Asile et immigration : le Président ne doit pas sortir du double langage !
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Humanité et fermeté. C'est la double exigence qui fonde le projet de loi sur l'asile et l'immigration, n'en déplaise à ses détracteurs.
D'autant plus qu'en 2017, il y a eu une hausse spectaculaire des demandeurs d'asile et une augmentation aussi marquée de l'immigration régulière.
Le président de la République et Gérard Collomb ont raison de demeurer sur cette ligne de synthèse et de tenir bon. À gauche comme à droite, de manière antagoniste, on voudrait les voir abandonner ce que, pour l'une, il y a de fermeté et, pour l'autre, d'humanité. Ce qui démontre à quel point les dispositions prévues sont équilibrées, et ce ne sont pas les rares états d'âme de LREM qui fragiliseront ce constat. Au fond, pour quelques-uns, l'insupportable réside dans une pensée et une action qui ne seraient pas hémiplégiques.
Ce travers est, par exemple, parfaitement illustré par une Martine Aubry qui, ne faisant pas dans la nuance, prétend "que Margaret Thatcher se sentirait très bien avec la politique" d'Emmanuel Macron.
Au sujet de ce dernier, rien ne m'apparaît plus révélateur de la mauvaise foi que ce reproche lassant, à force d'être répété, de "double langage", un langage qui aurait été proféré pour la campagne et un autre pour le pouvoir.
Je pourrais me contenter de souligner qu'il émane aussi bien du sénateur Bruno Retailleau, vaillant et nostalgique soutien d'une droite dont le champion a sombré, que d'associations plus politisées qu'humanitaires dont un grand quotidien - aussi contestable et partial qu'il est irremplaçable - s'est fait le chantre zélé. À partir du moment où le même grief est formulé de part et d'autre de l'échiquier démocratique, il me semble qu'on peut augurer sans risque de son inconsistance.
Le président de la République, quand il s'est rendu à Calais, n'a pas lâché le moindre lest sur l'essentiel et, au contraire, s'en est "pris aux associations qu'il soupçonne de saboter sa politique migratoire".
Où est donc le scandale dans une alternative qui ne répudie aucune des deux branches ?
Double langage ?
Que je sache, sur les thèmes régaliens - l'asile et l'immigration -, je n'ai jamais entendu Emmanuel Macron lors de sa campagne - pas plus que François Fillon, d'ailleurs - dispenser aux citoyens des discours qui auraient seulement, pour complaire à la gauche, invoqué l'humanité et, pour séduire la droite, la sévérité.
Le langage, quand on préside, doit être double parce que la vérité n'offre jamais aux gouvernants le luxe d'être unique.
Pourquoi suis-je le défenseur convaincu d'Emmanuel Macron sur son approche au sujet de ces graves enjeux ?
D'abord parce qu'il n'a pas peur et qu'il ne met jamais sa langue dans une poche lâche ou frileuse.
Ensuite, attaché au meilleur qu'aurait pu engendrer le quinquennat de Nicolas Sarkozy si la constance et un vrai courage avaient habité celui-ci, je suis heureux de le voir naître et surgir de cette présidence avec une dialectique plus affinée, une humanité et une sévérité croisées encore plus affichées et la certitude que le verbe audacieux ira au bout de lui-même : jusqu'à l'incarnation. La loi Travail sera, je l'espère, un modèle.
Enfin, parce qu'Emmanuel Macron est tellement épris de la force de la pensée multiple qu'il vous contraint à n'être pas un inconditionnel, à le suivre ici, à le désapprouver là, tant il peut emprunter des chemins divers, contrastés et appelant des réactions contradictoires.
Sur la Justice, il a certes fait un remarquable discours devant la Cour de cassation en théorisant sur le lien obligatoire, technique et démocratique entre le ministère de la Justice et les parquets de la République.
En revanche, sur la prison, la surpopulation, la surestimation des peines alternatives et le refus des peines plancher, il est loin d'emporter mon adhésion entière.
Mais pour l'asile et l'immigration, je le conjure de ne jamais sortir du double langage. Sa politique s'appauvrirait.
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