[Au fil de l’eau] Loi Immigration rejetée : Ah, voilà la crise !

Les Français ne veulent pas mettre fin à l’immigration illégale, ils veulent mettre fin à l’immigration tout court.
DARMANIN

L’Assemblée nationale a donc rejeté le projet de loi sur l’immigration. Ce fait est suffisamment rare dans la vie de nos institutions pour être signalé. Le précédent remonte à 1998 la proposition de loi instaurant le PACS avait fait l’objet du même traitement. A l’époque, la majorité socialiste, peut encline à soutenir ce texte, avait déserté l’hémicycle. Le vote de cette motion, alors, traduisait certes un malaise, mais certainement pas une crise politique identique à celle que nous connaissons depuis ce soir.

La fin de l’exercice

C’est d’abord la fin de l’exercice : celui d’une majorité relative prétendument capable de légiférer normalement dans la durée. Beaucoup pensaient que cet exercice d’équilibrisme permanent entre des groupes minoritaires neutralisés pouvait durer encore longtemps. C’était sans compter sur l’exaspération des Français et l’incapacité du gouvernement à proposer des textes clairs. Au-delà des effets de manche, ce texte ne proposait en effet rien de décisif. Dès lors que l’on ne rétablit pas, le délit de séjour irrégulier sur le territoire pour les clandestins, d’une part, et d’autre part que l’on ne met pas fin au regroupement familial, on ne règle rien. Il faudrait enfin suspendre, au moins pour un temps, l’acquisition de la nationalité française par le droit du sol, et mettre fin de manière désormais systématique à toutes les régularisation d’immigrants sans titre de séjour. Rien de tout cela ne figurait dans ce texte qui n’avait d’ailleurs pas l’intention de régler au fond la question migratoire. Les Français ne veulent pas mettre fin à l’immigration illégale, ils veulent mettre fin à l’immigration tout court.

Mais, d’une certaine manière, l’essentiel n’est pas là. Quelques minutes après le rejet du texte par l’Assemblée nationale, des commentateurs ont choisi de vilipender les parlementaires, qui, paraît-il, ignorent les difficultés quotidiennes des Français au point de refuser un débat sur un texte essentiel. Les défenseurs d’Emmanuel Macron et de son gouvernement, prétendaient, quant à eux, que le rejet de ce texte signalait purement et simplement un déni de démocratie. En somme, une illustration supplémentaire de la politicaillerie.

Censure du gouvernement

C’est bien mal connaître le fonctionnement de nos institutions, ainsi que le contenu du texte proposé par le gouvernement. Bien sûr qu’une motion de rejet préalable est un acte politique. Évidemment, qu’en la circonstance, l’union des différentes oppositions contre la majorité relative est une forme de censure du gouvernement qui ne dit pas son nom. Les oppositions, en plus de leur désaccord sur le fond du texte, ont voulu signifier une forme de congé au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur. Autant dire au gouvernement dans son ensemble, faute de pouvoir atteindre directement le chef de l’État. Fallait-il profiter de cette occasion, quelque soit le sujet à débattre, pour envoyer cette énorme coup de semonce ? Bien entendu que oui, dans la mesure où rien de décisif ne s’apprêtait à sortir de ce texte de loi. La motion de rejet fait partie de nos institutions. Elle est un droit constitutionnel du Parlement, et parfaitement prévu par le règlements intérieur de l’Assemblée. Contrairement à ce que prétendait ce matin et ce week-end, le ministre de l’Intérieur, il n’y avait aucune espèce de déni de démocratie à l’adopter. On pourrait d’ailleurs rappeler à Monsieur Darmanin le nombre de motions de rejet qu’il a votées alors qu’il était député de l’opposition ! C’est bien connu : « la démocratie, c’est quand on est d’accord avec moi ».

Et je m’esclaffe en entendant les députés de la Macronie expliquer que le plus grand scandale de cette motion est que les oppositions sont incapables de constituer une majorité de gouvernement ! Faut-il rappeler à ces parlementaires inconséquents que la constitution d'une majorité relève de la responsabilité présidentielle, et certainement pas de celle du parlement ?

La seule chose certaine, désormais, c’est que le ministre de l’Intérieur peut ranger au placard pour un moment, ses ambitions d’entrée, un jour à Matignon. Une chose est moins certaine, mais se profile désormais. Il ne reste plus qu’une cartouche au chef de l’État : la dissolution de l’Assemblée nationale. Les graves crises, multiformes et nombreuses, que connaît notre pays ne devraient pas permettre d’attendre davantage qu’une véritable majorité de gouvernement soit nouvellement choisie par le peuple français. Le président de la République a peut-être encore le temps de faire sans, la France non.

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Jean-Frédéric Poisson
Ancien député des Yvelines, président de VIA - La Voie du Peuple

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Il est très probable qu’Emmanuel MACRON ne dissolve jamais. Il va lancer une opération de séduction sur les Républicains assortie de petites manoeuvres politiciennes pour agiter, une fois encore, l’épouvantail de l’extrême droite…

  2. OUF raz le bol de ce menteur de Darmanin, quand donc va t il comprendre que les Français ne veulent plus d’immigration, ne veulent plus du droit de sol, ne veulent plus de l’AME, ne veulent plus du rapprochement familial, les Français n’en peuvent plus de cette insécurité qui règne dans tout notre sol,
    La macronie doit mourir, la macronie doit s’éteindre, la macronie doit disparaitre à tout jamais de notre horizon, Macron en tête.

