Assa Traoré sur le plateau des Glières, « une provocation scandaleuse »
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C’est un rendez-vous annuel de la gauche auquel Assa Traoré est censée se rendre, ce 30 mai. Tous les ans, des intellectuels, des politiques et des acteurs de la vie publique se donnent rendez-vous sur l’emblématique plateau des Glières, théâtre de la résistance farouche d’une poignée de combattants de la Résistance contre l’occupant et les collaborateurs. C’est depuis ce plateau que le lieutenant Théodose Morel, dit « Tom Morel », a mené ses maquisards contre les troupes italiennes, allemandes et vichystes. C’est à la tête de ses hommes qu’il est abattu par un prisonnier ayant conservé son arme, le 10 mars 1944. La mort du lieutenant Morel précéda de quelques jours la chute du plateau et la mort au combat de quelque 120 maquisards.
Tandis que Radio Paris tait l'intervention allemande et glorifie la victoire des forces de l'ordre sur un « ramassis de lâches terroristes communistes et étrangers » qui se seraient rendus sans se battre, Maurice Schumann déclare à la BBC, le 6 avril 1944 : « Héros des Glières, quelle est votre plus belle victoire ? [...] Pour tout dire, d’avoir déjà ramené Bir-Hakeim en France. » Le plateau des Glières était devenu un symbole politique. Tellement qu’une association, qui se rassemble tous les ans sur le plateau pour des cycles de conférences et de projections de films, a décidé d’inviter la militante Assa Traoré, sœur du délinquant Adama Traoré et pasionaria anti-flic.
Qui a invité Assa Traoré ?
Derrière cette initiative : les Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui (CRHA), association née, d’après les organisateurs, « suite aux rassemblements citoyens qui se sont spontanément organisés en 2007, puis en 2008, sur le plateau des Glières pour protester contre la récupération du lieu et de son histoire par N. Sarkozy ». On peut tiquer allègrement tant en matière de récupération politique, le CRHA peut difficilement donner des leçons. Inviter Assa Traoré là ou sont morts pour la France des dizaines de résistants s’inscrit clairement dans une logique de récupération politique. Cette séquence, qui aura lieu le 30 mai, a un programme qui vaut le détour : vous pourrez assiste, le samedi, à des conférences comme « Marxisme, une philosophie de combat » ou encore « Femmes : regard politique sur le corps ». Si les conférences ne vous intéressent pas, vous pourrez assister à la projection des films de David Dufresne ou encore François Ruffin. À l’heure actuelle, le CRHA n’a pas répondu à nos demandes d’interview.
Une conférence passée sous silence
Nous avons contacté le 27e bataillon de chasseurs alpins, surnommé « le bataillon des Glières » et implanté à Annecy. Rappelons qu’à la dissolution de l’armée d’armistice, durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux cadres de cette prestigieuse unité constituèrent l’ossature de la Résistance en Haute-Savoie. Parmi eux, le lieutenant Tom Morel, mort en héros aux Glières. Et aujourd’hui, le 27e BCA est commandé par le colonel Morel, qui n'est autre qu'un petit-fils de Tom Morel. Mais le 27 n’a pas voulu communiquer sur « l’événement Traoré » : « le régiment est en instance de départ pour le Mali, comprenez que nous avons d’autres priorités », nous a signalé le service communication du bataillon.
Rappelons la réaction du colonel Morel qui, lorsqu’en octobre 2020, des militants indépendantistes savoyards avaient organisé un happening devant la nécropole des Glières, n’avait pas mâché ses mots en déclarant à nos confrères du Dauphiné libéré : « Je ne comprends pas qu’on puisse organiser une manifestation devant les tombes de nos frères d’armes morts pour la France […] Je ne peux qu’être indigné et scandalisé. […] Comment les manifestants ont osé passer au-dessus de la chaîne qui indique clairement la sacralité des lieux. […] Je ne vois pas du tout au nom de quoi ces gens se sont emparés des valeurs de la Résistance. » Des mots qui pourraient sans doute être repris aujourd’hui au sujet de la présence d’Assa Traoré aux Glières.
Peu de réactions
Pour l’instant, hormis Le Dauphiné libéré et Boulevard Voltaire, peu ont relevé l’information. La sénatrice LR Virginie Duby-Muller a déclaré, sur Twitter, que « l’annonce de sa présence est une provocation scandaleuse et indigne des valeurs de la République ».
Le syndicaliste Alexandre Langlois, invité lui aussi à cet évènement, précise qu’il « n’était pas au courant de la venue d’Assa Traoré ». Il rajoute : « Vous venez de me l’apprendre mais c’est une raison supplémentaire d’y aller pour ne pas lui abandonner le terrain. »
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