[Au fil de l’eau] La censure, vite !

assemblée nationale
« C’est pas moi, c’est ma sœur, qu’a cassé la machine à vapeur… » Cette ritournelle de cour de récréation sert de communication au gouvernement depuis l’annonce, ce jeudi 16 mars, de recourir à l’article 49.3 de la Constitution. C’est la faute, paraît-il, de la brutalité des extrêmes et de la capacité des Républicains à vivre en cohérence avec leurs propres choix.
C’est même pire : les membres du gouvernement expliquent qu’aucun autre texte n’était possible au nom des équilibres budgétaires - on est prié de ne pas rire ! Et encore que le recours à l’article 49.3 n’est pas un échec… Et que sur le reste, le gouvernement est évidemment irréprochable sur toute la ligne, et depuis le début. Il faut être aveugle comme un ministre en exercice pour ne pas voir ce que le pays ressent : la colère générale face aux multiples manipulations, contradictions, manifestations d’amateurisme et mensonges dont nous avons été abreuvés à jet continu.
Dans quelques jours, l’Assemblée nationale se prononcera sur une motion de censure. Nous souhaitons ardemment qu’elle soit adoptée, aucune des objections à cette perspective ne nous paraissant convaincante.
On entend d’abord qu’il ne faudrait pas ajouter une crise institutionnelle à la crise sociale. Mais n’est-ce pas plutôt la crise institutionnelle qui est une des principales causes de cette crise sociale ? N’est-ce pas la méthode de gouvernement et le style personnel de l’exécutif qui ont plongé des Français dans la colère ? N’est-ce pas l’impossibilité, pour les contre-pouvoirs, de résister à la concentration excessive de l’autorité présidentielle qui est problématique ? N’y a-t-il pas, en cette circonstance si grave, une obligation à adresser à l’exécutif un signal fort d’opposition, fût-il brutal ?
On entend également que le gouvernement étant censuré, le chaos s’installerait dans notre pays. Au contraire, une telle censure serait de nature à laisser un peu d’oxygène à des Français épuisés et qui attendent désespérément des actes forts de la part de la représentation nationale.
On entend, ensuite, que les députés ne voteront pas majoritairement, un certain nombre d’entre eux étant inquiets de devoir retourner devant leurs électeurs. Mais est-on certain que, même chez les électeurs des Républicains, ce sentiment de ras-le-bol à l’égard de l’exécutif n’attend pas une expression représentative énergique ? De sorte que la thèse inverse peut être défendue : beaucoup d’électeurs, excédés, sauront gré à leur député d’avoir sanctionné ce gouvernement incapable et s’en souviendront au moment de revoter pour leur candidat.
Ensuite, on ne voit pas très bien pourquoi la censure du gouvernement puis la dissolution de l’Assemblée nationale installeraient le désordre. Ne serions-nous pas dans un cadre parfaitement défini par les institutions, dont la solidité force le respect ? Les Français, certains qu’ils auraient l’occasion de prendre la parole dans le cadre d’une élection législative générale, seraient alors à même d’exprimer leur mécontentement, non pas dans la rue, mais dans les urnes : qui peut prétendre qu’on ne peut pas préférer cette solution ?
Enfin, que vaut la mise en garde selon laquelle on ne peut voter une motion de censure que si l’on est capable de proposer une solution de rechange ? Rien. La composition d’un gouvernement et la définition de sa politique générale ne relèvent pas du Parlement. Les crises profondes qui blessent notre pays appellent à l’évidence un changement radical de politique et de style. Malheureusement, le seul moyen de l’obtenir du chef de l’État consiste à lui « tordre le bras » en utilisant les leviers à la disposition du Parlement, dont c’est la première responsabilité. Aujourd’hui plus que jamais. Que le Parlement sanctionne ce gouvernement, il sera bien temps de voir ensuite.
On se prend à imaginer ce qui aurait suivi un rejet du texte sur les retraites par un Parlement appelé à voter normalement. C’était pourtant le seul moyen de faire s’apaiser les tensions, et que le pays passe à autre chose. Pour n’avoir pas voulu affronter la logique institutionnelle jusqu’au bout, et perdre en n’ayant pas réussi à rassembler une majorité, le Président et le gouvernement accroissent la crise. La seule « promesse » de campagne du candidat Macron a du plomb dans les deux ailes, et faute d’avoir convaincu pendant les campagnes électorales de 2022, l’exécutif est incapable de mener le Parlement et le peuple français autrement qu’au martinet : cela n’a-t-il pas que trop duré ?
Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 19/03/2023 à 13:34.
Jean-Frédéric Poisson
Jean-Frédéric Poisson
Ancien député des Yvelines, président de VIA - La Voie du Peuple

