Attaque du Thalys : le terroriste face aux héros lors du procès

Thalys

Pendant que l’affaire Daval défraie la chronique avec son lot de révélations voyeuristes, un autre procès a démarré, le 16 novembre : celui du terroriste impliqué dans l’attaque du Thalys. La scène aurait pu virer au cauchemar puisque Ayoub El-Khazzani est accusé de « tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Un carnage évité par l'étoffe des héros, ce 21 août 2015, sur la ligne Amsterdam-Paris. Sans l'intervention de trois courageux Américains, ce citoyen marocain, alors âgé de 26 ans, prévoyait de tirer sur l’ensemble des passagers.

En somme, un scénario digne de long-métrage, si bien que Spencer Stone, soldat de l’US Air Force, Aleksander Skarlatos, militaire qui rentrait d’Afghanistan, et leur ami étudiant Anthony Sadler, décrit dans 20 Minutes comme un « grand gaillard qui pratique le basket et le football américain », avaient joué leur propre rôle dans Le 15 h 17 pour Paris, de Clint Eastwood. D’ailleurs, le cinéaste de 90 ans est également appelé afin d’apporter son éclairage sur la bravoure de ces trois-là.

Un autre homme vient de témoigner au cours de ce procès. Mark Moogalian, professeur d’anglais de 56 ans, revenait d’un week-end à Amsterdam avec son épouse. Il raconte avoir vu l'assaillant s’enfermer dix minutes dans les toilettes « avec une petite valise à roulettes ». Il aurait pu s’en tenir là et rester confortablement installé dans son siège en première classe. Mais il s’inquiète d’un éventuel malaise de ce passager. Il s’approche et aperçoit l’homme qui ressort, kalachnikov sur l’épaule, et comprend immédiatement que « ça ne pouvait être que ça ». Il avertit sa femme du danger et lui conseille de s’éloigner. Isabelle Moogalian choisit courageusement de ne pas partir très loin parce que « je me suis dit que je voulais mourir avec mon mari ».

Le professeur parvient à s’emparer de l’arme mais se fait tirer dans le dos et témoigne de son expérience surnaturelle. Mark Moogalian a l’impression de « flotter dans les airs », relate 20 Minutes. « Comme dans un rêve, je me suis retrouvé dans ma première maison. J'ai revu ma mère, que j'avais perdue deux mois auparavant. Et puis j'ai entendu ma propre voix me dire “Si tu n'ouvres pas les yeux maintenant, tu ne pourras plus jamais les ouvrir”. J'avais le choix : soit je restais là avec ma mère, soit je rentrais tout en m'excusant auprès d'elle. J'ai choisi de retourner dans le train. La douleur et le chaos sont revenus », raconte Le Parisien. Une paisible parenthèse que le quotidien décrit comme « une expérience aux frontières de l’existence ».

À la fin de son témoignage, El-Khazzani « l'écoute, très ému, et souhaite s'adresser à lui », d'après RTL. Mark Moogalian préfère refuser. Le terroriste, recruté par le cerveau des attentats de Paris Abdelhamid Abaaoud, encourt la réclusion criminelle à perpétuité, à moins que, d’ici là, il ne bénéficie, lui aussi, d’un aménagement de peine ou d’une libération conditionnelle…

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 24/04/2021 à 17:38.
Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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