire ».
    Rien que ça !
    L’un des 14 ouvrages retenus est d’une telle abjection (pornographie, scatophilie dans le détail et autres pratiques déviantes, inceste et suicide !) que force est de constater que la noirceur, le trash et le sordide n’épargnent pas notre jeunesse jusqu’au sein même de l’école pourtant sensée être un sanctuaire …
    Alertés par une association qui défend l’éducation (ou ce qu’il en reste), mon mari et moi-même, écoeurés, n’avons pu ni lire ni écouter les très nombreux extraits de l’ouvrage en question jusqu’au bout…
    Or, l’auteur déjà couronnée par de nombreux prix est agrégée de lettre modernes dans un lycée de la banlieue parisienne depuis 30 ans et mère de 4 enfants : là, on reste sans voix…

  2. Ras le bol, ras le képi, ras la casquette, ras la chéchia de cette sexualisation à outrance, y compris des enfants en bas âge dans les écoles !… Et quand on le dit aux promoteurs et aux amateurs de cette vulgarité et de ce mauvais goût revendiqués, ils vous accusent de pudibonderie, vous qualifient de « coincés », de ringards et autres amabilités. Pourtant, outre cette obsession du sexe tous azimuts, ces soi-disant « œuvres d’art » sont très moches, et pas seulement celles qui sont faites pour provoquer et choquer le pékin de base, mais la plupart des autres également. Michel-Ange et ses semblables doivent se retourner dans leurs tombes.

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