Vos commentaires

38 commentaires

  1. A quoi bon s’acharner contre Borne et son gouvernement ? Ils ne sont que les exécutants des consignes de Macron. Renverser le gouvernement ? Quel intérêt ! Macron en produira un autre, de la même envergure, à ses ordres. Si les français souhaitent de l’efficacité, c’est Macron le déconstructeur qu’il faut extraire du pouvoir. A ce jour, 28 % des français en sont satisfaits. Son noyau dur, 25 à 30 % des électeurs. Croyez-vous qu’un changement de gouvernement durcira la politique migratoire, redressera l’Education Nationale, l’agriculture, l’industrie ? Vous rêvez . Le ver est dans la pomme. Si les français le laissent prospérer, la pomme pourrira entièrement.

  2. Que ce macron et son gouvernement dégagent au plus vite ….que du mal pour notre pays et dans tous les domaines …trop de dettes ,de censures ,d’interdictions ,de sanctions pour les uns ,,,pas de dictature …ni de provocations .

  3. Le gouvernement a raison, ce qui serait un échec, c’est l’échec de la motion de censure, seule possibilité offerte au Parlement pour se débarrasser de ce gouvernement nauséabond. Chiche. Nous allons voir qui est réellement courageux.

    • Mais les médias se chargent de distiller la propagande pour faire croire que la censure ne peut qu’échouer …

  4. Ils sont marrants, les Français. Ils refusent de prendre la peine d’aller voter (voir les taux d’abstention en hausse aux dernieres élections) et après il descendent dans la rue parce que les gens qu’ils ont laissé élire ne font pas la politique qu’ils voudraient. Prenons le problème des retraites à dont 75% des electeurs ne veulent pas entendre parler : Aux dernières présidentielles, il y avait 2 candidats : l’un avait mis la retraite à 64 ans dans son programme, l’autre s’était déclaré farouchement contre. Ils ont voté pour, ou laissé élire le premier parce qu’on leur a seriné, et ils l’ont cru, qu’avec le second ce serait le Chao. Au résultat, aujourd’hui, ils ont la retraite à 64 ans ET le Chao… Vous vous rappeler qu’un grand chef dont tout se monde se revendique aujourd’hui, avait dit : les Francais sont des veaux… Un grand visionnaire, lui !

  5. Vous souvenez vous du message gouvernemental au début du covid ? La France est à l’abri.. on a vu la suite.
    On nous ressert le même message pour la solidité des banques : ça fait peur

    • Et le maire qui assurait qu’il allait assécher le rouble! Pitoyable résultat du Mozart de la finance: la quasi faillite de la France avec l’aide de la pseudo présidente de l’Europe qui devrait être démise de sa fonction pour détournement de fonds et haute trahison!

  6. Si les sénateurs LR ne sont pas menacés pour le moment , ils le seront un jour. Le peuple n’oublie jamais les traitres.

  7. motion de censure et démission de ce président fantoche et incapable qui depuis 6 ans détruit la France et nous fait honte à l’étranger !!

  8. macron a semé le désordre, il ne peut pas être celui qui l’arrêtera. Il est le pire président de tous les temps. Pire que Hollande et c’est pas peu dire.
    Pour la retraite il y avait une solution toute simple, proposer des retraites à la carte avec un minimum garanti conséquent , puis ensuite l’augmenté en fonction du nombre d’années travaillées et peu importe ensuite l’âge réel pour prendre cette retraite.
    Tout a déjà été dit sur macron son manque d’empathie, son arrogance, son orgueil, ses addictions, ses déguisements son mépris pour les gueux, rappelez vous de tous ses propos méprisants :
    – Ce fut ça m’en touche une sans faire bouger l’autre
    – les ouvrières des abattoirs qualifiées d’illettrées,
    – les chômeurs sommés de traverser la rue pour trouver du travail,
    – ces « gens qui ne sont rien » que l’on croise dans les gares,
    – les non-vaccinés qu’il avait très envie d’emmerder !
    – la culture française dont il nia l’existence !
    Il y a aussi les Français pris dans leur ensemble et les Pieds-noirs en particulier, qu’il a gravement calomniés, en qualifiant la colonisation de crime contre l’humanité !
    macron est un narcissique qui n’aime que lui-même.

