Attentat à Lyon : « En tant qu’Algérien », le terroriste ne regrette rien

Condamné pour un attentat commis en 2019, Mohamed M. s'est défendu en faisant allusion au passé de la France.
@Asticoco/Wikimedia commons
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Il a été baptisé par les médias « l’attentat de la Brioche dorée ». C’est en effet devant une boutique de la célèbre chaîne de restauration, dans le centre de Lyon, qu’un colis piégé avait explosé, le 24 mai 2019. Emballée dans un sac en papier kraft, la bombe contenait du TATP – un explosif artisanal relativement facile à fabriquer – et quelques 270 projectiles métalliques. L’intention était clairement de tuer ou mutiler le plus de victimes possibles. Par chance, il n’y avait eu « que » huit blessés. Une fillette de dix ans figurait parmi elles. « Ça aurait pu être pire », commenta le maire de Lyon d’alors, feu Gérard Collomb.

Un Algérien condamné

Des traces d’ADN avaient rapidement été retrouvées, donnant le coup d’envoi d’une traque de 65 heures et la mobilisation de pas moins de 110 enquêteurs. Le profil du suspect avait fuité dans la presse : un Algérien de 24 ans, étudiant en informatique et inconnu des services de police. Son prénom, en revanche, était moins net. On nous dit d’abord que le terroriste s’appelait Hichem, puis Hicham et, enfin, Mohamed. On apprit, aussi, que le jeune homme se trouvait en situation irrégulière en France. Que de surprises !

C’est donc six longues années après les faits, lundi 7 avril 2025, que le dénommé Mohamed M. a enfin été jugé. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises spéciale de Paris (BV ne sait pas s'il a fait appel de cette décision). Sa peine a été assortie d’une période de sûreté de 22 ans. « Si sa bombe n’a tué personne, c’est uniquement dû au hasard », a fait valoir l’avocat général, lors de son réquisitoire, le 4 avril. Le « choix du silence et du mépris » adopté par l’accusé a laissé « un goût amer » aux victimes et provoqué de « la frustration », a-t-il par ailleurs estimé.

Ni regret, ni demande de pardon

L’homme est pourtant loin d’être resté silencieux. Il a commencé par nier toute implication dans l’attaque, avant d’admettre avoir conçu la bombe. Ses motivations ne sont pas restées mystérieuses très longtemps non plus. Dès le début de sa garde à vue, Mohamed a tenu un discours religieux on ne peut plus radical. Il s’est ensuite présenté comme un « soldat de l’islam » ayant « dans son for intérieur » prêté allégeance à l’État islamique. En avril 2023, lors de son dernier interrogatoire, ce musulman intégriste expliquait avoir de la haine « contre toute la France ». « On m'a humilié, on m'a manqué de respect et je vais me venger. Si je prends un Français [...] je vais le décapiter mais aussi le couper en mille morceaux », a-t-il prévenu, comme le rapporte l’AFP.

Le jour du verdict, l’Algérien a revendiqué « une victoire totale ». « Tous les objectifs ont été atteints et je ne regrette rien, a-t-il affirmé. Vous ne m’impressionnez pas, vous ne faites peur à personne […] En tant que musulman, arabe et surtout algérien, je n’ai aucune leçon de morale à recevoir des Français », a-t-il lancé, ne cachant rien de sa haine pour l'ancienne puissance coloniale.

L’instrumentalisation du passé

Ce n’est pas la première fois que le ressentiment antifrançais sert de carburant au terrorisme. L’Histoire de notre pays est régulièrement brandie pour justifier des atrocités. Souvenez-vous : en février 2024, un Malien avait fait plusieurs blessés lors d’une attaque au couteau à la gare de Lyon. On avait, ensuite, découvert de nombreuses vidéos, que l’assaillant avait postées sur les réseaux sociaux, dans lesquelles il crachait sa haine de la France. « Je n’aime pas la France, je déteste tous les Français », y jurait-il, face caméra. « C’est les Français qui m’ont ôté ma dignité. Ce sont les Français qui ont pris en otage mes grands-parents pour l’esclavage. […] Vous êtes rentrés dans le continent africain illégalement pour les ressources, [avez] maltraité les gens, violé les femmes, assassiné les petits-enfants, enlevé les organes des enfants, volé nos biens matériels financiers. » « L’attaque est la meilleure des défenses », ajoutait-il encore, présentant sa tentative d’assassinat comme une riposte légitime.

Pourquoi les Français d’aujourd’hui devraient-ils payer de leur sang les crimes qu’auraient prétendument commis leurs ancêtres ? À cette question, les terroristes n’apportent pas de réponse. Et, par ailleurs, en quel honneur les autres peuples seraient-ils, eux, absous de leur passé colonial ou esclavagiste ? Du sultanat d’Oman à la Tunisie, en passant par le Maroc et l’Arabie saoudite, la traite d’êtres humains fut pratiquée à grande échelle dans le monde arabe pendant des siècles et se poursuit encore aujourd’hui dans certains pays. Mais il semble que seule l’Europe – et la France, en particulier – est sommée de battre sa coulpe et payer pour ses torts passés.

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Et notre Président est allé s’humilier à Alger , papouilles et bisous , prosternations , léchage de babouches , et on va avoir des milliers de visas en plus pour les Algériens , des centaines de Mohamed M . , à venir .

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