  3. Non seulement il échoue sur tout ce qu’il entreprend, mais, cet arrogant ministre de l’intérieur, en visite ce matin dans un commissariat de police, n’hésite pas à prétendre effrontément que « les sondages prouvent que la grande majorité des français approuvaient le texte rejeté ».
    De toute évidence, il n’a rien compris ce soldat de la macronie.
    En reprenant des propos qu’il ne manque pas de tenir à l’endroit de ses interlocuteurs, on a envie de le rassurer en lui lançant « t’inquiète, ça va bien se passer »…
    CQFD

  4. Un certain nombre de formations sont prêtes à un gouvernement de cohabitation : c’est bien pour ça que Macron n’ira jamais à la dissolution. L’étape suivante pour l’opposition est le vote de la censure du gouvernement. La gauche olfactive (LR inclus) franchira t’elle le pas?

  5. Le seul déni de démocratie est le fait que ce gouvernement insiste à n’en faire qu’à sa tête ignorant les volontés du peuple qu’il est censé représenter. Ce texte de toute façon ne règlerait pas grand-chose en raison des institutions européennes et de l’interprétation des juges. Macron n’a aucune volonté de changer quoique ce soit, il est immigrationniste et restera toujours immigrationniste, il se moque complètement du menu peuple car il est persuadé que lui seul détient la vérité.

  6. A t-on jamais vu un ministre mentir aussi effrontément aux français ? A tel point que lorsque je passe devant mon écran de télévision alors qu’il parle, je fais un écart de peur de heurter son nez qui s’allonge, qui s’allonge qui s’allonge….comme celui de Pinocchio qui doit être son signe astrologique. Classe politique sans classe, sans honneur ! Quel dégoût !

  7. « Il ne reste plus qu’une cartouche au chef de l’État : la dissolution de l’Assemblée nationale » . Ce n’est pas du tout ce que les Français attendent . Qu »il garde sa cartouche pour se suicider si il le désire ! Ce que les Français attendent , c’est le « Départ » de l’énergumène en question , rien d’autre .

    •  » Ce que les Français attendent » Et les Français que font ils pour gagner ce qu’ils veulent obtenir ? Que font ils pour s’exprimer, pour voter, pour agir, pour travailler. Comme le dit Frédéric Poisson, les commentateurs hier soir autout de Laurence Ferrari étaient débiles. Ce projet de LOI était débile. Comme cela est très bien dit dans cet article. La véritable action efficace c’est celle qui vise à faire tomber le gouvernement et Macron avec les quels RIEN de bon ne peut se faire. Il faut féliciter les LR et le RN d’avoir compris qu’il fallait faire AVEC les institutions et ne pas hésiter à s’engager sur la voie qui mène à la chute du gouvernement, à la dissolution de l’Assemblée, à une cohabitation, peut être à un référendum et qui sait à une démission de Macron. Sans parler du tsunami qui s’annonce pour les européennes en France et dans toute l’Europe. Ce tsunami il aura d’autant plus lieu que, précisément, le parti macroniste n’aura pas été « conforté » par une approbation de son projet, débile, n’hésitons pas à le redire.

      • A mon avis il ne dissoudra pas l’Assemblée mais retirer totalement le projet de loi. Il s’accroche car il faut qu’il parade pour les JO et Notre Dame!! l’intelligence au service du mal et de la créolisation !!!

    • si seulement vous pouviez avoir raison ! mais pour cela, il faut comme on dit « en avoir dans le pantalon » ce qui est très loin d’être le cas !

  8. Darmanin:  » vous refusez le débat », des amendements ont été apportés par le Sénat… tous refusés, vous parlez de débat!

  9. Immigration ZERO, sauf exceptions dans l’intérêt du pays voilà en effet la seule perspective retenue par la majorité des Français ;avec un  » F ».
    Je ne compte pas les français de papier, ni les gauchos-islamo-collabos.

  10. Darmanin paie son usage habituel de la taqiya. On ne peut pas mentir toute sa vie.
    M. Poisson estime que la dissolution est inévitable. Si seulement ! Mais le président resterait en place et c’est lui qui a la clé des référendums. Tant que nous ne pourrons pas voter la fin de l’immigration, nous resterons quasiment impuissants.

    • Une majorité de dhimmis couchés devant les musulmans. C’est leur point commun à tous. Ils ont peur d’être menacés, comme l’est le maire de Roman.

  11. « Déni de démocratie » !! la motion de rejet , prévue dans la constitution, et pour la première fois invoquée contre vingt 49-3 déposés par ce gouvernement, passant outre les débats de l’Assemblée !! Cherchez l’erreur.

  12. Les socialistes ne pèsent plus grand chose, mais les socialistes jureurs du Parti Renaissance ont détricoté le texte du Sénat, il portent une grande responsabilité dans le fiasco actuel. Bien que faibles, les socialistes ont gardé leur capacité de nuisance. Tout cela avec la bénédiction de Macron.

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