Au fait, qui est l’inventeur de la devise des Jeux olympiques ?

père didon

Si Pierre de Coubertin est à l’origine des Jeux olympiques des temps modernes, l’entière paternité de ces derniers ne peut pas lui être attribuée. Ainsi, c’est dans l’esprit d’un religieux français, le père Henri Didon, que la devise « Citius, Altius, Fortius » (« Plus vite, plus haut, plus fort ») naquit en 1890. Devise qui est celle de nos Jeux olympiques et non pas, comme on pourrait le penser, la phrase attribuée à Coubertin : « L'important, c'est de participer. » Si nous ne pouvons qu’être fiers de cela à l’approche des prochains Jeux en France, comment un homme de Dieu a-t-il pu créer cette devise qui transcende aujourd’hui les religions et les nations ?

Du stade à l’église

C’est au pied des Alpes, dans le petit village de Touvet dans l’Isère, que nait Henri Didon, il y a 184 ans, le 17 mars 1840. Entrant au petit séminaire du Rondeau, à Grenoble, à l’âge de 8 ans, il y découvre la joie du sport et du dépassement de soi. En effet, l’établissement organise ses propres Jeux olympiques depuis 1832 auxquels participe le jeune Henri. Seulement, son destin n’est pas de porter une tenue de sport dans un stade mais bien celui de revêtir la tenue d’un dominicain dans une église. Recevant l’appel du Ciel et prenant l’habit sous le nom de frère Martin, il est ensuite ordonné prêtre.

De l’église à l’école

Prédicateur de talent et grand pédagogue, il se fait rapidement connaître en France et même au-delà de nos frontières pour ses prêches célèbres. Malheureusement, ses paroles ne plaisent pas à tous. Républicain de cœur, il s’attire les foudres des plus réactionnaires qui l’accusent d’être un traître à sa soutane mais aussi de ne pas respecter la hiérarchie ecclésiastique. Afin de l’écarter un peu, on lui confie la charge de proviseur et de prieur du collège Albert-le-Grand d’Arcueil, en 1890. À la tête de l’établissement, Henri Didon participe à de nombreux voyages organisés dans toute l’Europe afin de faire découvrir le continent aux élèves. Frère Martin profite aussi de sa charge pour organiser des jeux sportifs afin de faire découvrir à ses écoliers, dont un certain Sacha Guitry, cette joie qu’il avait lui-même connue étant enfant. Cette idée le fait alors rencontrer quelques personnalités du monde du sport, dont Pierre de Coubertin.

De l’école au stade

Le fondateur des Jeux olympiques modernes trouve en ce dominicain une aide précieuse dans son projet de faire renaître les jeux antiques. Selon Alain Arvin-Bérod, dans son ouvrage L'Empreinte de Joinville, racontant 150 ans de sport, par leur partenariat, « Didon avec Coubertin cherche cette réconciliation entre la compétition et le respect, la foi et la modernité, entre la tradition et le progrès, l’antique et le futur ». Les deux comparses vont alors organiser des compétitions entre les écoles religieuses et laïques. Pour cela, le moine dote son établissement d’une bannière et d’une devise, « Citius, Altius, Fortius » : « Plus vite, plus haut, plus fort. » Pierre de Coubertin la reprend en 1894 comme devise officielle pour les Jeux olympiques. Cette dernière resta inchangée jusqu’en 2021, lorsqu’elle fut modifiée par le rajout du mot latin Communiter, qui veut dire « ensemble ».

Le 13 mars 1900, à l'âge de 59 ans, le père Didon meurt à Toulouse alors qu'il se rendait à Rome. Avant d’être enterré à Cachan, dans le cimetière des dominicains, les funérailles d’Henri Didon rassembleront une foule immense. Comme un ultime hommage, un dernier signe de reconnaissance, mais aussi comme un bref résumé de sa vie, une gerbe fut posée sur sa tombe avec, pour inscription : « Pour ce moine républicain qui a tant fait pour le sport. »

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

7 commentaires

  1. Merci de nous avoir fait (re) découvrir un de ces messagers du Christ ignoré (oublié), dynamique, combatif, moderne, intelligent et au grand coeur: Hélas, ils sont (et ils étaient) un certain nombre, discrets et modestes, connus seulement de ceux qui les ont approchés, rayonnant de la foi et de l’inspiration divine, graines semées au long des siècles (récents), étincelles dont on attend impatiemment l’embrasement final de la Vérité et du combat contre le diable protéiforme.

  2. Ne dites pas à Melanchon qu’un homme d’Églises a participé à la création des jeux olympiques, il les ferais boycotter. Espérons que cette réussite française, à dimension planétaire ne sera pas saccagé par un stagiaire de l’Élysée.

  3. Merci pour cette information et de constater que tout a démarré dans ce pays avec un prêtre chrétien .

    • Mais si je suis athée ferme et convaincu il est évident que les chrétiens malgré quelques malheureux travers on participé grandement à faire ce que la France est devenus et ailleurs dans le monde sauf que la secte d’amour et de paix aura fait jusqu’ici le contraire.

  4. Merci pour le rappel de ces faits et cet hommage à cet homme de Dieu que j’ignorai. Toujours un plaisir de vous lire.

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