Assez de chiffres et de paroles… Protégez-nous !

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Le Covid-19 a donc, jusqu’à présent, tué plus de 17.000 personnes en France. Notre pays se situe parmi ceux qui auront le plus mal résisté à la pandémie. Cette sinistre surprise devrait être, pour les Français, l’occasion d’une prise de conscience. Le système de santé que le monde nous enviait, l’État stratège, impérieux et omnipotent, censé nous protéger, n’ont pas été à la hauteur. La qualité de l’armée de ceux qui affrontent le virus sur le terrain, leur savoir-faire et leur dévouement, ne sont pas en cause. Beaucoup sont allés au combat sans armes parce que l’État avait été imprévoyant. Et c’est bien ce rapport de la France charnelle avec son État qui doit être « réinventé », comme dirait notre bavard Président.

Le rapport entre le peuple et l’État, en France, n’est pas démocratique. La crise sanitaire actuelle le révèle cruellement. Une démocratie digne de ce nom repose sur le pluralisme, et sur la transparence de l’information. Or, le prétexte de l’urgence devant le péril a justifié, au nom de l’union nationale, un accroissement inouï de la verticalité du pouvoir. La vie du pays semble rythmée par les allocutions présidentielles et les conférences de presse quotidiennes du directeur général de la Santé. Avec ce dernier, on comprend ce que Nietzsche voulait dire en parlant de « l’État, le plus froid des monstres froids » qui « ment froidement ». C’est, chaque soir, un long écoulement de chiffres.

Ainsi, les personnes âgées, décédées sans un adieu à leur famille, ne sont que des « données ». Il faudrait s’interroger sur l’absence de « données » pour les décès à domicile. Le surprenant chassé-croisé entre la restriction de l’utilisation de la chloroquine et l’autorisation de la vente d’un puissant sédatif favorisant la « mort douce » chez soi, le Rivotril™, soulève le doute quand on sait que plusieurs régions ont vu leurs capacités hospitalières saturées.

Le versant humain de l’État est, lui, incarné par le Président. Celui-ci a déployé une humilité et une empathie dont la foule de ses flagorneurs médiatiques s’est félicitée. Mais au-delà de cette orchestration des médias dont bénéficie étrangement le régime actuel, sans doute pour la première fois dans la Ve République, personne ne semble s’inquiéter de la dérive autocratique de celui-ci.

Le virus doit être, pour Macron, une sorte d’Austerlitz du verbe. La France n’était pas prête, le gouvernement a pris un retard qui a coûté des vies, le Président a montré le mauvais exemple et pris des décisions absurdes, comme les municipales la veille de la fermeture des écoles, mais tout cela est effacé parce que le grand déclamateur a dit que ça allait mieux et que les résultats étaient là. L’ennui, c’est qu’il a aussi fixé une date et annoncé la réouverture des crèches et des écoles, en même temps que la possibilité de tester les personnes à risques, le dépistage généralisé n’ayant pas de sens.

Face au technocrate plus politique que médical, le DGS Salomon, il y a le vrai médecin, qui continue à voir des malades, le professeur Raoult. Quant à l’autocrate, « grand causeux et petit faiseux », comment le définir ? Napoléon flattant ses troupes ? Moïse guidant son peuple vers la Terre promise du 11 mai ? Non, Néron disant : « Quel grand artiste meurt en moi ! » On croyait avoir un énarque-banquier, « Mozart de la finance », et la France est à 100 % du PIB de dette et passera à 118 %… cette année. On croyait avoir le guide d’un peuple en marche et il l’a mis aux arrêts. En fait, on a un comédien dont le narcissisme prend un évident plaisir à tenir les Français par le verbe. Leur réveil risque d’être terrible lorsque la réalité percera l’écran de la parole !

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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