    • Guillaume Bigot (politologue) fait une excellente analyse de Macron, en décrivant au préalable le fonctionnement d’une grande entreprise, qui consiste en un objectif de rentabilité décidé par un conseil d’administration dans lequel l’avis des salariés ne compte pas, ce qui est parfaitement logique. Il poursuit sur la politique de Macron, dont chacun sait qu’il est formaté par ce schéma, qui se calque donc sur le fonctionnement d’une multinationale. Le conseil d’administration est en l’occurrence remplacé par la commission européenne, Macron n’étant qu’un pantin servile œuvrant principalement pour ses dirigeants aux fins d’obtenir une promotion au sein de cette entité et accessoirement feignant de s’intéresser au peuple par le biais d’une hyper communication bardée de poncifs enrobés de termes assez incompréhensibles pour le citoyen lambda, « la rente mémorielle » en est un exemple typique. Nous sommes donc effectivement administrés, par un personnage sorti politiquement de nulle part mais bel et bien propulsé par une caste regroupant des grands patrons et des intellos profiteurs. Cela à un nom « La commission Attali »

  9. Au mythe de la république irréprochable a succédé la réalité d’une république avilie par un recul de la déontologie et de l’éthique. L’Etat n’est représenté que par des élus et hauts fonctionnaires sans empathie, égoïstes, déconnectés de toute réalité qui nous font croire qu’ils travaillent pour le bien de la nation, mais il ne fait aucun doute que le discours politique est destiné à donner aux mensonges l’accent de la vérité sachant qu’un peuple de moutons finit par engendrer un gouvernement de loups.

  10. « C ‘est la faute , parait il de la brutalité des extrêmes  » ….de gauche , oui mais pas de droite puisque les RN ont été critiqués par Borne pour leur molesse ! quant aux LR , la cohérence n ‘est pas un mot qui leur convient ;
    Mais en effet , l ‘ heure est arrivé de donner un bon coup de balai à cet excutif en dessous de tout .

  11. La stupidité du parti prétendu de gouvernement nommé LR est particulièrement sidérante, au sénat la vieille garde bien au chaud dans leurs sièges non menacés, se sont couchés devant la macronnie, en revanche leur confrères à l’assemblée, tremblant d’effroi pour leur mandat qu’ils perdraient face à des électeurs exaspérés, ont provoqué la couardise du gouvernement. Cette friche de droite pourrait fort bien dans les prochaines échéances regarder avec nostalgie, le score de leur championne en avril dernier. Ils ont pourtant avec ce tumulte provoqué par Macron lui même, l’opportunité de réaliser un coup politique d’ampleur en votant la censure, d’une part provoquant la chute du pouvoir en place et d’autre part redorant leur blason, le bénéfice engrangé par cette manœuvre politicienne serait considérable puisqu’ils auraient la part belle de revendiquer le rejet de la réforme et le rétablissement de la paix publique.

    • Les LR ne sont pas des stratèges. On a vu, aux dernières élections, que les élus (Président ou députés) ne l’ont pas été sur leur programme mais par peur du RN. Les LR, en se positionnant franchement dans l’opposition et en votant la censure, auraient eu une chance de redorer leur blason et de faire « rentrer au bercail » ceux qui ont voté pour l’extrême droite par dépit et non par adhesion, parce qu’il n’y a plu de vrai droite.
      Au lieu de ça, par leur attitude, il perdent de plus en plus de militants qui vont gonfler les rangs du RN… On ne peut pas être plus intelligent… Si en 2017, ils avaient faire front pour autour de Fillon pour lutter contre le véritable coup monté qui le visait, cela aurait rassuré la base et ils seraient au pouvoir aujourd’hui. Au lieu de cela, les Bertrand, Pecresse, Juppé et consort on voulu jouer le « chacun pour soi » , semant ainsi le doute chez les electeurs qui soit se sont abstenus, soit ont voté ailleurs… On voit maintenant, avec Juppe « refugié en pantoufles » au Conseil Constitutionnel, Bertrand salement viré dès les primaires LR pour la présidentielle, et les 4% de Pecresse, ce que cette strategie leur a rapporté… mais, ça ne fait rien… Ils continuent…

  12. Le scrutin sera très serré : Quelques abstentions, voire quelques votes pour la censure peuvent se produire dans l’attelage (bancal) macronien, Quel député LR prendra le risque, devant ses électeurs, d’être celui qui aura permis au gouvernement des nuisibles de la macronie de se maintenir ? Avez vous pensé à cela MM les chapeaux à plume ?

    • Je crois que s’abstenir ou voter contre la censure c’est pareil. J’ai cru comprendre qu’il fallait la majorité des députés (et non des suffrages exprimés) pour que la censure passe…

  13. Bravo monsieur Poisson. Je vous rejoins dans votre analyse. En effet, il est trop facile de dire que la motion de censure ne passera pas. Pour éviter le chaos, seule la convocation du peuple dans les urnes sera la solution pour que la France puisse repartir. Seuls les députés ayant eu le courage de s’opposer à ce gouvernement serons sûr de garder leur siège. Le mensonge n’a que trop duré et la majorité des Français ne l’ignore plus.

    • En tous les cas, il l’a bien détériorée et tout à fait inutilement, sauf faire plaisir aux E.U. via l’U.E.

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